Mont-Rose: L’EPFZ et le Club Alpin Suisse réalisent la «cabane de l’avenir»

L’EPFZ et le Club Alpin Suisse ont élaboré ensemble le concept de la nouvelle cabane du Mont Rose. L’application de technologies avancées, que ce soit en matière de conception, de calcul ou de fabrication, permet de réaliser une construction novatrice du point de vue architectural. Ce projet, mis en œuvre au milieu d’un environnement intact profite d’un paysage exceptionnel encadré par les glaciers du Gorner, de Grenz et du Mont Rose. Il ouvre la voie à une nouvelle forme de construction alpine de haute altitude.

La construction de la Cabane du Mont-Rose, une aventure humaine et un défi technologique racontés par Benoît Aymon (Une cabane dans les étoiles © TSR 2009) Voir le film

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Ce projet marque un nouveau chapitre dans la construction dans les hautes Alpes car il combine une architecture d’avant-garde avec une technologie de pointe. L’EPFZ vise à démontrer la symbiose réussie entre une architecture résolument contemporaine d’une part et le développement durable. Pour le CAS et ses 120000 membres, la construction de la nouvelle cabane signifie une étape importante dans l’histoire des cabanes qui s’étend sur 145 ans. «Nous ne créons non seulement un logement attirant pour les alpinistes au pied de la Pointe Dufour mais aussi un pôle d’attraction pour les amateurs d’architecture et de technologie du monde entier», explique Bruno Lüthi, responsable du marketing des 153 cabanes du CAS.

Expérience importante pour l‘avenir

Le président de la section Mont Rose du CAS, Peter Planche, est convaincu que la construction de la Nouvelle Cabane du Mont Rose influencera de façon durable l’architecture des cabanes alpines. En dehors de l’architecture, la gestion des énergies renouvelables et le concept de base écologique prévalent. Peter Planche est persuadé que des leçons et des données importantes pourront être tirées durant tout le processus de construction, puis aussi dans le cadre de la gestion de la cabane, ceci pour améliorer la construction, la gestion et la maintenance des cabanes futures. Même les constructions en plaines connaîtront un impact positif de cette expérience, estime Meinrad K. Eberle, directeur du projet jubilaire des 150 ans de l’EPFZ, dont la cabane du Mont Rose fait partie. Quant à Ralph Eichler, président de l’EPFZ, il se réjouit que cette construction incorpore la recherche avancée de la haute école zurichoise.

Contribution des étudiants

C’est en 2003 que le professeur Meinrad K. Eberle, a demandé au professeur Andrea Deplazes, du département d’architecture de l’EPFZ, d’élaborer un scénario de planification et d’exécution. Durant le semestre 2003/2004, un «Studio Monte Rosa» a été créé dans le cadre de son cours «Architecture et construction». Sur la base des études menées durant deux ans et en prenant en compte les attentes des futurs utilisateurs, les étudiants ont proposé un projet en forme de cristal de roche. Sur la base de ces travaux, experts et professeurs de l’EPFZ ont ensuite finalisé un projet réalisable du point de vue technique et constructif.

Une architecture qui s’intègre dans le milieu

De l’extérieur, avec son revêtement métallique brillant, le projet ressemble à un cristal de roche, mais ne perd rien de son rôle d’habitation avant tout protectrice. À l’intérieur, le bois ouvre la voie à un dialogue entre modernité, tradition et attraction. L’escalier en cascade, qui relie la salle à manger aux différents étages, s’intègre parfaitement aux paysages spectaculaires dont il semble reproduire les courbes. À l’inverse, les chambres, à l’atmosphère paisible et rassurante, rappellent la fonction originelle des cabanes de montagne.

La nouvelle cabane répondra non seulement aux besoins des hôtes mais aussi à ceux de l’environnement. L’approvisionnement énergétique est conçu de façon à atteindre un degré d’autonomie de 90%.

Construire dans des situations extrêmes

Un chantier en très haute altitude n’est pas une mince affaire, notamment parce que les travaux ne sont possibles que sur une période limitée, à savoir la saison estivale. C’est à la fin de l’été 2008 qu’ont débuté les travaux avec la première étape qui a consisté à ancrer les fondations en acier dans la roche.

Grâce à la technologie numérique, les éléments préfabriqués (murs et plafonds en bois), peuvent directement être assemblés sur le site. L’isolation thermique étant directement intégrée à la structure. La construction sera protégée par un revêtement métallique résistant au vent et à la pluie.

Un tel processus de construction implique des contraintes extrêmement importantes en termes de planification et d’exécution. Le transport des matériaux et des personnes participant au projet doit être planifié de manière très précise, avec une marge minime. Les ressources en électricité et en eau sont limitées et les conditions climatiques difficiles, même si elles font partie du quotidien du randonneur, exigent l’intervention d’un personnel de montage et de direction des travaux spécialisé.

Importants sponsors

Les coûts pour la Cabane du Mont Rose s’élèvent à 6,4 millions de francs selon les estimations de l’année dernière. Cette somme est couverte en grande partie par des sponsors et de nombreux donateurs, le Club Alpin Suisse prenant à sa charge un montant de quelque 2,5 millions de francs.

Holcim (Suisse) SA, qui finance substantiellement cette construction, a fondé la Holcim Foundation qui décerne chaque année les «Holcim Award» pour la construction durable. L’«Holcim Award Bronze 2008» est d’ailleurs revenu à ce projet. EOS, est aussi un des partenaires de la première heure. L’entreprise s’est engagée à privilégier l’efficacité énergétique et l’engagement de nouvelles énergies renouvelables. Enfin, la Confédération, par le biais de l’Office fédéral de l’environnement OFEV, est le troisième donateur principal. Elle supporte le financement de la cabane non seulement parce que le bois indigène est utilisé, mais aussi parce que construire à 2883 m d’altitude démontre que même sous des conditions extrêmes, il est possible de construire de façon durable en ménageant les ressources. (bmg/ek)