Fouilles archéologiques: quand le chantier tombe sur un os
Sur le site du futur Pôle Santé d’Avenches, des fouilles archéologiques sur 800 m2, devant mobiliser douze professionnels durant six mois, bloquaient le chantier, en raison de leur coût imprévu. Le conseil communal a cautionné le prêt de 600'000 francs manquant au financement des recherches.
Une aubaine pour les historiens, un problème pour les investisseurs privés: quand les fouilles d’un chantier révèlent des richesses archéologiques, les frais à engager peuvent s’avérer insurmontables pour les maîtres d’ouvrage. C’était le cas pour les deux médecins associés du projet Pôle Santé, qui avaient prévu un montant de 200'000 francs pour les recherches de patrimoine, alors qu’un devis de 730'000 francs leur a été présenté. Il est rare qu’une commune cautionne un projet privé, mais l’intérêt public de l’ouverture du centre médical est évident à Avenches où il ne reste que sept médecins généralistes proches de la retraite, pour un bassin de 10'000 habitants.
«On ne le fera jamais pour des projets résidentiels»
La Commune a donc cautionné un projet privé. «Certes, mais il en va quand même de l’intérêt public que ce centre médical puisse ouvrir ses portes au vu de la pénurie de généralistes à venir dans la région», s’est expliqué Gaetan Aeby, municipal en charge de la promotion économique. Une décision qui fâche la conseillère communale PS, Ingrid Freymond qui s’était déclaré contre ce soutien:«Je ne remets pas en cause la nécessité du centre médical pour Avenches, mais on apporte un cautionnement public à une société anonyme, dont le but premier est le profit.» La conseillère craint par ailleurs que d’autres projets n’entreprennent la même démarche, ce que Gaetan Aeby réfute: ««On ne le fera jamais pour des projets résidentiels. Mais on s’est posé la question sur d’autres sujets et si cela peut permettre de développer des prestations sur la commune, il se pourrait que la Municipalité entre à nouveau en matière».
Révision de la législation sur le patrimoine
«Nous validons ainsi une pratique scandaleuse du Canton, alors qu’il faut entreprendre des démarches pour changer la loi,» s’est insurgée Ingrid Freymond, à l’annonce du résultat vendredi 24 mars. De son côté, Roxanne Meyer Keller, Syndique d’Avenches, a rappelé que diverses mesures sont prises au niveau cantonal en vue d’une révision de cette loi. La députée a d’ailleurs déposé un postulat pour une transparence complète du processus et notamment du coût des fouilles. Trop souvent, ces fouilles minent les budgets des communes. Courant mars, des députés de tous bords ont demandé au gouvernement vaudois de revoir sa législation. Les partis se sont coordonnés pour déposer des textes.