L’EPFL repousse les limites critiques de la prospection géothermique
Le Laboratoire des sciences de la terre d’Ecublens en est convaincu. La mécanique des roches situées à très grande profondeur produit dix fois plus d’énergie que les centrales forant juste sous la surface. Une machine de laboratoire explore un terrain encore inaccessible aux sondages les plus puissants.
Crédit image: EPFL Alain Herzog
Le chercheur Gabriel Meyer insère l’échantillon de roche dans le cœur de la presse, qui permet d'atteindre des températures de 100°C.
Malgré plusieurs échecs en Suisse romande, la prospection géothermique peut repousser ses limites. Le Laboratoire des sciences de la terre de l’EPFL apporte de nouvelles réponses en explorant en laboratoire de très grandes profondeurs, jamais atteintes dans les projets en cours. Ses chercheurs établissent que les roches situées à 8 km sous la surface sont aussi perméables aux fluides.
Creuser aussi
profond est déjà possible
Pour qu’un gisement géothermique soit productif, il faut de l’eau suffisamment
chaude. Les sondages effectués dans le terrain ont parfois révélé des débits insuffisants
et des températures trop basses. Les chercheurs souhaitent remédier à ces
défauts en allant à de plus grandes profondeurs. Là où les tests du terrain se révèlent
impossibles à mener. Fort heureusement, le puits le plus profond du monde creusé
par l’homme se trouve dans la péninsule russe de Kola, dans l’Arctique. Il
atteint la profondeur de 12 km.
Simulation en
laboratoire
L’EPFL a donc imaginé une nouvelle machine qui étudie le comportement mécanique
des roches situées entre 5 et 8 km sous la surface terrestre. La
conception en laboratoire de ce nouveau type de sondage reproduit les
conditions de pression et de température du sous-sol. Il est désormais possible,
selon les chercheurs, de détecter la présence de réservoirs d’eau de 400 degrés
dans une zone très profonde. De quoi multiplier par dix la quantité d’énergie
extraite par rapport à celle des centrales géothermiques qui forent en surface.
Tests en zone
volcanique
Les premiers tests en terrain de cette nouvelle technique se sont déroulés en zone
volcanique. A très grande profondeur, la roche se déforme de manière homogène,
comme du caramel mou. L’eau n’y est ni liquide ni gazeuse, mais permet l’extraction
d’une plus grande quantité d’énergie. Les chercheurs ont donc étudié le
changement d’état des roches, en pressurant et déformant celles-ci en laboratoire
à l’aide d’un piston. Ils ont constaté que la température et la pression
augmentent progressivement, simulant les conditions visibles à quelques
centaines de mètres à quelques kilomètres sous la croûte terrestre. Ce qui
ouvre d’autres perspectives de recherche dans l’exploitation énergétique du
sol.