Justo, 92 ans, construit une cathédrale en matériaux de récupération
Sans architecte ni plan, Justo Gallego Martinez, 92 ans, travaille seul à l’édification d’un monument religieux depuis 53 ans. L’homme n’a pas un sou mais bâtit avec des matériaux de récupération. Quand il a commencé, personne n’y croyait, pourtant aujourd’hui, l’étrange bâtisse, située près de Madrid, s’élève à 30 mètres de hauteur.
Jeune homme, Justo souhaitait entrer dans les ordres mais la tuberculose l’en a empêché. Toutefois, sa rémission après huit années de lutte contre la maladie reste pour lui le signe d’un miracle. Voilà désormais plus d’un demi-siècle que ce seul et même homme construit une cathédrale à l’architecture étrange. Situé dans le village de Majorada del Campo dans la banlieue madrilène, le monumental édifice religieux est l’œuvre de Justo Gallego Martinez. Placée au beau milieu de la ville, la Cathédrale de Nuestra Senora del Pilar, encore inachevée, surprend par ses dimensions impressionnantes: une surface de plus de 8000m² répartie sur cinquante mètres de long, et une hauteur qui culmine à trente mètres!
Les piliers sont des pots de peinture cimentés
Sur ses propres terres et grâce à son très modeste financement, il s’est attelé à la construction de cette immense chapelle en s’inspirant d’autres bâtiments religieux. Il a utilisé des briques et tuiles récupérées des usines à proximité, des bidons d’essence, des armatures en fer, boîtes en carton et seaux de peinture.
Pourtant la bâtisse, édifiée de bric et de broc, est belle et abrite une vaste salle paroissiale, de nombreuses colonnes et vitraux, un cloître et une crypte, un immense dôme et même un baptistère, spécificité architecturale chrétienne. Ses couleurs vives apportent une ambiance lumineuse, et l’allure hétéroclite du bâtiment lui confère un style unique.
Le ministère de la culture devrait préserver le lieu
Agé de 92 ans, le vieil homme est parfois aidé par l’un de ses neveux et un ouvrier. Avant son grand départ, l’homme souhaite, par sa construction, laisser un témoignage: «avec la foi et la persévérance, on peut faire de grandes choses». Et il est vrai que depuis quelques années, la cathédrale de Justo gagne en renommée et les visiteurs s’y rendent de plus en plus nombreux pour admirer l’envergure du travail accompli. La visite est gratuite mais une pancarte affiche sans équivoque qu’en l’absence de normes de sécurité, le visiteur est seul responsable en cas d’accident.
Afin de sauvegarder ce patrimoine hors du commun, le Ministère de la Culture a été sollicité et devrait vraisemblablement entrer en jeu afin de fournir des aides pour la sécurisation du bâtiment. Le futur propriétaire des lieux sera l’Église catholique, à laquelle Justo Gallego souhaite faire don de sa construction.