La décharge valaisanne de Lonza de Gamsenried plus polluée que prévu
Le groupe pharmaceutique Lonza sous-estime le potentiel de pollution de sa décharge de déchets chimiques de Gamsenried, près de Brigue (VS). Telle est la conclusion d'une expertise révélée par des associations environnementales. Elles exigent un assainissement de la décharge d'ici 15 ans.
Crédit image: AefU
Lonza SA est accusée d'avoir sous-estimé le potentiel de pollution de sa décharge de déchets chimiques de Gamsenried, près de Brigue.
Lonza SA sous-estime le potentiel de pollution de sa décharge de déchets chimiques de Gamsenried près de Brigue (VS), selon un communiqué commun publié jeudi par les Médecins en faveur de l'environnement (AefU), le Groupe haut-valaisan pour l'environnement et les transports (OGUV), Pro Natura Haut-Valais et le WWF Haut-Valais. Les organisations ajoutent que la quantité de benzidine dangereuse qui s’écoule dans le Rhône pourrait notamment être bien plus importante que prévu. .
Le constat émane en fait d’une expertise du groupe pharmaceutique lui-même portant sur une évaluation des risques de pollution des sols de la vallée du Rhône. Les organisations qui ont publié ce document exigent un assainissement définitif de la décharge d'ici 15 ans. La benzidine s'écoule de la décharge dans la nappe phréatique, la pollue sur une grande surface et la charge bien au-delà des valeurs limites. Selon les organisations environnementales, c'est principalement cette substance toxique qui fait de la décharge un risque. Les 153 kg de benzidine révélés par le document ne représentent cependant une très infime partie des matériaux en décharge, mais ce produit est hautement toxique.
Plus grandes
quantités attendues
Les défenseurs de l’environnement soulignent en outre la répartition largement
inconnue du matériau, ce qui rend la recherche dans l'immense décharge très difficile.
Jusqu'à présent, cette substance n'a pas été analysée dans toutes les zones du
site de Gamsenried et pourrait ainsi s’y trouver dans des proportions plus de
deux fois supérieures. Jusqu'à présent, Lonza n'a analysé en moyenne qu'un
échantillon par 7'550 à 9'450 t de contenu de décharge. Les associations environnementales estiment donc que l’entreprise
pourrait négliger des nids de pollution ou ne les découvrir que pendant les
travaux d'assainissement. Il s'agit, demandent-elles, d'éviter ces deux situations.
Lonza doit par conséquent intégrer de plus grandes quantités de benzidine dans sa planification globale d'assainissement et d'en montrer les conséquences pour les travaux ainsi que pour la surveillance qui les accompagne. Ce n'est qu'ainsi que le "risque toxique" pourra être géré. Il en va de même pour le "4-aminobiphényle", une substance moins répandue mais également cancérigène.
Selon les associations, toutes ces substances nocives pollueront tôt ou tard la nappe phréatique et deviendront un danger pour les captages d'eau potable de la vallée du Rhône. C'est pourquoi il ne peut être question d'une «situation stable du mercure dans le corps de la décharge », comme l'écrit la Lonza dans son rapport.
Un long assainissement
Lonza voulait récemment se donner encore plus de 50 ans pour achever
l'assainissement, constatent les associations. Dans l'évaluation des risques,
il n'est plus question que de plusieurs décennies. Or, l'ordonnance sur les
sites contaminés est entrée en vigueur en 1998. Depuis lors, le groupe retarde
les travaux de nettoyage à Gamsenried, bien qu'il soit au courant depuis 2008
de la présence problématique de benzidine dans la décharge.
Selon Lonza, le début de la première phase d'assainissement de la décharge de Gamsenried est prévu pour 2023 ou 2024 et devrait durer environ dix ans. L'entreprise a provisionné 290 millions de francs à cet effet. Lonza estime que ce montant couvrira la majeure partie des coûts totaux d'assainissement.