Carboniser les argiles rend le ciment encore plus écologique
La recherche sur la réduction des émissions de dioxyde de carbone dans le ciment et le béton mérite d’être davantage canalisée, estime la professeure Karen Scrivener, de l’EPFL. Elle propose de développer les techniques de carbonisation des argiles pour améliorer le bilan écologique du secteur de la construction.
Crédit image: EPFL
La carbonisation des argiles contenues dans le ciment est déjà testée dans différents endroits du monde, comme ici en Côte-d’Ivoire.
Le béton et le ciment survivront à la lutte contre le réchauffement climatique. Les scientifiques en sont convaincus. Mais l’industrie de la construction peut encore agir pour en réduire les émissions de gaz à effet de serre. La professeure à l’EPFL Karen Scrivener préconise d’agir sur les matériaux argileux contenus dans le ciment en les calcinant. Et, d’après elle, le bilan écologique est spectaculaire !
«Le monde nage en plein paradoxe quand il s’agit de réduire les émissions de dioxyde de carbone », a déclaré la scientifique à une centaine d’ingénieurs et d’architectes réunis au Swiss Tech Convention Center de l’EPFL à l’invitation du cimentier Holcim. Si l’Europe se démène à rechercher des solutions pour une construction déjà en grande partie écologique, les plus gros pollueurs de la planète se trouvent toujours en Asie.
Trop d’études
disparates
Dès lors, les études et les solutions élaborées en Suisse en particulier et en
Occident en général peuvent-elles être efficaces à l’échelle mondiale ?
Karen Scrivener poursuit sur sa lancée de provoquer un peu le monde
scientifique. «Trop d’études vont dans trop de directions», a-t-elle lancé. Une
pique qui a de quoi réjouir les spécialistes du béton de l’EPFL, le professeur
Aurelio Muttoni en tête.
Crédit image: EPFL
Les résultats des tests sont significatifs. La proportion de clinker diminue de moitié et les émissions de dioxyde de carbone de 40%.
Dès lors, pourquoi ne pas agir sur le ciment extrait sous nos latitudes, plus précisément en milieu calcaire? La conférencière souligne les vertus des argiles contenues dans les matériaux de construction. En carbonisant ces dernières, il est possible de réduire de moitié la proportion de clinker, particulièrement responsable des émissions de gaz à effet de serre. Avec pour bilan de réduire les émissions de dioxyde de carbone de 40% pour atteindre 90 kg par tonne.
Ces nouveaux procédés, relèvent donc de la chimie du ciment. Ils peuvent être utilisés avec les moyens techniques existants. Les argiles, et plus particulièrement la kaolinite, sont particulièrement répandues en Europe centrale, en Amérique du Nord et en Afrique. La solution proposée par Karen Scrivener découle de l’étude de plus de 70 variétés argileuses dans le monde. De quoi espérer une application industrielle à plus large échelle.