Assainissement des galeries de protection de la ligne Montreux-Rochers-de-Naye
Deux galeries de la ligne de chemin de fer Montreux – Les Rochers de Naye, proches de l’arrivée, ont fait l’objet d’une reconstruction totale fin 2008. Le chantier étant situé entre les pâturages et le sommet à plus de 1900 mètres d’altitude, c’est un énorme hélicoptère russe qui a remplacé les camions et les grues. Spectaculaire.
22 structures métalliques de 4,2 tonnes chacune, ont été héliportées du col de Jaman jusqu’à l’entrée du tunnel, à près de 1800 mètres d’altitude. (Video: Morand Constructions métalliques - La Tour-de-Trême)
Un panorama à couper le souffle. D’un côté le Léman, l’Intyamon de l’autre. Entre les deux s’étendent les cimes et les verts pâturages typiques des paysages alpins. C’est ce paysage bucolique que traverse la ligne ferroviaire qui relie Montreux aux Rochers de Naye. Certains passages, situés en aval d’une pente ou d’une paroi rocheuse, comptent des galeries de protection en raison des risques de chute de neige ou de pierres. Agées de 70 ans et rongées par la rouille, elles nécessitent une reconstruction totale. C’est le bureau MP Ingénieurs Conseils SA à Crissier qui a obtenu le mandat pour la rénovation de trois sections d’ici à 2010 avec un budget de 5,4 millions de francs. La charpente métallique a été confiée à Morand SA à Bulle. Les galeries de Merdasson et de Naye Aval sont les premières à profiter de ce lifting. La première, longue de 52 m, se situe dans un pré en dessous d’une colline. Les 180 mètres de la seconde se répandent contre une paroi d’éboulis, à la sortie du tunnel de Naye. Les travaux de réfection impliquent des opérations complexes et demandent une logistique optimale pour éviter les complications liées au transport des pièces métalliques et des machines de chantier. Pour que le trafic voyageur ne subisse pas de désagrément, le maître d’ouvrage, les Transports Montreux - Vevey - Riviera SA (ou couramment dénommé MVR) qui font partie de GoldenPass Services, ont imposé aux entreprises le maintien de l’exploitation ferroviaire pendant la journée. Certains éléments ont été transportés en fin de journée ou durant la nuit (notamment le béton préfabriqué). Ce sont des camions qui ont transporté les installations et la charpente métallique jusqu’au col de Jaman situé à 1550 mètres. Le reste du trajet devant donc être effectué par hélicoptère.
244 tonnes d’acier héliportées
«Nous avons imaginé une solution différente de celle qui nous avait été proposée pour gagner du temps, explique Jean-François Suchet. L’ingénieur proposait d’héliporter un cadre métallique de 1600 kilos à la fois. Il s’agit de systèmes de cadres avec deux poteaux en profilés type HEB260 260 ayant un entraxe de 4 mètres. Le problème c’est que les petits hélicoptères peuvent soulever des charges maximales de 1200 kilos. Nous étions donc obligés de travailler avec un hélicoptère plus grand et donc beaucoup plus cher à la minute, si possible en continu sans perdre du temps à attendre que les pièces soient montées et stabilisées». Pour éviter que les capacités de l’hélicoptère soient sous-exploitées en transportant séparément les cadres en acier galvanisé prévus pour les deux galeries, MCM a l’idée de les joindre par paire. Ainsi, non seulement ils sont plus stables en attendant d’être soulevés, mais en plus ils permettent de réduire les coûts de l’héliportage. «Au col de Jaman, nous avons installé une grue pour préfabriquer un ensemble de deux cadres. Au total, l’ensemble pèse 4,2 tonnes qui correspond à la charge maximale pouvant être soulevée par des plus grands modèles d’hélicoptères», poursuit Jean-François Suchet. Une fois préparés, les cadres ont été entreposés dans les prés. La seule difficulté avec ce type de stratégie c’est que les cadres montés ne correspondent pas automatiquement aux courbes de la galerie. «Il a fallu développer un système de châssis flexible, parce que la galerie de Naye Aval comprend une courbe de 80 m de rayon et une contre courbe de deux fois 80 mètres de rayon. Le châssis sur lequel on boulonne les poteaux ne peut donc pas être fixe, parce que ces derniers ne sont pas toujours à la même place. Lorsque le rayon change, ils doivent être déplacés. Sur le châssis, nous avons fait différentes positions de trous pour anticiper toutes les configurations et avoir la plus grande flexibilité possible», relève le chef de projet.
Des manœuvres acrobatiques
Les opérations se sont déroulées sans grandes difficultés sur la galerie de Merdasson. Le terrain étant rectiligne, les manœuvres d’héliportage et d’installation n’ont posé aucun problème. La galerie de Naye Aval, par contre, est plus impressionnante. Située dans une pente à la sortie d’un tunnel, elle s’étale sur 180 mètres au pied des cimes rocheuses. 22 pièces de 4,2 tonnes chacune ont été héliportées jusqu’à l’entrée du tunnel lorsque les conditions météorologiques étaient favorables. Le trajet et la pose devaient être effectués en moins de dix minutes pour des raisons de coûts et de disponibilité des engins volants. C’est l’entreprise Heliswiss à Gruyères qui s’est chargée de la logistique et a mis à disposition l’un de ses deux Kamov, les deux seuls modèles d’hélicoptères russes de ce gabarit présents dans toute la Suisse. Avec un poids de 7 tonnes à vide, cet énorme hélicoptère est l’équivalent de cinq «écureuils». Une fois arrivées sur place, les structures sont guidées au câble vers les socles en béton disposés de chaque côté des voies par un ouvrier niché dans le pâturage en amont de la ligne. «Il avait des crampons pour ne risquer de se faire déstabiliser par l’hélicoptère ou les cadres. Depuis sa position, il tirait sur le câble pour positionner correctement le cadre vers le châssis de montage. C’est clair que la pièce est très lourde, mais en fait elle est facile à manipuler lorsqu’elle est suspendue dans l’air», précise Jean-François Suchet. But de cette manœuvre acrobatique: poser les structures métalliques sur les deux pointes coniques de 20 centimètres de haut et de 30 millimètres de diamètre. Etant donné que l’exploitation ferroviaire devait être maintenue durant tous les travaux, cette étape a été extrêmement délicate. Lorsque les cadres ont été acheminés vers les socles en béton, certaines manœuvres ont été nécessaires pour éviter qu’ils touchent, voire arrachent, les lignes de contact de la voie ferrée causant une panne générale du réseau.
Une fois que tous les éléments de cadres ont été posés, ils ont été reliés avec des pannes puis boulonnés. Les structures métalliques ont ensuite été recouvertes. Les travaux de fondations spéciales ont été menés par le Consortium Dénériaz SA Lausanne et Sion, les éléments préfabriqués ont été réalisés par l’entreprise Element SA à Tavel, la toiture et les façades par l’Atelier Volet SA à St-Légier.
Les galeries en chiffres
Naye Aval:
180 mètres de longueur
Altitude: 1900 mètres
44 cadres métalliques à poser
Merdasson:
52 mètres de longueur
Altitude: 1800 mètres
14 cadres métalliques à poser
Les intervenants
Maître d’ouvrage:
GoldenPass Services
1820 Montreux
Ingénieurs civils:
MP Ingénieurs Conseils SA
1023 Crissier
Géotechnicien:
Karakas & Français SA
1010 Lausanne
Construction métallique:
René Morand SA
1635 La Tour-de-Trême
Construction en béton préfabriqué:
Element SA
1712 Tavel
Construction en bois:
Atelier Volet SA
1806 St-Légier
Maçonnerie et fondations spéciales:
Dénériaz SA Sion
1951 Sion
Héliportage:
Hélicoptères Suisses SA
1663 Epagny