12:10 PROJETS

Le Velâdzo de Bulle façonne l’entrée en Gruyère par le train

Teaserbild-Quelle: Jean-A. Luque

La nouvelle gare de Bulle (FR) se veut être la porte d’entrée économique et touristique de la Gruyère. Le déplacement et l’adaptation des anciens quais vers l’ouest de la ville s’est accompagné de la construction d’un bâtiment regroupant centre commercial, hôtel quatre étoiles, services, bureaux et logements. Maître d’ouvrage, les Transports publics fribourgeois ont ainsi amélioré leurs liaisons vers Fribourg et Berne.

Gare de Bulle 1

Crédit image: Photodrone.pro, Pedro Gutiérrez

Avec une gare déplacée de 250 m plus à l’ouest, les Transports publics fribourgeois développent l’accueil des voyageurs et renforcent les atouts économiques de la ville de Bulle.

La reconstruction, 250 m plus à l’ouest, d'une nouvelle gare moderne a fait de Bulle (FR) une vraie porte d’entrée sur toute la région, ainsi qu’un centre économique et hôtelier. Les Transports publics fribourgeois Immobilier (TPF IMMO) en ont également profité pour répondre à l’augmentation de la population par la construction de logements.

C’est un vaste chantier qui se termine cet automne au cœur de la Gruyère. A la fois immobilier et ferroviaire, le projet de réaménagement de la gare de Bulle joue sans cesse sur les atouts régionaux et la modernité. Que ce soit dans l’emploi des matériaux de construction ou pour répondre aux exigences actuelles du transport de voyageurs.

« Tout est parti des nouvelles dispositions de la Loi fédérale pour l’accès aux handicapés (LHand), explique Alain Barras, responsable TPF de ce projet de réaménagement. Très vite, nous avons constaté que l’agencement courbe de l’ancienne gare ne nous permettait pas de construire des infrastructures adaptées aux nouvelles dispositions légales. Il a fallu envisager de déplacer les installations de 250 m pour mieux les reconstruire. »

Un tel projet en a déclenché d’autres. Mais le terrain retenu pour la nouvelle gare et son futur développement immobilier était pollué. Abritant d’anciens garages et de nombreuses citernes, il a d'abord fallu l’assainir. Des travaux préparatoires qui  ont duré plusieurs mois, et ont nécessité l'évacuation de 87 000 tonnes de terre. Différents partenariats ont pu être conclus pour faire de l’endroit cette porte d’entrée sur une région aux atouts touristiques exceptionnels. Le chantier proprement dit a commencé un peu plus à l’ouest du nouveau site. Il a en effet fallu transformer et agrandir le dépôt ferroviaire de Planchy. Pour augmenter la cadence des rames à  30 minutes.

Bâtiment historique préservé
Les TPF restent très attachés au cachet des paysages gruériens, même s’ils doivent moderniser leurs installations. La nouvelle gare de Bulle est ainsi construite à côté d’un bâtiment historique, baptisé la Remise. « Nous ne pouvions pas y toucher, précise Alain Barras. C’est pour cette raison que les nouveaux quais ne sont pas complètement rectilignes. Il a fallu bâtir une nouvelle gare légèrement courbe. »

Gare de Bulle 3

Crédit image: Jean-A. Luque

La Voie verte permet aux piétons et aux cyclistes de partir à la découverte de la région depuis les quais.

Les nouvelles infrastructures ferroviaires bulloises comprennent donc deux nouveaux quais centraux et deux latéraux conçus pour trois voies normales et quatre voies étroites. « Nous avons dû réunir deux systèmes ferroviaires, avec des électrifications différentes de 900 KV et de 15 KV sur un tronçon commun », explique encore le chef de projet. Tout cela pour à la fois augmenter la capacité de la ligne RER Fribourg-Romont-Bulle et desservir les liaisons vers l’Intyamon et la fabrique Cailler de Broc, dont l’attractivité touristique n’est plus à démontrer. Dès lors, sur le site de l’ancienne gare, les deux écartements des voies se fondent par un simple aiguillage et deux sous-stations électriques, pour réunir les voies métriques et normales du réseau. Soit un dispositif bien éloigné des transbordements de voyageurs du passé.

Le réaménagement de la gare de Bulle s’inscrit dans un vaste programme de rénovation des arrêts et des liaisons ferroviaires de la Gruyère. Il sera ainsi possible d’embarquer à la gare de Broc Fabrique pour rejoindre Berne sans changer de train. Un atout de développement touristique indéniable, que les TPF entendent exploiter. Pour y arriver, des hélicoptères ont posé en juillet de cette année les mâts de la nouvelle ligne entre la nouvelle gare et le village de Broc.

Des quais plus longs
La longueur des quais de la nouvelle gare de Bulle a été portée à 150 m pour permettre le passage de train à double composition. L’un d’entre eux est même plus long pour gérer le stationnement des convois. Un cheminement piétonnier et  cyclable, appelé Voie verte, permet de relier sur 1,6 km la gare à la zone industrielle de Planchy, à l’ouest de la ville, à la région environnante. Une vélo-station de 300 places complète le tout.

Gare de Bulle 2

Crédit image: Jean-A. Luque

Le bois est omniprésent en Gruyère. Cela jusque sous les marquises de la nouvelle gare de Bulle, revêtues de fines lamelles.

Les marquises posées sur les nouveaux quais rappellent immédiatement que la Gruyère est un pays de bois et forêts. La partie inférieure de leur coiffe est ainsi faite de petites lattes imbriquées qui évoquent e charme des chalets. Un cachet savamment entretenu par ailleurs dans diverses haltes de l’Intyamon ! Le bois se retrouve également dans les sous-plafonds du passage inférieur qui donne accès aux quais bullois. Ainsi que sous les parties couvertes des rampes accessibles aux personnes à mobilité réduite par une pente de 6 %. Deux ascenseurs complètent le dispositif LHand des installations ferroviaires.

Un village gruérien
Passée la place de la gare, dont les travaux se termineront à la fin de cette année, le piéton entre dans un cadre architectural plus minéral, amorcé par les arrêts de bus pour MOBUL (Association des communes de Bulle, Le Pâquier, Morlon, Riez et Vuadens) et surtout par un nouveau bâtiment proposant une mixité de programmes, comme des commerces, des services, un hôtel et des logements. TPF IMMO développe un concept immobilier basé sur le village : Velâdzo en patois fribourgeois. Le bois commence à faire son apparition dans ce type de projets de développement, notamment à Estavayer-le-Lac. Mais la construction du Velâdzo de Bulle, qui a commencé antérieurement, reste basée sur le béton armé et les éléments métalliques.

Le bâtiment propose un socle et deux volumes émergents qui jouent avec le paysage gruérien authentique. Ces derniers entourent une cour intérieure végétalisée, espace de rencontres pour les résidents. Le chantier a été marqué par une coordination complexe avec les travaux de la nouvelle gare et de ses espaces publics. A titre d’exemple, une partie de l’ouvrage passe sous le quai 1 et la Voie verte. Pour réussir ce tour de force d’allier divers projets de construction, le BIM s’est révélé indispensable. L’architecte et les différents corps de métier engagés ont ainsi produit plus de 1000 IFC.


Gare de Bulle 4

Crédit image: Jean-A. Luque

La place haute végétalisée du Velâdzo permet aux habitants, aux clients de l’hôtel et aux enfants de se côtoyer en toute sécurité.

Le bâtiment propose un socle et deux volumes émergents qui jouent avec le paysage gruérien authentique. Ces derniers entourent une cour intérieure végétalisée, espace de rencontres pour les résidents. Le chantier a été marqué par une coordination complexe avec les travaux de la nouvelle gare et de ses espaces publics. A titre d’exemple, une partie de l’ouvrage passe sous le quai 1 et la Voie verte. Pour réussir ce tour de force d’allier divers projets de construction, le BIM s’est révélé indispensable. L’architecte et les différents corps de métier engagés ont ainsi produit plus de 1000 IFC.

La base du bâtiment, surmontée en partie d’une verrière renforcée par une structure métallique, est composée d’un parking souterrain et d’une galerie de commerces. Par exemple, foodleader, fromagerie, chocolaterie, magasin en vrac, fleuriste et restaurants. Sans compter les bureaux d’accueil touristique et la billetterie des TPF. Une crèche sera aménagée au premier étage. En cours de chantier, TPF IMMO a modifié l’affectation des chambres du dernier nieau de l’hôtel. « Nous avons travaillé en concertation avec l’exploitant hôtelier », explique Mariève Prudat, cheffe de projet à TPF IMMO. Nous avons ainsi tenu compte de son souhait de disposer de plus de surface pour son lobby et d’être en liaison avec le centre commercial. Nous la lui avons mise à disposition en empiétant sur ce dernier ». L’accès à l’hôtel se fait par un sas et un ascenseur indépendant. L’établissement compte 68 chambres aux orientations diverses. Au dernier étage prend aussi place un restaurant bistronomique, indépendant de l’hôtel, ainsi que deux salles de réunions pour différents acteurs économiques, sociétés locales ou privés. Et, au sommet, le premier roof-top fribourgeois offre une vue imprenable sur la ville et la Gruyère.

Au cœur du Velâdzo, la cour intérieure  est largement végétalisée. Elle est flanquée de deux ailes comprenant la crèche, les bureaux, l’hôtel et 76 logements non subventionnés allant du studio aux quatre pièces et demie. Les appartements sont presque tous traversants, pour offrir un dégagement sur la ville et la campagne environnante. Les sols sont faits de bois pour leur donner un cadre chaleureux. Le chauffage du Velâdzo est relié au réseau à distance de Gruyère Energie SA et utilise principalement le bois. Toutefois, l’enveloppe thermique du bâtiment et le système de ventilation permettent d’en réduire les coûts énergétiques. Parallèlement, un système de revalorisation des rejets des installations frigorifiques du centre commercial permet de récupérer de la chaleur pour la production de l’eau chaude sanitaire des logements. Les premiers locataires des appartements ont emménagé au printemps dernier et l’ensemble répond à la clause du besoin exprimée par la ville de Bulle.

En repensant totalement sa gare, les trois hectares de la place qui la borde et son voisinage, Bulle et les TPF se dotent ainsi d’un rôle d’accueil touristique de tout premier plan. Il a en particulier fallu requalifier certains axes routiers existants et favoriser la mobilité douce aux abords des quais. La cité gruérienne a bien besoin d’améliorer ses infrastructures de transport, elle qui table sur une agglomération actuellement peuplée de 34 000 habitants, tout en entretenant le charme de l’authenticité de la Gruyère. Et son développement économique. Pour les TPF, il s’agit d’accueillir dignement les 8000 voyageurs attendus chaque jour l’an prochain aux portes de la région.

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