Un master de l’EPFL transforme les matériaux excavés en ressource
Pour son master en architecture à l’EPFL, Jeremy Morris a opté pour le béton en terre crue pour montrer à quel point les matériaux d’excavation peuvent aussi devenir une ressource pour la construction. Le chercheur a arpenté le canton de Vaud pour plaider en faveur de l’économie circulaire.
Pour Jeremy Morris, qui vient de terminer un master en architecture à l’EPFL, les déchets de construction doivent plutôt être considérés comme des ressources. Surtout lorsqu’il s’agit de fabriquer du béton en terre crue, à l’instar de que les Africains utilisent pour construire en pisé. Le chercheur plaide donc aussi pour une construction décarbonée. Il va présenter ses travaux à Genève lors de la quinzaine de l’urbanisme.
Jeremy Morris a sondé le canton de Vaud depuis les sites d’excavation des matériaux de La Sarraz jusqu’à ses 67 décharges inertes. Son propos n’est pas nouveau. Le ciment, l’acier et le verre contribuent largement aux surplus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Le recours massif au béton traditionnel est donc préjudiciable à l’environnement.
Pas d’intérêt à
la réutilisation
Le chercheur a lui-même construit des briques en terre crue pour souligner toutes
les vertus des matériaux excavés pour la construction. « Les entreprises
vaudoise qui fabriquent le béton sont les même qui creusent la terre lors de
nouveaux chantiers, constate-t-il. Elles dont dès lors aucun intérêt à recycler
ces matériaux excavés dans leurs construction ».
Crédit image: EPFL, Alain Herzog
Jeremy Morris a lui-même fabriqué des briques en terre crue pour faire corps avec les matériaux de construction.
L’architecte propose ainsi de modifier le statut juridique du matériau excavé. « La terre crue peut être construite ou déconstruite, affirme-t-il. Cela est par contre plus difficile pour le béton, dont l’sage doit se limiter aux éléments structurels et au génie civil ». Toutefois, la terre crue est plus chère que le béton. Jeremy Morris estime que le développement de l’économie circulaire va aplanir cette difficulté. La France a récemment construit plus de 400 logements en terre crue provenant d’excavations à Paris…
Toutefois,
cette proposition de changer de paradigme est encore en butte à de nombreux
obstacles. Pour les surmonter, le chercheur de l’EPFL veut s’employer à
développer une architecture plus coopérative.