Le salage et les poids lourds dégradent les ouvrages
Après un contrôle de ses infrastructures, l’Office fédéral des routes révèle qu’en Suisse, 62 ponts sont en mauvais état, dont 32 en Suisse romande.
Après l’effondrement du pont de Gênes, qui a fait 43 morts, de nombreux pays européen ont lancé des investigations techniques pour vérifier l’état de leurs ponts et viaducs. Selon l’OFROU (office fédéral des routes) 62 ponts suisses méritent des travaux de consolidation, dont 32 en suisse romande. Principalement situés sur l’A1 entre Genève et Lausanne et sur l’A9 entre Martigny et Riddes, la plupart de ces ponts ont été conçus dans les années 50 et datent des années 1960. Mais «il n’y a ni danger pour les usagers, ni risque d’effondrement», rassure les experts.
Les poids-lourds et le salage de déneigement en cause
La construction du premier tronçon d’autoroute Lausanne – Genève avait commencé en 1958, à l’occasion de l’exposition nationale de Lausanne en 1963 et "Evidemment, on n’avait pas dimensionné les routes nationales pour absorber le trafic que l'on connaît aujourd'hui", explique Olivier Floc'hic, porte-parole de l’OFROU. A l’époque la durée de vie des ponts était estimée entre 60 et 80 ans, mais l’invention des poids lourds de 40 tonnes et les opérations de salage pour le déneigement ont prématurément dégradé ces ouvrages.
Catégorie 4: mauvais état
En Suisse, les ponts sont régulièrement surveillés et systématiquement inspectés par l’OFROU en détail tous les 5 ans. Si un ouvrage est défectueux, sa note «catégorie 3» indique qu’il comporte des dégâts d’importance relative, sans danger pour la sécurité, mais qu’il doit faire l’objet d’une surveillance renforcée. La catégorie 4 indique des dégradations importantes, qui n’influence toujours pas la sécurité du trafic mais qui nécessite une intervention à moyen terme.
Un pont fermé en janvier à Bursins (VD)
Ainsi, un pont sous surveillance à Bursins près de Nyon, a dû être fermé d’urgence en janvier car les agents du centre d’entretien situé à proximité ont remarqué que la structure s’effritait, laissant tomber régulièrement des petits gravillons de béton. «A 120 km/h, ça peut faire de gros dégâts", fait remarquer Olivier Floc’hic. En attendant sa démolition, le pont de Bursins a été sécurisé en urgence. Pendant 4 nuits, des équipes ont installé d’immenses filets pour éviter toute chute de béton sur la chaussée. "C'est une mesure tout à fait exceptionnelle parce qu’on n’a jamais eu ce cas de figure ailleurs", explique Marc André Luy, responsable d’exploitation des routes nationales et cantonales pour la région ouest.
Des signes indicateurs bien avant un effondrement
Pour Philippe Menétrey, ingénieur civil spécialisé dans l’inspection des ouvrages d’art, la rupture brutale d’un pont est extrêmement rare. Il y a toujours des signes avant-coureurs observables avant l’effondrement: "il y a des caractéristiques qui montrent que le pont a un comportement auquel on doit faire attention. On peut avoir des flèches, c’est-à-dire un affaissement du pont, on peut observer des fissures, de l’éclatement du béton et des armatures corrodées… Ce sont des signes avant-coureurs qui alertent qu'il faut faire quelque chose. Un ouvrage ne s’effondre pas sans prévenir.»Des travaux ont été planifiés pour assainir le pont reliant Fully à Saxon, classé 4 par l’Ofrou. La Confédération dépense 800 millions de francs chaque année pour l’entretien de ses ponts et viaducs, de quoi rassurer les usagers…