Les centrales nucléaires suisses (presque) à l’abri d’une inondation à la Fukushima
Le bassin de l’Aar représente 43 % du territoire suisse et comprend certaines des régions urbaines les plus densément peuplées du pays. Une étude fournit la base pour évaluer le danger en cas de crues extrêmes, notamment pour les sites des centrales nucléaires de Mühleberg, Gösgen et Beznau.
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L'étude se veut rassurante. Néanmoins en cas de crues extrêmes, comme il peut s'en passer une tous les 100 000 ans, la centrale de Gösgen (SO) pourrait se retrouver 1,15 m sous l’eau. Celle de Beznau (AR) sous 1,1 m. Mühleberg (BE), mise hors service en 2019, sous 1m.
En mars 2011, un tsunami provoquait la catastrophe nucléaire de Fukushima. Suite à cet événement, plusieurs services fédéraux ont décidé d’établir une base uniforme pour l’évaluation du danger en cas de crues extrêmes dans le bassin versant de l’Aar. Avec l’étude « Crues extrêmes de l’Aar », des données sur le danger potentiel pour des crues même lors d’événements rarissimes - jusqu’à une période de retour de 100 000 ans - sont disponibles.
Rien laissé au hasard
L’étude a pris en compte divers facteurs susceptibles
d’influencer le débit de l’Aar, notamment les glissements de terrain, les
embâcles au niveau de ponts provoqués par du bois flottant, l’érosion des
berges, la défaillance de digues ou encore une erreur humaine dans la
régulation des ouvrages d’accumulation. Pour ce faire, on a recouru à des évaluations,
des calculs et des simulations des processus naturels et des défaillances
techniques des ouvrages, en chiffrant les incertitudes dans la mesure du
possible.
Des analyses locales de danger potentiel ont été établies pour les centrales nucléaires de Mühleberg, de Gösgen et de Beznau, le site de l’Institut Paul Scherrer (PSI) à Villigen et le centre de stockage intermédiaire pour déchets radioactifs, ainsi que la ville d’Olten, carrefour d’importantes infrastructures de transports.
Conformité d'ouvrages à revoir
La Confédération a présenté les résultats de l’étude aux
cantons et aux exploitants des infrastructures nationales. Les autorités
compétentes intégreront ces connaissances dans les évaluations des risques et
en tiendront compte lors de la mise en œuvre des mesures de protection contre
les crues. Les niveaux d’eau pertinents pour les analyses de sécurité des
centrales nucléaires sont comparables à ceux des analyses existantes. Il est
toutefois demandé aux exploitants des centrales nucléaires de revoir leurs
analyses de sécurité sur la base de la présente étude. Quant aux exploitants
d’ouvrages d’accumulation, ils devront contrôler, à la lumière des nouvelles
connaissances, la conformité des ouvrages en matière de sécurité en cas de
crues.
Le bassin versant de l’Aar représente 43 % du territoire suisse et comprend certaines des régions urbaines les plus densément peuplées du pays. Outre les cinq sites étudiés, il compte 19 barrages ainsi que des infrastructures de transport nationales.