Le « ciel de tissu» du panorama Bourbaki de Lucerne sera remplacé
Le voile textile protégeant le panorama Bourbaki de Lucerne sera entièrement remplacé ces prochaines semaines. Atteinte par l’âge et exposée à des infiltrations d’eau, cette vaste coiffe permet aussi de filtrer la lumière naturelle dans le musée. Les travaux exigent le recours à des cordistes.
Crédit image: Emmanuel Ammon, Agence AURA
Des cordistes s’activent déjà à poser les nouveaux voiles solaires et l’appareil optique qui mettent la peinture circulaire en valeur.
C’est une restauration spectaculaire, tant dans les techniques qu’elle utilise que dans son architecture. Le Musée Bourbaki de Lucerne reçoit ces jours une nouvelle couverture, pour protéger sa célèbre peinture circulaire. Le panorama de l’entrée en 1871 de milliers de soldats français en Suisse par le village neuchâtelois des Verrières est coiffé d’une nouvelle structure textile.
L’armée du général Bourbaki avait préféré l’internement en Suisse au déshonneur d’une capitulation devant l’ennemi germanique victorieux de Napoléon III. Pour les régions jurassiennes limitrophes, l’arrivée de quelque 90'000 hommes avait profondément bouleversé le quotidien de la population. Avec pour avantage de provoquer la construction de bâtiments, comme des hôpitaux chargés à recueillir les blessés. Les soldats avaient été répartis dans tout le pays. La création du musée Bourbaki à Lucerne leur rend hommage.
Renforcer l’effet
tridimensionnel
Les travaux de restauration ne visent pas qu’à simplement remplacer le
baldaquin qui coiffe le panorama circulaire et sa plateforme d’observation. La
nouvelle couverture doit en effet renforcer l’effet tridimensionnel de la peinture.
Elle doit aussi être à l’épreuve du feu et de l’humidité. Ce sont d’ailleurs
des infiltrations d’eau par la lanterne du toit du bâtiment qui ont été à l’origine
de cette restauration. L’ancien textile en avait été taché tout en présentant
des signes d’usure.
Crédit image: Emmanuel Ammon, Agence AURA
Le baldaquin a souffert de quelques infiltrations d’eau venant du toit. Les travaux de rénovation touchent cependant toute la structure recouvrant la plateforme d’observation.
Les travaux démarrés le 8 janvier sont spectaculaires. Le musée sera fermé pendant six semaines pour permettre à des cordistes de poser le nouveau « ciel » du musée Bourbaki. Environ 1600 m² de tissu pesant 200 kg seront remplacés. Les dispositifs d’éclairage de la peinture circulaire seront rénovés. Pour garantir une expérience visuelle optimale, le lustre placé au-dessus de la plateforme sera remplacée par une construction LED à intensité variable. Le panorama pourra ainsi mieux rayonner, indépendamment des apports en lumière naturelle.
Crédit image: Emmanuel Ammon, Agence AURA
La « coiffe » du panorama se compose de plusieurs éléments textiles et d’un dispositif de filtrage de la lumière naturelle pénétrant par la coupole du bâtiment du musée.
La rénovation de cet appareil optique, si indispensable à la visite et à la contemplation de l’œuvre, coûtera 800'000 francs. L’exécution des travaux sur mesure et la complexité de l’opération justifient ce montant élevé, communique le musée Bourbaki. Deux caméras enregistreront les différentes étapes du chantier. Le « ciel » est composé d’un cylindre de tissu, appelé le velum, et de voiles solaires tendus perpendiculairement. Ces derniers réfléchissent ainsi la lumière pénétrant par les vitres de la coupole du bâtiment pour éviter d’exposer les 150 kg de peinture à un rayonnement excessif. Plus la teinte du baldaquin est foncée, plus la peinture apparaît lumineuse.
Porte ouverte
sur la migration
Le panorama Bourbaki est haut de 14 m pour 112 m de circonférence. Il évoque l’arrivée
de l’armée en déroute aux Verrières en février 1871 et la vie quotidienne de
cette époque. Il ouvre aussi de multiples perspectives sur l’art et la culture.
Il offre enfin une plateforme de réflexion sur la migration, la fuite et l’intégration.