Le canton va sauver le Théâtre de l’Alcazar
Après des années de tergiversations, le Canton de Vaud se saisit du dossier du Théâtre de l’Alcazar de Montreux, classé en note 1 aux Monuments et sites. Les travaux ont été stoppés depuis bientôt deux ans car il manque trois millions de francs au propriétaire héritier pour les mener à bien.
Pas simple pour Patrick Régné, fils héritier et curateur de Dad régné, de trouver les fonds pour réaliser la restauration du Théâtre de l’Alcazar. L’édifice date de 1894 et avait été acquis par son père en 1979. Des échafaudages recouvrent le bâtiment mais les travaux entrepris pour un montant estimé à 7.5 millions de francs au total sont à l’arrêt depuis vingt mois car le propriétaire ne parvient pas à financer les 3 millions manquants. Or, les œuvres d’art, peintures néobaroques et stucs se dégradent de jour en jour, ce que le canton ne peut accepter.
Le département cantonal entre en scène
«Nous sommes contraints de prendre des mesures afin de préserver ce patrimoine ainsi que nos droits», explique Pascal Broulis, conseiller d’État. La protection des bâtiments classés relève, en effet, de la responsabilité de l’Etat. Le théâtre construit par l’architecte suisse Eugène Jost, à la Belle Epoque, souffre d’infiltrations d’eau et la première mesure d’urgence consiste à exécuter dès ces prochains jours de janvier, une structure en bois pour remplacer les échafaudages actuels afin de protéger l’ensemble des dégradations dues à l’humidité.
«Des propositions vont être adressées au propriétaire, ajoute Laurent Wehrli, syndic de Montreux. Il n’a guère d’autres choix que de trouver rapidement l’argent nécessaire ou de vendre son immeuble. S’il n’y parvient pas, l’État ou la Ville étudieront la possibilité d’acquérir cet édifice. Avec l’aval du Conseil communal pour ce qui nous concerne. Mais il n’est pas acquis que nos élus acceptent cet achat, au vu des investissements que la Commune a déjà décidé.»
Un restaurant, des locaux commerciaux et cinq appartements
Les travaux seront entièrement financés par le Canton. «Mais celui-ci se retournera contre le propriétaire via une hypothèque légale pour récupérer les montants dus», précise Laurent Wehrli. Si l’État et la Ville de Montreux poursuivent les démarches afin de pouvoir mener à bien la réfection de ce patrimoine, c’est aussi pour sa richesse historique. L’impératrice Sissi valsait dans ses murs et dans la grande halle, une collection de calèches de belle facture rappelle les joies de la Belle Epoque sur la Riviera vaudoise. Outre le théâtre, l’immeuble abrite un restaurant, des locaux commerciaux et cinq appartements.