Les CFF reprennent l’excavation de l’esplanade de la gare de Lausanne
Englué dans les conflits et les retards, le chantier de réaménagement du sous-sol de la gare de la capitale vaudoise va redémarrer le 5 mai. Une commission du Conseil national pointe les responsabilités et les devoirs de chacun des acteurs, chacun en prenant pour son grade. Le dialogue reste le maître mot pour mener le projeté à son terme en 2038.

Crédit image: CFF_SBB_FFS
L’esplanade nord va enfin pourvoir être excavée pour que son sous-sol soit réaménagé.
C’est un gros ouf de soulagement que les autorités vaudoises et lausannoises poussent aujourd’hui. Le chantier souterrain de la transformation de la gare CFF de Lausanne va pouvoir être conduit en bonne entente entre les CFF et l’Office fédéral des transports. La décision du Conseil fédéral met fin à un ping-pong de plusieurs années, en précisant les responsabilités des acteurs de ce projet. Elle confirme en tout point les recommandations formulées en ce début d’année par une commission du Conseil national relative au pilotage de ce dossier, si important pour les transports de la Suisse romande.
Acteurs locaux
aux barricades
Le projet lancé en 2021 en grande pompe sur les quais lausannois a vite pris du
plomb dans l’aile à la suite d’un conflit entre les CFF et l’Office fédéral des
transports (OFT), qui est chargé d’approuver les plans. Celui-ci reprochait au
maître d’ouvrage l’envoi de dossiers incomplets et une planification
déficiente. Le gouvernement vaudois s’en était mêlé, notamment en raison des liens
entre ce chantier d’envergure et son projet de nouvelle ligne de métro m2/m3.
La capitale vaudoise en avait fait de même en ce qui concerne son propre projet
de réaménagement de l’esplanade nord et du quartier sud.
Un double rôle
mal géré
Les commissaires nationaux chargés de la surveillance du projet rappellent que
l’OFT pilote et surveille les
aménagements de l’infrastructure ferroviaire. Les participations des CFF, CFF
immobilier, Ville de Lausanne et canton de Vaud sont réglées par convention. Le
maître d’ouvrage a annoncé un retard de 4 à 5 ans sur le planning initial il y
a deux ans. Le contexte politique, reconnaissent les parlementaires, est difficile.
Mais les retards annoncés, précisent-ils, auraient pu être mieux anticipés.
Notamment en ce concerne l’estimation de la capacité d’accueil de la gare modernisée.
Ensuite, l’OFT joue un double rôle puisqu’il est à la fois chargé du pilotage
du projet et de l’octroi des autorisations. Ce qui n’a pas manqué de déchaîner
les critiques des acteurs cantonaux et locaux. La Confédération aurait dû,
estiment les commissaires, se montrer plus coopérative et moins formaliste dès
l’approbation des plans en 2019. Au lieu de cela, l’OFT a chargé le projet de
toute une série de contraintes, que les CFF n’ont pas pu totalement dissiper.

Crédit image: CFF_SBB_FFS
Sous la future gare, la vie. Mais la création des interfaces multimodales a été retardée pendant de longues années par la Confédération.
C’est donc un manque de soutien au maître d’ouvrage que la commission de surveillance dénonce encore aujourd’hui. Même si l’OFT a fait de son mieux pour assumer son double rôle. Les commissaires recommandent donc que l’organe de pilotage soit mieux protégé des pressions politiques. La conduite stratégique du projet a souffert de nombreux manquements, dus principalement au fait que les CFF étaient en conflit avec l’OFT. La mise en ouvre du projet a ainsi souffert d’^n manque de collaboration entre les différents acteurs fédéraux du projet. Toutefois, malgré ces divergences de vues, la tension est retombée depuis deux ans. La commission demande que cela dure au moins jusqu’à l’inauguration...
Un BIM mal
conduit
Les dossiers fournis à l’OFT par les CFF étaient lacunaires, reprochent les
organes fédéraux impliqués. Pour la commission, il s’agit d’une différence d’appréciation.
Toutefois, elle pointe de nombreuses lacunes en matière de gestion de la qualité
qu’il s’agira de combler à l’avenir. Les CFF sont donc tenus de soumettre leurs
modifications de leurs projets ferroviaires au Département fédéral des
transports. Le conflit né autour de leur projet lausannois a souffert de
plusieurs incompréhensions, portant notamment sur la modélisation en BIM des
aménagements prévus. Ce qui a conduit l’OFT à refuser plusieurs mesures
proposées par le maître d’ouvrage. La commission invite tous les acteurs
utilisant le BIM à faire preuve d’un sens plus aigu du dialogue, l’OFT restant
aux commandes de la numérisation des plans.
Réalisme demandé
pour le calendrier
En ce qui concerne la gestion des retards, la commission n’a pas constaté de
lacunes de la part de l’OFT. Elle en appelle à plus de réalisme, pour permettre
au projet d’avancer selon le nouveau calendrier prévu. Sa décision ouvre de
toute manière le chantier de réaménagement souterrain de l’esplanade et des
quais. Le chantier démarrera le 5 mai. Avec
les aménagements prévus pour la venue du m2/m3 dans le cadre de la collaboration
entre les CFF, les Transports publics lausannois et le canton de Vaud. En
surface, 5000 m² seront réservés aux interfaces multimodales entre vélos,
piétons, voitures et bus. Cela dans le cadre du projet de réaménagement conduit
par la Ville.