Genève veut un contournement autoroutier par un pont sur le lac
C’est encore une étude précoce, mais le canton de Genève est bien décidé à persuader la Confédération à s’engager dans un nouveau projet de contournement autoroutier de la Cité de Calvin en traversant le lac par un pont à la hauteur du Vengeron, pour un montant de presque 5 milliards. Le dossier est en route pour Berne.
Crédit image: Etat de Genève
La réalisation de cette nouvelle autoroute pose de très gros problèmes environnementaux.
Après Neuchâtel et ses traversées du Locle et de La Chaux-de-Fonds, le canton de Genève s’engage dans la bataille des nouvelles autoroutes. Le Conseil d’Etat vient de déposer auprès de la Confédération un nouvel avant-projet de traversée de la rade à la hauteur de l’échangeur du Vengeron. Le coût du projet, tout en ponts et en tunnels, est estimé à 4,8 milliards de francs. Le canton espère pouvoir l’inclure dans la planification fédérale 2023.
L’évitement de Genève par le nord a déjà fait couler beaucoup d’encre. Mais le canton persiste à trouver une solution pour désengorger l’autoroute A1 et assurer une meilleure liaison avec la Haute-Savoie. Il a donc imaginé une traversée du lac par un pont haubané. Rive gauche, la nouvelle autoroute à 4 voies serait réalisée presque exclusivement en tunnels. Différentes jonctions avec le réseau routier local doivent encore être étudiées.
Le gouvernement genevois justifie son projet en rappelant que la structure logements/emplois du Grand Genève souffre de déséquilibres profonds de part et d’autre de la frontière internationale. Ceux-ci ne permettent pas au trafic de s’écouler harmonieusement entre la ville et sa banlieue. Le canton veut ainsi appliquer un concept de mobilité « cohérente et équilibrée », basé sur les transports publics et le vélo et déjà approuvé en votation populaire il y a cinq ans. La nouvelle autoroute déviera le trafic routier superflu, espère-t-il.
Gros bémols environnementaux
Toutefois, le projet souffre de très gros bémols environnementaux. Il générera
des émissions supplémentaires de dioxyde de carbone. Il est donc en
contradiction avec le plan climat cantonal. La traversée du lac par un pont de
plus de 3 km portera notamment atteinte à sa faune – notamment aux oiseaux
- et à la plus grande roselière du canton. La rive gauche est aussi riche de
zones agricoles à préserver. De plus, les travaux devront gérer un volume de
déblais estimé entre 3 et 4 millions de mᶟ.
Les enjeux de ce dossier concernent ainsi davantage l’habitat que l’environnement. Toutefois, la nouvelle autoroute rendra l’entrée dans Genève plus difficile. La balle est pour le moment dans le camp de l’Office fédéral des routes. Avant un combat cantonal qui s’annonce aussi chaud que les précédents, puisque Genève combat dans la foulée la réalisation d’une nouvelle autoroute entre Thonon et Annemasse, en France voisine. Au nom des risques d’engorgement du trafic en direction du pont du Mont-Blanc.