La restauration de la tourbière jurassienne de la Gruère réactivée
Le canton du Jura investit 5,3 millions de francs dans un programme de revitalisation de l’écosystème tourbeux de l’étang de la Gruère et améliorer ses infrastructures touristiques. Un nouveau chantier va s’atteler à restaurer le site en comblant les drains et en créant des plans d’eau pour favoriser la biodiversité.
Crédit image: Canton du Jura
Des travaux de revitalisation des milieux tourbeux ont déjà été entrepris en 2018 sur le site de la Gruère. Le gouvernement jurassien continue à mettre en œuvre un plan de restauration de ce site hautement naturel et touristique.
Le canton du Jura estime que le site naturel de l’étang de la Gruère peut à la fois préserver son écosystème d’importance nationale et ses infrastructures d’accueil de ses visiteurs. Pour 5,3 millions de francs, il développe ainsi un programme de revitalisation, en voulant adapter le plan de zone de la commune de Saignelégier et réaliser des installations touristiques de haute qualité. Les travaux redémarrent sur place, dans un écrin naturel aussi protégé que fréquenté.
Réserve naturelle incomparable
Le site de l’étang de la Gruère a été promu «réserve naturelle» dès 1943. Il bénéficie du statut d’importance nationale dans le cadre de cinq inventaires fédéraux liés à la protection de la nature et du paysage, et fait également partie du réseau européen « Emeraude ». Sa richesse et sa beauté exceptionnelles suscitent l’admiration et attirent plus de 150'000 visiteurs par année.
Des valeurs partimoniales
Le site présente aussi une valeur patrimoniale indéniable. L’étang a été créée au XVIIe siècle pour fournir l’énergie hydraulique nécessaire à l’exploitation d’un moulin, puis d’une scierie. Cette installation a fonctionné jusqu’en 1952. Pour alimenter l’étang, puis la scierie et le moulin, de profonds canaux de drainage ont été creusés dans le haut-marais, perturbant et asséchant ce dernier.
L’eau, source de vie
La tourbière, qui s’étend sur quelque 80 ha, est une des plus grandes d’un seul tenant de Suisse. Sa sauvegarde et sa restauration sont primordiales à plusieurs égards. Les milieux humides de Suisse abritent à eux seuls la moitié des espèces menacées du pays, comme des batraciens, libellules et plantes carnivores. D’autre part, les hauts-marais jouent un rôle important au niveau climatique. En effet, lorsque la tourbe n’est plus immergée, elle se minéralise au contact de l’air et libère ainsi une quantité non négligeable de gaz carbonique. Par contre, lorsque le milieu est à nouveau gorgé d’eau, il séquestre le même gaz via la croissance des végétaux et leur accumulation dans le sol au fil du temps. La tourbière retrouve ainsi son rôle naturel de puits de carbone.
Tourbe pour boucher les évacuations
Les travaux, qui débute, consisteront principalement à prélever de la tourbe à certains endroits bien choisis pour combler les drains et neutraliser leur effet. Des palissades en bois seront enterrées en travers des drains pour retenir la tourbe mise en place. De plus, chaque zone de prélèvement de tourbe sera façonnée de manière à y créer un plan d’eau, élément favorisant la biodiversité du milieu. Pour permettre aux machines de chantier de circuler et de prélever la tourbe, des coupes forestières ont été réalisées au préalable. En théorie, tout cela semble relativement simple, mais la sensibilité du milieu requiert des techniques de travail et des équipements très particuliers.
Le montant total de l’ensemble des travaux de restauration est devisé à plus de 5 millions de francs, crédit accepté par le Parlement jurassien. Les travaux sont financés à 75% par la Confédération et soutenus par plusieurs institutions et fondations. Ils s’échelonneront sur 4 années et s’achèveront donc par une dernière étape en 2027.