Neuchâtel se montre frileux à l’idée de construire des îles aux oiseaux
La rive nord du lac de Neuchâtel ne sera pas ornée d’un nouveau chapelet d’îles aux oiseaux, à l’image de l’Ouest lausannois. Les travaux envisagés sont en effet trop lourds et trop coûteux, estime le gouvernement neuchâtelois.
Crédit image: Johannes Vanderrgeest, CC_BY-AS_2.0
La réserve naturelle du Fanel ne peut pourtant plus accueillir les oiseaux migrateurs dans de bonnes conditions.
Les projets d’îles aux oiseaux fleurissent sur le Léman, mais le canton de Neuchâtel n’en a cure. Le Conseil d’Etat neuchâtelois reste opposé à l’aménagement de ce type d’habitat lacustre, cela quand bien même le sud du lac est largement protégé. Sauf revirement, les seules îles développant la faune avicole sont en terre vaudoise, au sein de la réserve naturelle du Fanel, ainsi qu’à Vaumarcus et Auvernier (NE).
Un postulat
basé sur une île vaudoise
Le gouvernement neuchâtelois estime en effet que la création d’îles peut être
envisagée en synergie avec des mesures de revitalisation des rives. Ces travaux
sont au bénéfice de subventions de la Confédération. Cependant, celle-ci n’entre
en matière que pour restaurer ou reconstruire des aménagements existants,
explique le Conseil d’Etat neuchâtelois.
Pourtant, un postulat des Verts neuchâtelois demandait la création d’un chapelet d’îles aux oiseaux. La demande se reposait sur le succès du site de Préverenges (VD). Les deux îles de Vaumarcus sont en effet propices aux migrateurs, mais la proximité des baigneurs en entrave le développement.
Trop de voyages
de barges
Le refus du gouvernement neuchâtelois est aussi étayé pour des raisons techniques.
Cinq sites ont été en effet retenus à Marin-Epagnier, à Serrières et à Bevaix
dans le cadre d’une étude mandatée à un bureau spécialisé. La construction de
ces îles recourt à la création d’un remblai de minéraux calcaires grossiers et
protégés par des enrochements dans la partie les plus exposés aux courants
lacustres. Dans le cas de l’aménagement d’une île de 2500 m² ancrée à moins
de 5 m de profondeur, il faudrait acheminer 12'500 m³ de matériaux
sur site, soit le volume de 55 voyages de barges.
Un lac protégé
contre les matériaux
Le canton de Neuchâtel s’en tiendra à la situation existante, cela pour des
raisons financières. La construction d’une île reviendrait en effet à plus de
deux millions de francs. L’introduction de substances solides dans le lac demeure
en principe interdite, même si des opérations de remblayage sont possibles dans
le cadre de la législation fédérale. Le canton de Neuchâtel n’envisage cependant
pas de tels travaux au dehors de mesures de revitalisation des rives. Mais il
attend de nouvelles directives de la Confédération en matière de subventions
pour se déterminer.