L'Empa met un terme au «scandale du béton» irlandais et en découvre les causes
Les nombreuses dégradations des bâtiments du comté irlandais de Donegal sont dues à la présence d’un minéral qui se forme naturellement lors de la fabrication du béton. Le Laboratoire fédéral de recherches sur les matériaux et l’Université d’Ulster pointent la présence de pyrrhotine et de ses émanations de soufre pour apporter une nouvelle explication à ce phénomène.
Crédit image: Andreas Leemann, Empa
Les dégâts constatés sur les bâtiments de ce comté irlandais montrent l’ampleur des mesures à prendre pour y remédier.
La nature réserve parfois des tours pendables aux constructeurs. Les habitants du comté irlandais de Donegal le savent mieux que quiconque. Leurs maisons s’effritent, causant ainsi des milliards d’euros de frais de réparation. Associés à l’Université d’Ulster, les scientifiques du Laboratoire fédéral de recherches sur les matériaux (Empa) viennent d’identifier le minéral responsable de cette situation.
Jusqu’ici, les scientifiques irlandais pensaient que le mica contenu dans les matériaux de construction utilisés sur place réduisait la résistance et la solidité du béton. L’Empa leur a démontré que le phénomène était causé par la présence d’un autre minéral, fait de fer et de soufre, et qui déploie ses effets négatifs lors du durcissement du béton.
Crédit image: Andreas Leemann, Empa
La forme et l’orientation des fissures ont permis d’écarter l’hypothèse de dégâts dus à la météo.
La cause de tous les maux des constructeurs irlandais est donc chimique. La présence en grande quantité de ce minéral, appelé pyrrhotine, peut conduire à la dégradation du béton. Son oxydation constatée dans la pâte de ciment libère le soufre qu’il contient, et cela conduit à une dilatation du matériau. Si ce soufre est libéré en trop grandes quantités, différents composants importants du béton, comme les hydrates de silicate de calcium, peuvent se dissoudre. A terme, le matériau se désintègre, et cela provoque la formation des nombreuses fissures constatées en façade dans ce comté irlandais.
Un travail de
détective
Les scientifiques de l’Empa ont d’u faire un vrai travail de détective pour livrer
leurs conclusions. Ils ont testé des matériaux de construction traditionnels, procédé
à des modulations thermodynamiques et examiné leurs échantillons au microscope électronique.
Ils ont analysé la teneur en soufre présente dans les granulats de béton de
quatre maisons tests. Leurs résultats ont non seulement écarté la thèse du
mica, mais aussi ils ont établi que la météo ne jouait qu’un rôle mineur dans
ce processus de dégradation du béton. Comme la région test jouit d’un climat
tempéré par le Gulf Stream, le gel n’entre finalement pas en ligne de compte
dans les dommages subis.
Crédit image: Andreas Leemann, Empa
Les moisissures causées par la dégradation du béton peuvent présenter des risques pour la santé des habitants.
L’Irlande aurait-elle pu identifier les causes de ce phénomène plus tôt ? L’Empa constate que la note de construction de ce pays exclut de prendre en compte la teneur en pyrrhotine. Alors que cette dernière est prescrite par l’Union européenne dans la construction.