Les techniques antiques au secours du réemploi de la pierre de carrière
Les déchets de pierre de carrière peuvent être aisément réutilisés dans la construction d’aujourd’hui, affirment l’EPFL, l’EPFZ et le bureau genevois Archiplein. Les trois partenaires en apportent la preuve par l’acte en réalisant six prototypes de murs selon des procédés datant de l’Antiquité.
Crédit image: EPFL, Salvatore Aprea
Les prototypes de murs ont été réalisés avec une base d’argile, de chaux et de ciment.
La réutilisation des matériaux tient ses lettres de noblesse dans les hautes écoles. Les archives de la construction moderne de l’EPFL et la chaire durable de l’EPFZ viennent d’explorer en compagnie du bureau d’architecture genevois Archiplein les vertus du réemploi de déchets de carrière. Les chercheurs ont ainsi construit six prototypes de murs en se passant de béton armé.
Un programme européen
Archiplein n’en est pas à son premier coup d’essai dans la réutilisation de matériaux
et de techniques de construction oubliées. Distingué par la récente édition de
l’Arc Award de la Documentation suisse du bâtiment, le bureau a collaboré avec
les deux écoles impliquées dans ce projet à au programme européen Circular
Building Industry Booster, qui encourage l’économie circulatoire et l’innovation
dans la construction.
Deux procédés
inverses
La réalisation des prototypes de murs à Lucery-Villars (VD) ouvre ainsi la voie
au réemploi des déchets issus de carrière et à la valorisation des pierres des champs,
explique l’EPFL dans un communiqué. Les chaleurs ont divisé leurs réalisations
en deux groupes pour tester différents procédés et trois types de mortier comme
liant. D’abord, ils ont jeté le mortier dans un coffrage et ensuite les pierres.
Ensuite, il s ont répété l’opération dans le sens inverse, en disposant les
pierres en premier pour être enrobées.
Des murs « cyclopéens »
Les trois types de mortier utilisés dans l’expérience ont eu recours à une faible
teneur en ciment, à l’emploi de chaux et à l’incorporation de terre « non
végétale », donc non cultivable. La grande taille des pierres a invité les
chercheurs à qualifier ces murs de cyclopéens, en référence aux techniques de
construction de l’Antiquité.
Réintroduction
écologique
L’EPFL rappelle que les déchets de pierre de taille sont retravaillés pour être
réemployés. Ce qui provoque une forte dépense énergétique. Le ciment, malgré tous
les efforts consentis par les scientifiques, cuit à une température encore trop
élevée. La recherche de matériaux inertes est aussi problématique. Les chercheurs
souhaitent en fait que les techniques de construction du passé soient réintroduites
pour des raisons écologiques. « Pourquoi ne pas ressusciter des murs bas
carbone, sans armatures d’acier ni adjuvants ?», lance Marlène Leroux, du bureau
Archiplein….