Trente tonnes de charpente métallique offertes pour reconstruire une école au Népal
Retiré depuis plusieurs années de la direction de l’entreprise familiale de constructions métalliques Morand et Fils SA, Pierre Morand, guide de haute montagne, a quitté la charpente pour revenir à sa passion première et s’est joint au projet d’une école à Liptung. La fin de l’aventure s’est fêtée lundi dernier en Gruyère.
Le Népal a été très durement frappé par les catastrophes naturelles, notamment en avril 2015 quand une série de séismes a tué plus de 8000 habitants, laissé des dizaines de milliers de personnes sans foyers et détruit d’innombrables infrastructures. A l’initiative de l’alpiniste valaisanne Andrea Zimmermann, Romands et Français se sont mobilisés en août dernier autour du projet humanitaire «Butterfly» pour reconstruire une école complètement rasée par le tremblement de terre à Liptung.
Pierre Morand, ancien patron de la société éponyme de constructions métalliques, à Bulle, a été particulièrement touché par la détresse de ces Népalais. Alpiniste chevronné, guide de haute montagne, il s’est alors investi avec toute l’équipe de son entreprise familiale et a fait preuve d’une générosité aussi rare que précieuse. Pas moins de trente tonnes de charpente métallique, de tôles et de panneaux sandwich, pour une valeur de 120’000 francs auxquels s’ajoutent 125’000 francs de frais de douane, ont été offerts. Un don qui a permis de reconstruire l’école avec du matériel de qualité et aux normes antisismiques, cette fois.
Sur place, aucun moyen technique
Parmi les premiers bénévoles arrivés sur place pour cette reconstruction, le constructeur métallique Dominique Schouwey, d’Hauteville, se rappelle: «Il n’y avait rien. Pas de matériel, pas d’engin. On a fait les coffrages des fondations avec des planchettes récupérées. Même la route d’accès au chantier a été construite en cours de travaux.»
Prenant la relève fin novembre, Pierre Morand et deux amis alpinistes français dressent le même tableau: manque d’outils, la première quincaillerie est à neuf heures de jeep. Manque de travailleurs, castes obligent. Et absence compréhensible de savoir-faire: «L’ingénieur officiel voyait une charpente métallique pour la première fois. Les gens découvraient les vitres», s’exclame Pierre Morand.
Du concret
Avec l’aide de sherpas et de quelques villageois, le petit groupe parvient néanmoins à monter le bâtiment des classes (100 m2 pour sept salles) et une partie de la salle des maîtres (28 m2) avant le retour en Suisse en fin d’année.
Au début janvier, Pierre Morand réunit une nouvelle équipe, cette fois avec cinq compères. Le groupe, qui emporte tout un lot d’outils, termine le projet en dix jours : «On a bossé aussi dur qu’en Suisse, résume l’ancien patron, mais on a fait quelque chose. Pas pour nous, mais pour eux. Et du concret! Cela fait quarante ans que je fais des expéditions et des voyages, mais cette aventure est celle qui m’a apporté le plus de satisfaction. Je recommencerais sans hésiter.»