Correction du Rhône trop chère, le Valais veut tout remettre à flots
Le Valais a commandité une analyse pour déterminer si le projet de la réalisation de la 3e correction du Rhône était le plus approprié pour répondre aux défis et besoins, actuels et futurs. Résultat : les objectifs sécuritaires ont été surestimés et sont beaucoup trop chers. Le projet va être revu à la baisse.
Crédit image: CC BY-SA 4.0 / Jérémy Toma
Le chantier du siècle est littéralement explosé par une analyse commandée par le Conseil d’Etat valaisan. Le projet va être révisé en profondeur... à la baisse.
Inadapté ! Disproportionné ! Et surtout trop cher ! En résumé, telles sont les conclusions auxquelles les autorités valaisannes sont arrivées concernant la 3e correction du Rhône entamée il y a plus de 20 ans. C’est tout du moins ce qui ressort d’une analyse sur ce projet, lancée par le Département valaisan de la mobilité, du territoire et de l’environnement en novembre 2022.
Impact trop important
Au terme
d’investigations approfondies menées par la société E-AS SA à Lausanne,
l’analyse montre que les objectifs sécuritaires définis dans le cadre du projet
sont très élevés et se situent au-delà de ce qui est généralement recommandé
dans le domaine de la protection contre les crues. L'évaluation des risques a
conduit à une estimation des dommages largement supérieure à ceux provoqués par
la crue d’octobre 2000, en particulier du fait du choix d'un scénario théorique
de rupture complète des digues sur une très grande partie de leur linéaire. De
plus, selon les experts, les objectifs environnementaux ont été augmentés
au-delà des objectifs initialement visés et attendus pour un tel projet. Ces
différents éléments ont eu pour conséquence d’aboutir à un projet
disproportionné dont l'impact sur le territoire est considérable et
incompatible avec les exigences fédérales liées aux surfaces d’assolement sur
lesquelles l’emprise doit être limitée.
Coûts exorbitants
Concernant les coûts prévus par le projet, le rapport a relevé qu’ils n'incluent pas les montants de l'ordre de plusieurs centaines de millions de francs nécessaires à la réalisation prévue d'aménagements socio-économiques en relation avec le cours d'eau, à l’intégration d'infrastructures comme celles de mobilité douce, aux mesures suffisantes d’assainissement de sites pollués et aux frais d'entretien annuels du cours d'eau qui seront en augmentation après la réalisation des travaux.
Par ailleurs, il y a lieu de relever que depuis la décision du lancement du projet de la 3e correction du Rhône en 2000 et le début des travaux en 2009, le contexte a passablement évolué, notamment en lien avec le changement climatique, la gestion des risques ou encore le cadre légal et les recommandations en matière d’aménagement de cours d’eau. De plus, il est important de tenir compte de l’expérience acquise depuis des années dans le cadre de la mise en œuvre du projet de la 3e correction du Rhône.
Correction globale... du projet
Par conséquent, le Conseil d’Etat valaisan a décidé d’engager une révision du projet de la 3e correction du Rhône et de son plan d'aménagement. Les données de base de protection contre les crues (par exemple l’état des digues, l’évaluation des débits, les scénarios de rupture de digues, les dommages potentiels ou l’inventaire des sites pollués) ainsi que les choix techniques doivent être réactualisés afin d’adapter le projet en intégrant une conception contemporaine de la sécurisation et de la revitalisation du cours d’eau. Il s’agira notamment de tenir compte de la gestion intégrée des risques et de l’ensemble du bassin versant, tout en considérant la gestion multifonctionnelle des barrages, le changement climatique, les aspects socio-économiques et financiers, les réalités territoriales de la plaine du Rhône et les contraintes légales. A cet effet, un groupe de travail est chargé de diriger les travaux de révision et d’en établir un planning détaillé.
Dans ce contexte, les discussions avec les partenaires du projet, notamment le canton de Vaud, vont se poursuivre et s’intensifier. Quant aux mesures en cours, un état des lieux de chacune d’entre elles doit être effectué afin de déterminer leur degré de priorité. Certaines continueront leur progression sans aucun changement alors que d’autres subiront des modifications mineures ou importantes en fonction des résultats de la révision des données de base.