Le projet d’écoquartier les Grand Prés à Montreux échauffe les esprits
Plus de dix ans déjà, que le projet immobilier des Grands Près sur les hauteurs de Montreux essaie de percer et de convaincre les riverains. Une mise à l’enquête complémentaire jusqu’au 14 février suscite toujours autant de polémique.
Crédit image: BRÖNNIMANN & GOTTREUX ARCHITECTES / DR
L’écoquartier des Grands Prés prévoit 11 immeubles à l’horizon 2025 pour accueillir un peu plus de 500 nouveaux habitants. Le complexe, dont la forme des immeubles évoque des neurons, prévoit 232 appartements, avec un parking souterrain de 260 places, des commerces, un espace communautaire et une crèche.
Les 2,5 hectares des Grands Prés à Montreux sont idéalement situés. A quelques centaines de mètres à peine de l’entrée d’autoroute, ils jouxtent le stade d’athlétisme et le complexe sportif de la Saussaz. Au pied des Bosquets de Julie, chers à Jean-Jacques Rousseau et habités par quelques privilégiés millionnaires, la parcelle borde la Route de Chailly. Et depuis des décennies, les promoteurs rêvent d’en tirer parti. Il avait même été question d’en faire le site de l’Hôpital Riviera-Chablais…
Levée de boucliers
Originalement
nommé Les Grand Prés, un écoquartier – c’est dans l’air du temps – tente depuis
une dizaine d’années de sortir de terre. La Commune de Montreux, propriétaire
des terrains, et les deux des investisseurs institutionnels principaux (Retraites
Populaires et la Société coopérative immobilière de Montreux) ont présenté
l’ultime version de leur projet, à l’occasion de la dernière mise à l’enquête
complémentaire qui court jusqu’au 14 février 2022. En effet, la mise à
l’enquête initiale, il y a près de deux ans, avait été combattue par une
vingtaine d’oppositions et une pétition de 600 citoyens.
Le futur quartier prévoit 11 immeubles à l’horizon 2025 pour accueillir un peu plus de 500 nouveaux habitants. Il comptera 232 appartements, dont la moitié seront destinés à des loyers modérés et abordables. 70% d’entre eux seront des 2,5 et 3,5 pièces. Dans sa dernière mouture, des façades ont été redessinées côté route de Chailly, pour des raisons de protection acoustique, la mobilité douce a été améliorée, l’accès au parking souterrain corrigé et un autre parking enterré a été abandonné.
Les neurones s'échauffent
Le projet des
Grands-Prés est le fruit d’un concours international qui avait réuni une
trentaine d’architectes. Sous le nom de Synapsiedlung – contraction de synapse
et de Siedlung (lotissement, en allemand) –, le projet lauréat du bureau
italien LRA propose un ensemble de bâtiments à trois branches, comme autant de
connexions entre des neurones symbolisant les lieux de sociabilisation. La
mixité sociale – c’est là aussi dans l’air du temps – est bien sûr au cœur de
ce projet. Tout comme l’alimentation à 100% en énergie renouvelable, le label
Minergie-P-Eco et la certification Site 2000 watts.
Dernier poumon vert
Les opposants
au projet dénoncent le bétonnage à tout va, la suppression du dernier poumon vert
en périphérie de Montreux et le trafic supplémentaire généré sur une artère aux
limites de sa capacité aux heures de pointe. Ils s’insurgent contre ces
«constructions indigestes au maximum de la densité autorisée» et un complexe
aussi « disproportionné » que « superflu ».
Pression immobilière
Pour les maîtres
d’ouvrage, en revanche, «ce futur écoquartier accueillant répond à la demande,
car il est actuellement difficile de trouver des loyers à des prix raisonnables
à proximité du centre de Montreux. Le taux de vacances pour cette typologie
d’appartements est extrêmement faible.» Avec une épée de Damoclès au-dessus de
la tête des Montreusiens, à en croire le municipal de l’Urbanisme, Caleb
Walther : «Si nous refusons éternellement de construire, la pression immobilière
et les coûts des loyers vont augmenter à terme à Montreux, ce qui n’est pas
forcément enviable en termes de qualité de vie.»
Le coût du projet est estimé à plus de 100 millions de francs. Situé le long de la route de Chailly, le terrain, propriété de la Commune, est mis à disposition sous forme de droits distincts permanents (DDP) pour une durée de 99 ans. Si le permis devient exécutoire rapidement, le chantier pourrait démarrer à l’automne. Durée prévue des travaux : 30 mois.