Une trame en bois qui s’élève vers le ciel

Le bureau d’architectes GayMenzel a imaginé les contours sculpturaux de la nouvelle halle de vente et de stockage de la Société Hasler + Co SA. Situé à l’entrée Sud de la ville de Monthey, dans la zone industrielle, le bâtiment se distingue de ses voisins par sa charpente bois et sa volumétrie travaillée.

La plupart des bâtiments industriels érigés le long de la route cantonale menant à la ville valaisanne sont rectangulaires. Des volumes classiques et fonctionnels, en somme, qui se sont implantés ces dernières décennies dans toute la plaine du Rhône. La découverte de la nouvelle halle actuellement en chantier est d’autant plus surprenante. A proximité d’un stade de football et d’un champ de maïs, ce bâtiment étroit s’étend vers le coteau de Choëx. Aucune de ses façades n’est verticale. Son enveloppe argentée et sa forme lui procurent légèreté et modernité. Ce beau projet en phase de réalisation est la nouvelle halle de vente et de stockage de la société Hasler + Co SA Monthey, spécialisée dans la quincaillerie, l’outillage, les ferrements ou encore les équipements de la protection au travail. Parallèlement à l’assortiment usuel de la branche, la succursale montheysanne, totalisant une vingtaine de collaborateurs, commercialise également du verre, des tuyaux de poêle et du gaz. La maison mère de cette entreprise familiale de Winterthour est aux mains de la famille Hasler depuis cinq générations, dirigée aujourd’hui par Christof Hasler.

L’œuvre d’un bureau d’architectes

On se rend vite compte en admirant la halle en chantier et en découvrant la complexité de ce bâtiment qu’il s’agit là de l’œuvre d’un bureau d’architectes. Ce projet est un des premiers du bureau GayMenzel à Monthey formé par Götz Menzel et Catherine Gay Menzel. Un bureau local, certes, mais dirigé par deux quadragénaires qui ont œuvré bien au-delà du Chablais et de la Suisse auparavant. En 2009, ils rejoignent le bureau Roland Gay Architecte FAS SIA, qu’ils reprennent officiellement début 2013 sous le nom de GayMenzel.

Une nouvelle construction s’estimposée

Souhaitant rénover son ancienne halle de vente, la Société Hasler en a confié le mandat au bureau montheysan. L’étude de faisabilité de la rénovation a révélé un coût trop important, dû à la mise aux normes thermiques et de protection incendie. La construction d’une nouvelle halle s’est donc imposée, avec le choix d’un nouveau site, offrant une plus grande présence visuelle et commerciale. Le vaste terrain permet la construction d’un bâtiment de grande envergure de 1700 m2, sur un seul niveau, compte tenu de son programme de vente. Pour tirer profit de cette parcelle relativement étroite, et tout en assurant des places de parc de chaque côté du site, les architectes ont imaginé une halle de 20 mètres de large sur 92 mètres de long. Le pignon Nord est orienté sur la route cantonale, le côté Sud sur une pente boisée escarpée. Les deux tiers de la surface au sol du bâtiment côté route sont dédiés à la vente, le dernier tiers est destiné au stockage ou à la location.

Un édifice fonctionnel

Le programme comprend 180 m2 de locaux administratifs et de services. Pour maximiser la surface de vente, les bureaux, la salle de conférence et la cafétéria sont placés à l’étage. Ce dernier prend la forme de deux excroissances de la toiture. «Les surélévations, qui sont diagonalement décalées en plan, permettent également un apport de lumière naturelle. La plus grande offre des vides lumineux sur l’espace de vente et abrite les bureaux, tandis que la petite est reliée sur toute sa longueur avec le rez-de-chaussée. Une dalle en bois pourrait y être intégrée dans le futur, permettant la création d’espaces secondaires supplémentaires», détaille Götz Menzel.

Le vide à l’entrée, visible depuis la route cantonale, est inattendu pour une halle industrielle et fait office d’espace d’exposition. Le Maître d’ouvrage pourra y disposer des machines ou autres produits proposés à la vente. La face intérieure de l’enveloppe est peinte en bleu clair, ce qui apporte une certaine fraîcheur à la charpente. Le Maître d’ouvrage souhaite un édifice fonctionnel, économique et spacieux, dans lequel le programme peut être réparti avec générosité. Ainsi, «l’architecture de la halle est sculpturale, mais simple. Les principaux thèmes abordés sont la structure et l’enveloppe, qui créent l’espace et la forme» explique Götz Menzel.

L’architecte et l’ingénieur ont d’emblée préconisé une construction avec une charpente en métal et un bardage en panneau sandwich. Dans un deuxième temps, le Maître d’ouvrage a souhaité réaliser une charpente bois. «Nous avons donc repensé le projet pour traduire la charpente acier en bois de manière à ce que ce matériau puisse refléter ses codes et répondre aux contraintes de la statique bois. Dans ce processus la géométrie extérieure de la structure n’a pas changé. Le caractère d’une extrusion qui change de profil sur la longueur de la halle a été maintenu. A l’intérieur, pourtant, nous avons dédoublé les poteaux pour faciliter les raccords acier bois de la structure. Ainsi, on réduit également la portée et on arrive à rendre la charpente plus rigide et stable», note Götz Menzel. Cette charpente définit une forme lisse à l’extérieur, ainsi qu’un espace riche et complexe à l’intérieur. «La densité de la structure avec ses fermes et ses pannes, ainsi que ses poteaux en forme de «V», devient l’acteur principal de la sensation de l’espace. Le dimensionnement de la structure correspond aux calculs de l’ingénieur de la construction en bois, avec peu d’intervention de la part de l’architecte, afin de maintenir une certaine immédiateté de la structure», précise encore l’auteur du projet. Toutes les pièces préfabriquées de la charpente en lamellé collé sapin sont assemblées au sol puis levées et fixées sur un radier en béton avec des remontées latérales de 50 cm. Les assemblages acier, qui reprennent les contreventements, sont noyés dans le béton, répartis à trois endroits stratégiques sur la longueur de la halle. Lorsque quatre fermes sont assemblées et reliées avec les pannes, le soudage des pieds des fermes prend place. «Comme il n’y a pas de portée gigantesque, le défi de la charpente résidait plutôt au niveau de la complexité des raccords en raison de la diversité des géométries», relève l’architecte.

Vingt-cinq fenêtres

Les auteurs du projet ont souhaité une continuité de l’enveloppe: le même panneau sandwich est installé sur les façades et sur la toiture. La «peau» de couleur aluminium clair recouvre l’ossature du bâtiment comme un textile. Chaque pan de toiture ou de façade réfléchit différemment la lumière. Par le choix d’une surface métallisée cet effet est amplifié : selon l’intensité de réflexion, les faces seront blanches, gris clair, gris foncé, ou deviendront même des miroirs, mettant en évidence la forme prismatique du bâtiment et offrant une image toujours différente. Le défi de la façade concerne l’étanchéité des ouvertures dans les surfaces inclinées. Les architectes ont prévu une solution avec des éléments standards adaptés: des embases d’une profondeur de 35 cm sont montées à l’atelier dans les panneaux sandwich sur lesquels seront fixées des fenêtres Velux. Vingt-cinq fenêtres s’exprimeront légèrement à l’extérieur du bardage. Des marquises motorisées par des cellules solaires feront office de protection contre le réchauffement solaire.

Le chantier a débuté en mars 2013 par des travaux de fondation assez conséquents. Afin d’égaliser le terrain qui présentait environ un mètre de dénivelé et de résoudre quelques problèmes liés à la qualité du sol, le radier a été partiellement renforcé. Dès le mois d’août, une fois les travaux de maçonnerie achevés, le montage de la charpente s’est effectué. Six semaines ont été nécessaires pour lever et fixer les dix-sept fermes de la charpente et installer les pannes et contreventements. Actuellement au stade du second œuvre, les travaux seront achevés en avril 2014, avec une inauguration prévue en juin. (Emilie Veillon)