Malgré la pollution au mercure, Lonza continue à agrandir son site valaisan
Prise entre construction et dépollution, l’entreprise chimique Lonza s’agrandit en Valais tout en s’engageant à assainir ses sites.
Les scandales liés à l’entreprise de chimie Lonza n’ont pas freiné la croissance du groupe qui annonçait un chiffre d’affaire de plus de 5 milliards en 2017. Lonza agrandit son complexe valaisan de Viège et va investir 400 millions de francs pour ériger deux nouveaux bâtiments, alors que son activité a entrainé le rejet de tonnes de mercure dans le Rhône et le Grossgrundkanal.Un communiqué de presse de Lonza annonce ce jeudi 20 septembre 2018 la construction de deux nouveaux bâtiments qui seront opérationnels à partir de 2020. Ces deux extensions, Ibex Design et Ibex Develop, sont «destinées à répondre à l'évolution des besoins des entreprises de biotechnologie concernant des thérapies, du stade préclinique à la commercialisation», explique jeudi Lonza. Mais, malgré la perspective de création d’une centaine d’emplois et l’argent apporté par la firme, qu’en est-il des tonnes de mercure déversées dans la nature?
La dépollution du mercure, un travail sur la durée
Commencés en 2017, les travaux de dépollution auxquels a été juridiquement contrainte l’entreprise Lonza se déroulent en une série d’assainissements pilotes qui ont permis de vérifier les processus de travail et d'obtenir, pour Lonza, les autorisations nécessaires à son extension. Un total de 3000 m3 de terre contaminée ont été enlevés. Selon le degré de contamination, cette terre a été envoyée en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Suisse pour être traitée. Le principe est de retirer une couche de terre jusqu'à atteindre une profondeur où la proportion de mercure contenue dans la terre est inférieure aux normes admises. Une couche de séparation est ensuite posée pour isoler la partie inférieure du sol. De la nouvelle terre saine remplace la couche prélevée.
Le service cantonal de l’environnement surveille les travaux
Dans les communes de Viège, Rarogne et Turtig, ce sont des centaines de parcelles en zone d'habitation qui ont été contaminées, à des degrés divers, par le mercure. La situation est différente d'une parcelle à l'autre car de nombreux terrains ont été modelés autour des maisons et des villas. La couche de terre à enlever n'a pas partout la même épaisseur. Des échantillons de terre sont analysés après chaque couche retirée. Le projet de décontamination se poursuit sous la surveillance de l’Etat du Valais. Le service cantonal de l'environnement mènera des contrôles indépendants pour vérifier qu'il n'y ait pas de dissémination dans l'air de poussières polluées au mercure. L'Etat a aussi demandé des investigations complémentaires pour délimiter avec plus de précision les surfaces agricoles concernées. Lonza préfinance les investigations et les assainissements «à titre non préjudiciel», précise l'entreprise. Cet engagement financier ne signifie pas que Lonza admet être seule responsable de la contamination.