La future centrale électrique bernoise du Trift prend encore du retard
Les organisations de protection de l'environnement Aqua Viva et Grimselverein ayant déposé un recours, la construction du nouveau barrage et de la centrale électrique en aval du glacier du Trift, dans l’Oberland bernois, est une nouvelle fois reportée. Les Kraftwerke Oberhasli (KWO) s'attendent à des retards d'au moins deux ans.
Crédit image: KWO/ David Birri
Kraftwerke Oberhasli AG (KWO) prévoit la construction d'un nouveau lac d'accumulation et d'une centrale hydroélectrique dans la région du Trift dans le Gadmental, à proximité du Grimsel.
D'ici 2040, la Confédération souhaite générer au total 2 TWh d'électricité hivernale supplémentaires grâce au développement de l'énergie hydraulique. Notamment par la construction d'un nouveau barrage, et de la centrale, dans l’Oberland bernois. A l’origine du projet, les Kraftwerke Oberhasli (KWO) veulent produire au total 145 GWh d'électricité supplémentaire à partir des énergies renouvelables. Mais surtout, la future centrale pourra stocker 215 GWh d'énergie supplémentaires. KWO pourra ainsi utiliser l'eau produite, surtout en hiver, lorsque l'électricité est disponible.
15 projets retenus
Selon
l'entreprise énergétique, la construction d'un nouveau barrage et d'une
nouvelle centrale sur le Trift fait partie des 15 projets identifiés par la
«Table ronde sur l'énergie hydraulique» comme étant les plus prometteurs sur le
plan énergétique et pouvant être mis en œuvre avec le moins d'impact possible
sur l'agriculture. Par ailleurs, les KWO rappellent que le décret sur le
manteau énergétique adopté par le Parlement l'automne dernier stipule que
l'énergie hydraulique doit représenter la plus grande part du développement des
énergies indigènes.
Préserver un joyau
naturel
En juin 2023, le Grand Conseil bernois a créé la base légale pour le projet de
construction et a approuvé les modifications correspondantes de la concession.
Entre-temps, le délai référendaire a expiré sans avoir été utilisé. Mais
l'organisation de protection des eaux Aqua Viva et l'association du Grimsel
contestent à présent la concession auprès du Tribunal administratif bernois, causant ainsi un retard d’au moins
deux ans. Elles veulent préserver le «joyau naturel qu'est le Trift» comme
expliqué dans un communiqué de presse.
Menaces pour la biodiversité
Les deux organisations environnementales
mettent
en garde contre le fait que la centrale hydroélectrique prévue avec un lac de retenue détruira complètement la
région. «Les résultats des études scientifiques existantes doivent être
examinés sérieusement et pris en compte dans la pesée des intérêts» critique la
directrice d'Aqua Viva. «Comparé à la perte de nature et de paysage, l'avantage
du projet hydroélectrique en termes d'économie d'énergie est faible». Selon
Aqua Viva et l'association du Grimsel, les études ont par exemple permis
d'identifier 58 insectes aquatiques dans la région du Trift qui perdront leur habitat
à cause du projet. Dont entre
autres deux espèces de la liste rouge et dix espèces potentiellement menacées.
Les études ont prouvé que la zone du Trift remplissait les critères
d'inscription à l'inventaire fédéral des zones alluviales. Aqua Viva et
l'association du Grimsel reprochent au canton de Berne de ne pas avoir tenu
compte des études prouvant que la zone mérite d'être protégée lors de la pesée
des intérêts en lien avec l'octroi de la concession.
Les associations environnementales impliquées
Selon le directeur de KWO, les recours des associations environnementales sont
diamétralement opposés à l'orientation du Parlement et du Conseil fédéral, qui
veulent accélérer le développement des énergies renouvelables et raccourcir les
procédures.
Lors de l'élaboration des documents de concession pour le projet Trift, KWO avait impliqué différents groupes d'intérêt dans le cadre d'un processus d'accompagnement à grande échelle. Il s'agissait notamment des grandes associations environnementales Pro Natura, WWF, la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage, le Club alpin suisse (CAS), la fédération cantonale de pêche et les communes de la région. Ensemble, ils s'étaient alors engagés à prendre d'importantes mesures écologiques de remplacement et de compensation, explique la KWO.
Selon l'entreprise énergétique, tant l'association du Grimsel que l'organisation de protection des eaux Aqua Viva avaient alors sciemment renoncé à participer au processus d'accompagnement. Comme Aqua Viva dispose, en tant qu'organisation nationale, du droit de recours des associations, elle peut déposer un recours contre la concession jusqu'au Tribunal fédéral.