14:25 PROJETS

L’Hospice général de Genève investit dans le logement de qualité

Teaserbild-Quelle: Jean-A. Luque

A quelques pas de Plainpalais et des bords de l’Arve, trois immeubles sont en cours d’achèvement. Parfaitement intégrés au quartier, ils se distinguent par leur forme pentagonale et leurs balcons saillants. Les trois bâtiments, qui comprennent un total de 109 appartements, sont reliés par un espace continu au sous-sol, avec des espaces multifonctionnels. Un soin tout particulier a été apporté à la construction pour répondre aux exigences de la certification Minergie P-ECO.

Trio de bâtiments pour logements et activités commerciales à la rue des Maraîchers, à Genève

Crédit image: Jean-A. Luque

109 appartements seront habitables avant la fin de l’année dans ce nouveau lotissement qui comprendra également des activités commerciales à la rue des Maraîchers, en plein centre de Genève.

Répondre au défi du logement populaire en plein centre-ville de Genève n’est pas tâche aisée. Posséder la bonne parcelle ne suffit pas ; encore faut-il jouer intelligemment avec les surfaces et tenir la gageure de la qualité et du développement durable. Propriétaire de trois immeubles sis à la rue des Maraîchers 2, 4 et 6, l’Hospice général a su faire table rase du passé et investir dans une densification aussi mesurée que réussie.

L’Hospice général de Genève est chargé de mettre en œuvre la politique sociale du canton. Il consacre l’essentiel de son activité à l’aide sociale en faveur des plus démunis et à l’accueil des migrants, tout en assurant d’autres tâches d’assistance, de prévention et d’information pour toutes les catégories de la population. C’est en gardant ces fondamentaux à l’esprit qu’il s’est attaqué à la transformation du bloc des Maraîchers. L’objectif était d’optimiser les surfaces tout en intégrant au mieux la réflexion globale sur l’environnement naturel et bâti, le développement durable et l’évolution des modes de vie.

Trio logements et activités commerciales à la rue des Maraichers, Genève

Crédit image: Group DLLP

La totalité des façades représente une surface de 4700 m2, dont 2900 m2 pleins. La façade ventilée est composé de panneaux d’aluminium et de pièces décoratives en béton fibré. La finition pyrite est texturée et permet de jouer avec la lumière selon le moment de la journée, ce qui crée une dynamique particulièrement intéressante.

En 2018, le Group DLLP, constitué des bureaux dl-c designlab-construction s.a et lopes&périnet-marquet sàrl architectes,  Michel Paquet ingénieur civil, CSD Ingénieurs SA et Rhône-Electra SA a été choisi pour mener à bien la démolition-construction de ces trois édifices. « L’intérêt de ce projet, insiste l’architecte Fernando Lopes, c’est d’offrir de la densité de qualité en milieu urbain. La parcelle se situe dans un contexte urbain composé principalement d’immeubles mitoyens disposés en îlots plus ou moins fermés sur cour. Le nouveau projet s’inscrit dans la logique d’implantation des trois immeubles démolis et évite la frontalité avec le bâti environnant en adoptant une forme pentagonale. » Avantages de cette apparence angulaire : elle a permis d’augmenter le linéaire des façades tout en évitant les vis-à-vis entre les immeubles.

109 appartements et beaucoup de convivialité
En tirant parti des orientations multiples permises par le principe facetté des édifices, le projet propose un étage type constitué de cinq appartements totalisant 18 pièces (1× 2pcs, 1× 3pcs, 2× 4pcs et 1× 5pcs) et organisés autour d'un noyau central de circulation verticale avec un éclairage zénithal renforçant sa convivialité. Le complexe comprend un total de 109 appartements. 

« Les logements rayonnent autour de la cage d’escalier, précise Fernando Lopes. Grâce à la forme du bâtiment et des balcons qui se projettent, chaque appartement a deux orientations au minimum. Le maître d’ouvrage a aussi voulu que la cuisine soit une pièce habitable à part entière, qui se distingue du salon et soit séparable par une paroi coulissante. Chaque logement – sauf les deux pièces – dispose d’un balcon. »

La volonté de l'Hospice général a été aussi et surtout de favoriser une dimension sociale commune. Les trois plots possèdent tous des rez-de-chaussée ouverts sur le quartier. Ils sont reliés par des jardins et accueilleront des commerces et des espaces collectifs. L’édifice central offre une vocation communautaire supplémentaire pour les locataires du complexe, avec entre autres une salle commune à disposition et des jardins potagers en toiture. En plus de la mixité de typologies traditionnelles, ce projet est l’occasion d’introduire et d'expérimenter des modes d’habitat collectif ou adapté à des situations particulières. Enréponse au phénomène de vieillissement de la population, des formes d’habitat partagé de type clusters occupent le dernier niveau de chaque immeuble. Ces appartements d’un type nouveau permettent d’éviter l’isolement et l’exclusion des personnes seules. Ils favorisent l’échange intergénérationnel et la mutualisation des moyens au sein d’un espace de vie commun, tout en garantissant l’intimité de chacun et le sentiment de chez-soi.

Les édifices sont tous réunis par un unique sous-sol. Mais pas de voitures dans cet espace. En effet, le propriétaire prône la mobilité douce. Ici le parking est réservé aux vélos. Deux grands puits de lumière assurent un éclairage naturel à ce niveau.

Rien n’a été laissé au hasard
Pour réaliser ce projet ambitieux, le maître d’ouvrage s’est adjugé les services de CSC costruzioni en 2020. L’entreprise générale a porté une attention toute particulière à la gestion durable des ressources pour les opérations de chantier, au choix des matériaux, tant pour la construction que pour le service sur le chantier, et aux concepts de mobilité durable. En effet, le complexe doit répondre aux exigences de la certification Minergie P-ECO.

« C’est un beau projet de qualité, souligne Bertrand Renouf, responsable du secteur bâtiment chez CSC. Nous réalisons des logements sociaux avec de très belles prestations. Chaque immeuble a des volées d’escaliers avec un noyau central ouvert. Les revêtements de sol sont en terrazzo ; dans les chambres nous avons posé du parquet. Mais au-delà du suivi traditionnel du chantier, ce projet nécessite un suivi rigoureux. En effet, au niveau constructif, le projet est articulé autour des critères THPE (Très haute performance énergétique) avec comme ligne directrice le standard SNBS (Standard de construction durable suisse). Cela implique que tous les matériaux du site ont dû être validés pour leur performance énergétique. Chaque finition, peinture, type de vernis, isolant a dû être analysé rigoureusement. »

Décrocher le label ECO nécessite également d’optimiser l’énergie grise nécessaire à la construction. Le bureau genevois Alterego a mené tous ces calculs relatifs à l’énergie grise et a mis en œuvre le suivi des matériaux afin de s’assurer que l’entreprise réponde bien aux exigences du label ECO.

L’îlot maximise l’utilisation de ressources renouvelables et comporte notamment une production de chaleur par raccordement sur le chauffage à distance CADéco Jonction, tout en diminuant les consommations et en réduisant l’énergie grise nécessaire à la réalisation des bâtiments.

Façades aux petits soins
Pour obtenir cette haute performance énergétique, un soin tout particulier a été apporté à l’isolation. La façade en dalle-poteau est composée de structures bois et remplie de laine de roche. Il s’est agi, dans une première phase, de poser des éléments à ossature bois en têtes de dalles sur les sept niveaux des bâtiments. Dans une deuxième étape, il a fallu mettre en place le revêtement de façade ventilé. Celui-ci est composé de panneaux d’aluminium et de pièces décoratives en béton fibré. La totalité des façades représente une surface de 4700 m2, dont 2900 m2 pleins.

« La finition pyrite de cette façade est texturée, s’exclame Bertrand Renouf. Selon le moment de la journée, elle capte la lumière différemment. Cela crée une dynamique particulièrement intéressante. »

Capable de réagir aux aléas de la guerre ou du Covid
Les trois immeubles seront livrés et habités dès cette année. Mais ce n’était pas gagné d’avance « Ces deux dernières années, entre le Covid et la guerre en Ukraine, le chantier n’a pas été de tout repos, confirme le responsable de CSC. Nous avons été confrontés aux difficultés d’approvisionnement des matières premières, aux coûts de la hausse de l’énergie et ses nombreux impacts sur les coûts. Mais c’est la force d’une entreprise générale internationale comme la nôtre d’avoir la capacité à réagir et satisfaire notre client. »

D’ici quelques mois, toutes ces péripéties seront oubliées. Les locataires pourront non seulement apprécier leur logement, mais aussi leur environnement. En effet, les arbres majeurs de l’îlot ont été con- servés. Cette présence végétale améliorera la vie des habitants du quartier et fera  office de filtre entre les édifices.

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