Le béton de chanvre passe l’épreuve du feu
Oubliez la maison de paille des trois petits cochons! Le matériau a passé avec succès des batteries de tests incendie. C’est désormais prouvé, il empêche la propagation des flammes par les façades pendant au moins une heure.
Crédit image: CERIB
En prouvant sa résistance au feu, le béton de chanvre vise des bâtiments plus hauts.
Depuis une vingtaine d’années, le béton de chanvre s’est fait une place dans la construction. Alliant la chènevotte (matière ligneuse de la tige de chanvre) à la chaux, ce matériau isolant et régulateur de l’humidité est utilisé, en construction neuve comme en rénovation, pour réaliser des murs, enduits, chapes et toitures à isolation répartie.
Ecran thermique
Mais ces qualités ne s’arrêtent pas là. En France, le béton
de chanvre a été soumis à des batteries de tests pour connaître sa résistance
au feu. En juillet dernier, il a prouvé qu’il pouvait résister quatre heures à
des températures atteignant 1200°C. D’où l’obtention d’un classement EI240,
attestant d’un très bon comportement de résistance au feu en termes d'étanchéité
aux flammes et au gaz (valeur E) et d'isolation thermique (valeur I), le tout
pendant 240 minutes.
Mais tout récemment, dans le cadre d’un essai expérimental pour incendie réel à deux niveaux, le prototype de façade en béton de chanvre de 30 cm d'épaisseur, de 5,75 m de large et 6,55 m de haut, avec une ossature bois et une finition extérieure avec un enduit chaux-sable a été soumis à un feu violent pendant une heure. L’ensemble a été déclaré conforme à la réglementation applicable vis-à-vis de la non-propagation du feu par les façades pour une durée de 60 minutes.
Réussite à tous les niveaux
Les 125 thermocouples répartis sur et dans la façade ont
relevé des températures atteignant 1050 °C dans les panaches de flammes et 1100
°C dans la chambre de feu après 36 minutes. Malgré cette sollicitation intense,
le béton de chanvre et l’enduit ont prouvé leur rôle d’écran de protection
thermique de l’ossature bois, puisque celle-ci n’a pas dépassé les 100 °C.
L’autre analyse concernait le comportement de la jonction façade/plancher entre les deux étages pour laquelle l’élévation de température admissible en face supérieure de plancher est bornée à 180 °C. Là encore, c’est une réussite, puisque la température n’a atteint que 44 °C, loin de la valeur limite.
L’enjeu de ces essais menés en France pendant trois ans, par le Centre d'études et de recherches de l'industrie du béton et l’association Construire en chanvre, est d’étendre les règles professionnelles de la construction en chanvre et de l’agréer pour des immeubles d'habitation jusqu'à 28 mètres de haut.