18:07 TECHNIQUE

Le chêne alsacien fait escale dans le Jura avant de rejoindre Notre-Dame

Écrit par: Philippe Chopard
Teaserbild-Quelle: Philippe Chopard

La scierie Corbat, à Vendlincourt (JU) participe modestement au chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris en produisant une cinquantaine d’éléments en chêne massif pour la nouvelle charpente et le remplacement de la célèbre flèche de Viollet-Leduc. 50 t de bois alsacien ont donc franchi la frontière pour devenir des planches et des poutres de belle taille.

Un chantier vraiment hors normes ! Le remplacement de la charpente et de la flèche de Notre-Dame de Paris aura aussi sa touche suisse. La scierie Corbat, de Vendlincourt (JU) débite ces jours 50 t de grumes de chênes alsaciens pour en faire une cinquantaine de poutres et de planches pour le chantier parisien. Un joli coup pour Gauthier Corbat et son équipe, qui peuvent ainsi utiliser les mêmes matériaux que les charpentiers du Moyen-Age.

La préparation des pièces qui serviront à la reconstruction de la charpente de l’église la plus célèbre de France et sa flèche carbonisée le 15 avril 2019 obéit à des procédés techniques très précis. Les grumes sont arrivées à Vendlincourt par la route, chargées sur deux camions. Elles sont ensuite écorcées et nettoyées, avant de passer dans un détecteur de métaux. Un contrôle indispensable car les chênes abattus pour l’occasion ont parfois souffert des fracas de la Seconde Guerre mondiale. « Les éclats de métal qu’ils peuvent contenir peuvent endommager nos installations », explique Jérôme Gully, technicien sur le chantier. Fort heureusement, le métal n’est que peu présent dans le lot reçu par l’entreprise jurassienne.

Un an de séchage
La scie peut alors entrer en action. Elle produit poutres et planches selon un plan défini à l’avance depuis Paris. Les éléments sont ensuite placés sur un tapis roulant pour être encore une fois nettoyés, puis stockés en fonction de leur utilisation future.


Paris ne badine pas avec l’origine des matériaux. Chaque grume est répertoriée. Il en va de même pour les produits, qui reçoivent tous leur rôle qu’ils vont jouer dans la reconstruction.  

Les pièces resteront encore une année dans le Jura pour être séchées sous hangar. « Nous recevrons alors la visite des compagnons charpentiers chargés de l’assemblage de la nouvelle charpente. Pour être recevables, les éléments de chêne devront avoir un taux d’humidité maximal de 30% », indique encore Gauthier Corbat.

Chantier téléguidé depuis Paris
C’est donc un chantier de haute précision et téléguidé depuis Paris que la scierie Corbat, au même titre que 40 autres entreprises françaises, mène ces jours. Et cela à titre gracieux. « Nous avons fait acte de candidature pour participer à la valorisation de la première transformation de la filière bois française », explique encore Gauthier Corbat. La France a en effet fait le pari de confier à son savoir-faire immense le soin de rebâtir Notre-Dame, donnant ainsi au projet une dimension patrimoniale.

Pour l’entreprise suisse, c’est aussi l’occasion de renforcer sa présence dans l’Hexagone, réelle depuis la constitution d’une plate-forme de stockage de bois à Lure, en Franche-Comté. Les installations de sciage de Vendlincourt sont à même de traiter un bois aussi lourd que le chêne. « Ce que nous faisons pour Notre-Dame de Paris est à l’inverse de ce qui se pratique en construction bois », indique encore Gauthier Corbat. Le lamellé collé est aux antipodes de ce chantier. Et j’avoue que produire des pièces de 6m70 de longueur en bois massif est aussi particulier. Cela nous ramène aux techniques médiévales. Dommage que je n’aie pas pu caser du chêne suisse dans cette aventure ».

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