L’EPFL prône des logements plus petits pour répondre à la crise climatique
Le laboratoire d’économie urbaine et environnementale de l’EPFL estime que la réduction de la surface habitable produira de meilleurs effets dans la lutte contre le réchauffement climatique que le développement d’une construction éco-responsable. Il s’appuie sur un rapport onusien pour proposer un changement de paradigme dans le domaine du logement.
Crédit image: EPFL, illustration Jeanne Guerard
La rénovation des bâtiments est plus efficace que de nouvelles constructions, estime Philippe Thalmann.
Pour le professeur à L’EPFL Philippe Thalmann, l’augmentation constante de la population en Suisse ne doit pas forcément impliquer de nouvelles constructions. L’assainissement rapide du parc immobilier est mieux à même de remplir les objectifs climatiques de la Confédération. Si chacun s’accorde autour de la nécessité de décarboner le bâtiment, le professeur propose de repenser totalement l’habitat en utilisant l’espace à disposition de manière plus raisonnée.
Transformation,
plutôt que construction
« En réalité, le nombre de logements actuellement sur le marché suffit »,
estime ce professeur d’économie urbaine et environnementale. Plutôt que
construire, même aux normes écologiques les plus élevées, il faut selon lui orienter
les pratiques vers la transformation ou la rénovation des bâtiments. Cela a
pour avantage de réduire l’artificialisation des sols et les émissions de
dioxyde de carbone.
Les contraintes
sont encore fortes
Toutefois, ce scientifique se demande comment loger la population sans
construire de nouveaux biens. Le secteur de la construction est en effet encore
soumis à de nombreuses contraintes économiques, qui tendent plus vers la création
de bâtiments neufs. A cela, PhilippeThalmann répond en invoquant l’évolution du
nombre de m² par habitant, encore en décalage avec la hausse de la population.
Les espaces à disposition sont ainsi supérieurs aux besoins, et cela devient un
luxe que la Suisse ne peut plus s’offrir, estime-t-il. Le nombre de lits froids
ne touche pas que les résidences secondaires. Et la pénurie est causée par une
gestion inégale de la rareté des biens immobiliers.
Appui onusien
L’avis de Philippe Thalmann repose aussi sur celui du Groupe international d’experts
sur les ressources, affilié à l’ONU. La diminution de la surface habitable pour
une personne est en effet l’un des principaux leviers d’un habitat plus
durable. Un rapport de 2020 révèle même qu’une utilisation plus intensive de la
surface par personne génère une réduction des émissions de gaz à effet de serre
allant jusqu’à 70% à l’horizon 2050, cela dans les pays membres du G7. Loin
devant la conception de bâtiments plus économes en matériaux et le recours au
bois dans la construction.
Crédit image: EPFL, illustration Jeanne Guerard
L’expertise de l’EPFL pointe aussi sur le «mieux-vivre ensemble » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le scientifique propose donc de réduire le nombre de villas individuelles et des résidences secondaires. Sans perte de confort. Les régimes de colocation ou de coopératives, en plein développement, peuvent ainsi contribuer à faire baisser la pression climatique sur le logement. « Il faut mieux vivre ensemble », conclut Max Thalmann.