« Une zone agricole moins rognée et une zone à bâtir plus exploitée »
L’urbanisation de Cointrin est lancée avec deux déclassements acceptés mercredi par les députés, qui ont aussi voté le nouveau plan directeur 2030.
Le Grand Conseil s’est prononcé mercredi sur deux dossiers majeurs pour le futur développement de Genève. Il a d’abord accepté deux déclassements de zone villas en zone de développement touchant Cointrin Est et Cointrin Ouest, à deux pas de l’aéroport, avec 70 oui, 23 non et 2 abstentions.
C’est ensuite le plan directeur cantonal 2030 qui a été validé par les députés, permettant de lever les réserves qu’avait émises la Confédération sur le plan d’origine: 67 oui contre 26 non.
Densifier pour plus de logements, ou plus d’impôts?
Difficile de distinguer, parmi les défenseurs de la densification, toutes confessions politiques confondues, lesquels sont intéressés par l’appât du gain (immobilier et fiscal) et lesquels sont réellement préoccupés par l’aspect social d’un accès au logement, et par la protection de l’environnement. On trouve des écologistes pour et contre la zone villas. Quant aux élus des groupes UDC et MCG, ils dénoncent une croissance destructrice due «à une immigration hors de contrôle», la faute aux étrangers, encore et toujours... La réalité des chiffres présente un secteur très étendu, dans une situation tenue aujourd’hui pour trop centrale, car la zone villas de Genève s’étend sur 3000 hectares et compte 20 000 maisons. Or, seule une petite partie de cet ensemble, (11,5%, soit 350ha) est vouée à disparaître à terme au profit de nouveaux quartiers.
Les deux déclassements de Cointrin portent sur 25,2 hectares, sur les communes de Meyrin et Vernier. Le potentiel de construction est de 2300 logements et de 800 emplois à l’horizon 2050. Finalement, le débat s’est principalement concentré sur les nuisances sonores dues en grande partie à l’aéroport, et l’effet de réflexion des sons sur les futurs bâtiments. Le lancement d’un référendum a été évoqué.
Zone agricole protégée ou biodiversité détruite?
Parmi les défenseurs de la densification, on assure que la mise en conformité du plan directeur a permis de diminuer l’emprise sur la zone agricole, de limiter à 11% les déclassements en zone villas et d’utiliser plus efficacement la zone à bâtir. Au contraire, pour les opposants, on constate que les zones villas abritent 80%de la biodiversité du canton et qu’un déclassement de ces zones engendre une détérioration irréversible des ressources naturelles, de la biodiversité et de la qualité de vie à Genève puisqu’un jardin de 700 m2 abrite au moins 80 espèces animales (mammifères, oiseaux, batraciens, insectes) qui fréquentent assidûment les grands arbres centenaires, les hautes herbes, les massifs de fleurs, les haies ou l’étang. Les écologistes en faveur de la protection des zones villas déplorent qu’en dix ans, les communes des Trois Chênes aient vu disparaître le tiers de leur patrimoine arboré de chênes.
En revanche, pour le conseiller d’Etat Antonio Hodgers, (Les verts) «un plan directeur est avant tout un outil de maîtrise du développement territorial». Quoi qu’il en soit, la croissance démographique se poursuivra et Genève devrait compter 600 000 habitants vers 2030.