Malley a ouvert le plus grand centre aquatique de Suisse

Avec sa plage de plus de cent mètres de long et ses 6000 mᶟ d’eau, le complexe aquatique de la Vaudoise Aréna s’impose comme une référence nationale. Sportifs d’élite et grand public profitent d’installations exceptionnelles avec notamment deux bassins de natation, dont un olympique, ainsi que d’un plongeoir avec des plateformes allant jusqu’à 10 m de hauteur.

Crédit image: Jean-A. Luque

Les bassins sont revêtus d’une résine coulée aux teintes bleutées, pour s’adapter à leurs différents usages.

Cela valait vraiment la peine d’attendre. Même si le centre aquatique de la Vaudoise Aréna n’a ouvert ses portes au public et aux sociétés sportives qu’à partir du 1er septembre – avec près de 18 mois de retard, dû notamment au Covid – les polémiques, crises et autres tergiversations seront vite oubliées. L’ensemble piscines-plongeoir-jeux d’eau qui longe la voie CFF à Malley est impressionnant de beauté et suscite l’admiration avec ses lignes épurées à la blancheur immaculée.

La Vaudoise Aréna, qui comprend également le centre de glace et l’antre du Lausanne Hockey Club, est un chantier qui aura duré une dizaine d’années de sa conception à sa réalisation. Il a été imaginé et lancée par les politiques avec l’objectif d’être opérationnel pour les Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver 2020 et les championnats du monde de hockey qui n’ont finalement pas eu lieu.

Climats compliqués à gérer
« La logique était d’ouvrir le centre en début d’année scolaire et de nous laisser le temps de tout mettre parfaitement en service, explique Sébastien Baconnier, directeur adjoint de la Vaudoise Aréna et responsable technique. Car si vous pensez que les réglages de la patinoire étaient com-pliqués, ce n’est rien en comparaison de ceux du centre aquatique. Il y a plusieurs climats à gérer : la piscine, les douches, les vestiaires. Le chlore, l’humidité, l’hygiène, l’eau et l’air à coordonner. »

Crédit image: Jean-A. Luque

Le plongeoir et ses différentes plateformes répondent aux attentes du public et des sportifs d’élite.

L’ensemble est impressionnant par son ampleur et son volume. On découvre deux bassins de natation, dont un de dimension olympique de 50 m sur 25 m et l’autre de loisirs de 30 m sur 25 m, ainsi qu’une fosse à plongeon d’une profondeur de 5 m et des plateformes allant jusqu’à 10 m de hauteur. A cela il faut ajouter un espace de détente et une pataugeoire avec des jeux d’eau, ainsi que des gradins de 700 places aménagés pour assister aux compétitions.

La fosse ainsi que les bassins, conçus et réalisés par Myrtha Polls, présentent une flexibilité maximum. Grâce à un mur mobile et divisible, la piscine olympique peut être redimensionnée quasiment à volonté, offrant simultanément des lignes d’eau de 50 m et de 25 m. Le deuxième bassin est lui équipé d’un fond mobile qui, si nécessaire, peut remonter jusqu’à la surface pour accueillir des tribunes. Cette piscine loisirs propose aussi une partie spa avec des lits et bancs massants, des buses et même une petite rivière avec un léger courant.

Signature esthétique
Mais la pièce maîtresse, la signature du centre, est sans conteste le plongeoir. Cette structure en forme de tronc ou d’arbre stylisé tient de l’oeuvre d’art. « Le plongeoir a demandé d’importants efforts, s’exclame l’architecte Antoine Hahne, associé-fondateur du bureau Pont 12. Nous voulions une ligne qui soit esthétique et cohérente avec l’architecture des lieux. Mais il a fallu composer avec les règles très strictes de compétition de la Fédération internationale de natation, qui sont elles-mêmes en désaccord avec les normes de sécurité du BPA. Ensuite, il a encore fallu répondre au défi technique et le construire, coffrer le béton, l’ancrer. Tout a été fait sur mesure. »

« Rien que la taille du complexe est déjà un défi en soi, poursuit Antoine Hahne. Nous sommes dans des dimensions rarement exécutées. C’est le plus grand centre aquatique de Suisse avec une plage de plus de cent mètres. Il y a 6000 m3 d’eau au total. Il a fallu apporter un soin tout parti-culier à l’étanchéité. Cela a nécessité une grosse surveillance au niveau des travaux, pour que les bonnes couches d’étanchéité soient posées dans le bon sens, faire attention à ne rien percer. Il faut être attentif à la diffusion de vapeurs d’eau, à l’équilibre aéraulique, l’écoulement de l’air au niveau de la ventilation, de son traitement, de la climatisation. » De gros monoblocs se chargent de diffuser l’air qui longe les façades et qui est repris par le plafond.

La Vaudoise Aréna est à elle seule un défi climatique hors norme. Trois univers aux antipodes y cohabitent. La patinoire et son ambiance glacée, froide et sèche ; la piscine et son environnement chloré, chaud et humide ; les espaces dévolus au tennis de table, l’escrime et les bureaux qui demandent des conditions tempérées. Ce mix apparemment inconciliable exige une optimisation énergétique des plus pointues.

Même si les centres de glace sont des gouffres énergétiques, l’idée de réunir dans un même lieu patinoires et piscines représente paradoxalement une boucle vertueuse dans laquelle l’énergie est recyclée. En effet, pour fabriquer de la glace, on dégage de la chaleur qui peut être récupérée pour les bassins. Le froid est produit par cinq machines réfrigérantes qui génèrent d’importants rejets thermiques. Ces rejets sont utilisés par deux pompes à chaleur, notamment pour maintenir la température de l’eau requise dans les piscines, réchauffer l’eau sanitaire pour les douches ou chauffer les pièces. Les ingénieurs estiment à quelque 90 % le taux de réutilisation de l’énergie dépensée.

Crédit image: Jean-A. Luque

A l’étage, escrimeurs et pongistes bénéficient d’installations modernes et exclusives.

Le complexe aquatique et les accès aux piscines et vestiaires bénéficient tous d’un chauffage au sol. Pas moins de 10 000 m² de revêtements de sols ont été réalisés et traités. Pour chaque type de surface, selon les contraintes de température ou d’usage, une résine adaptée a été utilisée. « Nous avons voulu éviter le carrelage qu’on voit partout, précise Antoine Hahne. Nous avons d’abord pensé à du bituterrazzo, mais cela s’est avéré trop compliqué et trop cher. Nous avons finalement trouvé la solution chez un fabricant belge qui propose une résine coulée claire avec des éclats bleutés. C’est juste parfait, en cohérence avec les teintes blanches du centre et le bleu aquatique. »

Atout sécurité
Au niveau sécurité, le complexe est équipé de Poséidon. Il s’agit d’un système qui se compose de caméras, certaines intégrées aux parois des bassins, dont les images sont traitées par ordinateur et qui surveille de manière automatisée les nageurs. Il détecte automatiquement les corps inertes. « Le calibrage de ce système va requérir un certain temps, précise Sébastien Baconnier. Mais même s’il alerte les maîtres-nageurs, ce sont eux qui restent toujours notre principal atout sécurité. »

La Vaudoise Aréna dans son ensemble aura coûté quelque 248 millions de francs, mais la répartition est assez difficile à établir tant les espaces sont interconnectés. Grossièrement, le maître d’ouvrage estime que la patinoire a englouti 60 % des fonds, l’environnement piscines 40 %.