Chemin pavé d’embûches pour la ligne ferroviaire directe neuchâteloise
De nombreux obstacles, en particulier techniques et environnementaux, se dressent sur la route des constructeurs de la future ligne ferroviaire directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Un fort dénivelé, des terres agricoles à réaffecter, un coût de 1,4 milliard engagent les CFF, la Confédération et le canton de Neuchâtel jusqu’en 2040.
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C’est en direction de l’est de la gare de Neuchâtel que la future ligne directe rejoindra son premier tunnel sous la montagne de Chaumont.
Le chemin sera long. Très long. Et semé d’embûches. La belle assurance des CFF et de l’Etat de Neuchâtel affichée lors de la présentation de l’avant-projet de liaison ferroviaire rapide entre le Bas et le Haut du canton n’occulte pas totalement les obstacles à la réalisation de ce grand projet d’ici 2035 ou 2040. Difficultés techniques pour un parcours de 500 m de dénivelé, en très grande majorité souterrain. Problèmes fonciers aussi, avec une mise à ciel de la ligne dans le Val-de-Ruz, sur 1,4 des 16 km du parcours.
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La gare de La Chaux-de-Fonds pourra bénéficier d’une cadence au quart d’heure en direction du Bas du canton dès la mise en service de la nouvelle ligne.
Les experts mandatés pour trouver le bon tracé pour cette ligne attendue par tout le canton de Neuchâtel ont mis trois ans pour l’analyser. Leur étude préliminaire tient compte du terrain, avec la traversée de deux anticlinaux (Chaumont et La Vue-des-Alpes) et de la pente du tracé. Elle prend aussi en compte le coût, estimé à 1,4 milliard de francs. Ce qui a conduit à mettre la ligne à ciel ouvert dans une partie du Val-de-Ruz, dans un paysage très agricole.
La vitesse pour
monter, une première
Au plan technique, le projet doit surtout tenir compte de la pente du futur
tunnel, surtout dans la partie entre Cernier et La Chaux-de-Fonds. La forte
déclivité du terrain doit être compensée par la vitesse des convois ferroviaires,
expliquent les CFF et l’Etat de Neuchâtel dans un communiqué. Il s’agit de
faire circuler les trains jusqu’à une vitesse de 130 km/h pour diviser par
deux le temps actuel du trajet. Les CFF expliquent que compenser les inconvénients
de la déclivité par la vitesse est une première européenne.
Deux nouveaux
portails
Le projet va être affiné dans les 2 ans qui viennent. Le portail sud du futur
tunnel ferroviaire sera aménagé à quelques centaines de mètres à l’est de la
gare de Neuchâtel, à la hauteur du pont du Mail. La galerie débouchera à La
Chaux-de-Fonds au nord-ouest du tunnel historique traversant la montagne et le
vallon des Convers. Le raccordement à la ligne CFF actuelle se fera au sud du pont
de Malakoff, qui a été rénové récemment. Au milieu du parcours, une gare intermédiaire
implantée au sud du village de Cernier permettra le croisement des convois.
Terrains agricoles
touchés
Il faudra encore beaucoup d’études avant de donner le coup d’envoi de ce
chantier titanesque. Notamment pour trouver le meilleur emplacement pour la gare
intermédiaire et la meilleure intégration de la ligne à ciel ouvert à travers
le Val-de-Ruz. A ce sujet, c’est précisément l’emprise sur les terres agricoles
qui avait causé l’échec de la première mouture en 2012. Les agriculteurs de la
région détestent que leur surface soit affectée à autre chose. La commune de
Val-de-Ruz est toutefois partie prenante de la réflexion en cours.
Crédit image: Etat de Neuchâtel
Le tracé définitif n’est pas encore définitivement arrêté. Mais il sera mis à ciel ouvert au milieu sur une distance de 1,4 km.
La Confédération prendra en charge l’investissement prévu. Le canton de Neuchâtel participera néanmoins au financement de la construction de la nouvelle gare de Cernier. La phase d’avant-projet sera suivie des études d’impact et d’une mise à l’enquête publique. Plusieurs années seront nécessaires avant de pouvoir engager les foreuses sous la montagne. Les travaux proprement dits dureront entre sept et dix ans. La mise en service de la ligne directe va aussi profondément bouleverser la mobilité dans le canton de Neuchâtel, mettant notamment fin au rebroussement de Chambrelien. Le corps électoral neuchâtelois en a avalisé le concept en 2016.