L’Empa prône le réemploi du bois en y ajoutant de l’argile de démolition
La construction se prend à rêver d’un monde totalement décarboné, et cela ne relève pas de l’utopie. Les ingénieurs du Laboratoire fédéral de recherches sur les matériaux s’emparent du thème pour généraliser l’usage du bois et de l’argile, en améliorant l’efficacité du recyclage. Avec l’ambition d’éviter l’excavation.
Crédit image: Joud Beaudoin Architectes
La construction de la maison de quartier des Plaines-du-Loup, à Lausanne, a déjà recours au bois et à la terre crue.
Une majorité écrasante s’évertue à réduire les émissions de dioxyde de carbone dans la construction, notamment en généralisant l’usage du bois. Le Laboratoire fédéral de recherches sur les matériaux (Empa) perfectionne la démarche en participant au projet Think Earth – construction régénérative, soutenu par Innosuisse et piloté par l’EPFZ. Il s’agit d’adapter des techniques mêlant bois et argile, pour plus de durabilité et de sécurité dans le bâtiment.
L’hybride
contre l’empreinte carbone
Les chercheurs de l’Empa soulignent que le bois assure la rigidité portante
nécessaire à la construction. L’argile apporte une plus-value à la sécurité
incendie et la régulation thermique, en plus de renforcer la masse d’une structure.
Adopter des éléments de construction hybrides leur paraît donc judicieux pour développer
les meilleures méthodes possibles pour réduire l’empreinte carbone.
Sciences des matériaux
et prototypes
D’ici 2029, l’Empa et ses partenaires vont soutenir dix sous-projets d’Innosuisse
visant tant les sciences des matériaux que la fabrication de prototypes pour la
construction de bâtiments. Leur approche est générale, même si elle reposera sur
des études de cas et sur de nouvelles normes d’architecture. Les chercheurs
partent du constat qu’il faut encore intensifier l’emploi du bois et sa
réutilisation. Les matériaux à base de terre permettront de porter le taux de recyclage
de 10 à 90%.
Collaborations
multiples
Les chercheurs de l’Empa travaillent déjà sur le démontage et le réemploi d’éléments
de construction en bois, en collaboration avec plusieurs écoles d’ingénierie et
des partenaires industriels. Ils développent aussi de nouveaux outils
numériques dans ce domaine. Pour cela, ils comptent sur la grande quantité disponible
de matériaux terreux. En particulier, l’argile peut être réutilisée tant qu’elle
n’est pas dotée des additifs minéraux. Les chercheurs mettent ainsi au point d’autres
substances biosourcées et biodégradables pour conjurer la dégradation du matériau.
Une argile sans fissure reste dans le domaine du possible, affirme l’Empa, grâce
à la chimie verte. Les terres n’en seront que moins excavées pour la
construction.