Le tunnel du LEB est enfin percé
Dur et incroyablement compliqué. Mais ils l’ont fait! Les deux tronçons du tunnel double-voie sous l’avenue d’Echallens à Lausanne sont réunis. Ce chantier ferroviaire titanesque, long de 1,2 km a duré presque deux fois plus que prévu. Hommes et machines ont souffert.
14 h 45, mardi 22 septembre, un bruit sourd se fait entendre. Garnie de pics, la tête de coupe de la haveuse déchiquette l’ultime paroi de molasse. Un rai de lumière envahit le trou creusé. Les deux tronçons du futur tunnel de la ligne reliant Lausanne à Echallens et Bercher (LEB) sont réunis. Salve d’applaudissements. Enfin!
Accumulation de contretemps
Enfin… parce que rien n’a été épargné à ce chantier titanesque long de 1,2 km en plein centre-ville de Lausanne. A l’origine, les concepteurs avaient imaginé que la jonction des deux percements nécessiterait 11 mois de travail. Il en a fallu… 20! Certes, la crise du Covid-19 est passée par là. Mais avant il y a eu la découverte d’ossements humains et d’anciennes tombes au parc de la Brouette, où débute le chantier du tunnel du LEB. Il a donc fallu que les archéologues fassent leur travail. Et puis, surtout, les ouvriers sont tombés sur des veines de charbon et de pyrite.
Embarrassante première en Suisse
Une découverte déconcertante puisque ces matériaux, combinés à la chaleur des machines, se transforment en gaz toxiques, le dioxyde de soufre et le sulfure d’hydrogène. Ce dégagement de gaz sulfurés est une première sur un chantier de tunnel en Suisse. Ce contretemps a fortement ralenti la progression des travaux, mais aussi mis à mal le matériel confronté à une roche beaucoup plus résistante et abrasive qu’escomptée.
Evacuation souterraine
En tout, 250’000 tonnes de roche ont été extraites. Pour éviter la pollution et l’encombrement liés à une évacuation des déchets par camion, il a été décidé d'emprunter le souterrain ferroviaire d’accès à l’usine d’incinération Tridel. La mollasse retirée lors du creusement était déchargée au niveau -25 m. Plus bas, à -42 m, elle était amenée par une bande transporteuse jusqu’aux trains CFF Cargo qui l’ont évacuée, chaque nuit, vers la gare de Sébeillon, puis jusqu’aux carrières de St-Triphon et d’Arvel.
«Nous avons beaucoup souffert, avoue Gilles Lequertier, chef de projets chez Infra Tunnel SA. La logistique a été hyperimportante sur ce chantier. Tout s’est fait par le puits: le passage des 20 à 40 ouvriers journaliers et des machines, l’évacuation des 300 m3 quotidiens de roches, mais aussi tous les moyens liés à la sécurité et l’hygiène de travail.»
En attendant le printemps...2022
Il était initialement prévu que la jonction entre le front d’excavation principal venant de Brouette et la contre-attaque arrivant d’Union-Prilly ait lieu au début l’année 2020 pour une mise en service en décembre. Le calendrier a été bouleversé et désormais le début de l’exploitation ferroviaire n’est pas attendu avant le printemps 2022.