La villa Barton et ses cinq pavillons inscrits au patrimoine historique genevois
Occupant de la villa Barton de Genève et de ses cinq pavillons, l’Institut des hautes études internationales du développement (IHEID) peut ajouter une touche patrimoniale à ses bâtiments. Ces derniers sont en effet à l’inventaire des immeubles cantonaux dignes d’être protégés.
Crédit image: Barbara, Wikimedia Commons, domaine public
Le Conseil d'Etat a classé l'ensemble des éléments de décor ainsi que le mobilier des deux salons de la villa.
La villa Barton et les cinq pavillons faisant partie de son domaine vivent des rénovations et des transformations depuis deux ans. Dans le cadre de l'examen de la requête en autorisation pour la rénovation intérieure des bâtiments du Parc Barton et la pose de panneaux solaires sur la toiture, la Commission des monuments, de la nature et des sites (CMNS) a demandé le déroulement d' une procédure de classement visant l'ensemble des éléments de décor et de mobilier attribués au sculpteur ornemaniste Jean Jaquet installés dans la villa. De plus une procédure d'inscription à l'inventaire des cinq pavillons réalisés par les architectes Gaillard en 1961 a été lancée et vient d’aboutir positivement.
A l’origine, la
Villa Lammermoor
En 1858, Sir Robert Peel, fils de ministre anglais, rachète à Jean-Pierre
Philippe Dunant le domaine de Sécheron. Le Britannique procède à
l'agrandissement de la maison d'origine, la transforme en pittoresque cottage
anglais et la baptise «Lammermoor».
Il installe un peu plus tard, dans l'aile sud du bâtiment, un ensemble de décors provenant d'un immeuble rue de Chantepoulet 25, la «Maison Roux». Selon les sources, ces décors auraient été acquis par l'architecte Marc Camoletti vers 1887. Un examen d'un plan d'élévation du salon de la maison Roux conservés au Musée d'art et d'histoire confirme qu'une partie de ces boiseries correspondent bien à celles de Sécheron et qu'elles pourraient provenir de l'appartement de cinq pièces situé au deuxième étage de la maison, le seul bénéficiant d'un balcon. Mais l'ensemble provient probablement de plusieurs pièces reconstituées, en partie complétées et en tous les cas ajustées à leur nouvel emplacement.
Crédit image: Ville de Genève: BGE / CIG, IHEID
La «Maison Roux», construite entre 1791 et 1792, propriété d'un peintre en émail David Étienne Roux, est inscrite à l'inventaire depuis 1986.
Décédée en 1935, la dernière propriétaire du domaine de la villa Barton, Alexandra Peel-Barton, institue la Confédération héritière du domaine à condition que la propriété ne soit jamais partagée et que les arbres restent dans leur état actuel sans être coupés. Au fil des ans la maison de maître est surélevée et totalement réaménagée. Elle abrite depuis des salles de cours, la bibliothèque et l'administration de l’Insittut des hautes études internationales du développement (IHEID).
Crédit image: Ville de Genève: BGE / CIG, IHEID
Le bureau du directeur de l'institut: la richesse du décor et la qualité des reliefs sont remarquables.
La première pièce adjacente au hall d'entrée est dédiée au bureau du directeur de l'Institut. Le salon comporte corniches, cheminée, trumeaux sculptés, colonnes cannelées, consoles, miroirs, dessus de portes et portes à deux ventaux. Un examen attentif permet cependant de relever que les parois du côté de la grande porte et de la fenêtre semblent être une interprétation des motifs usuellement employés par Jaquet. Cette partie des panneaux aurait été conçue pour compléter le décor.
Crédit image: Ville de Genève: IHEID
Les cinq pavillons du parc Barton ont fait l'objet de transformations qui n'ont toutefois pas dénaturé leur qualité architecturale.
A la fin des années 1950, parallèlement aux travaux de transformation de la villa Barton, le bureau d'architectes André et Francis Gaillard développe un projet de cinq pavillons s'implantant au sein du parc 4, prenant en compte l'obligation de ne pas abattre d'arbres et cherchant une circulation propre aux activités de l'Institut au sein d'un parc désormais public. Le programme prévoyait une salle de conférence de 120 places environ, une salle de séminaire pouvant service d'extension de la grand salle, 50 places supplémentaires, un club-cafétéria, 15 chambres pour étudiants-boursiers avec un cabinet de toilette chacun, une conciergerie.
Les architectes Gaillard prennent le parti de répartir le programme dans cinq petits volumes implantés dans la pente douce et de les placer en dehors de la circulation générale, de manière à donner aux étudiants la possibilité de jouir du parc sans être importunés. Le système constructif des cinq bâtiments est analogue sur une base de béton brut, les structures sont en bois collés, les façades constituées librement de panneaux lambrissés et de panneaux de verre.