Lafarge-Holcim paie une amende record pour avoir versé de l'argent à l'EI en Syrie
La filiale française Lafarge du groupe zougois de construction Holcim devra payer 782 millions de francs au Département américain de la justice. L’entreprise a en effet conclu des contrats avec diverses fractions islamiques en Syrie. La justice française doit encore statuer.
Crédit image: Joachim Kohler, CC_BY-AS_4.0
Une sanction financière de 782 millions de francs et un accord de plaidoyer mettent fin à l'enquête américaine.
Lafarge s'est finalement mis d'accord avec le Département américain de la justice) sur un montant de 782 millions de francs suisses. Cette somme réglera un contentieux portant sur différents contrats conclus en Syrie durant les années 2013 et 2014, soit en pleine guerre civile. Sa maison-mère, à savoir Holcim, a absorbé la société fautive en 2015.
Soutien aux
organisations terroristes
Le litige porte sur des délits commis par Lafarge et sa filiale syrienne
Lafarge Cement Syria (LCS), dissoute depuis un certain temps. Ils auraient
plaidé coupables dans un cas d'accord de soutien matériel à des organisations
considérées comme terroristes. Il est question de fonds de plusieurs millions
que Lafarge aurait versés en 2013 et 2014 à divers groupes, dont l'Etat
islamique (EI), ainsi qu'à des intermédiaires. Lafarge entendait ainsi
maintenir l'activité de sa cimenterie pendant la guerre civile en Syrie.
Lafarge aurait en outre vendu du ciment de l'usine syrienne à l'EI afin
d'obtenir en contrepartie du groupe terroriste des matières premières pour le
fonctionnement de la production de ciment.
En septembre, Holcim avait constitué des provisions pour le cas juridique
américain qui, selon les déclarations de personnes proches du dossier, se
situent à peu près au niveau de l'accord qui vient d'être conclu.
Aucune
implication d’Holcim
Dans son verdict, la justice américaine a affirmé qu'il n'y avait aucune
implication de la part d'Holcim dans ces activités controversées. Celles-ci se
sont en effet déroulées avant l'acquisition de Lafarge par le groupe zougois. Holcim a appris en 2016 par des articles de
presse les accusations portées contre Lafarge et a alors lancé sa propre enquête.
Le groupe s'est séparé des cadres de Lafarge et de LCS impliqués.
Affaire
toujours en suspens en France
En revanche, l'affaire syrienne contre Lafarge n'est pas encore close devant
les tribunaux français. Les chefs d'accusation sont actuellement déterminés
dans le cadre d'un procès préliminaire. Aucune provision n'est encore inscrite
dans les comptes du groupe, mais une caution de 29,5 millions de francs suisses
a déjà été versée à la justice française. Lafarge continue de coopérer pleinement avec
les autorités. Par contre, l’entreprise s'opposera à toutes les mesures judiciaires
qu'elle considère comme injustifiées dans le cadre de la procédure.
Le Département américain de la justice a noté que Holcim a mis en place des contrôles et des fonctions efficaces de conformité et de gestion des risques pour détecter et prévenir toute conduite potentielle similaire. Par conséquent, il indique que la nomination d'un contrôleur de conformité indépendant n'est pas nécessaire.
Holcim opère selon les normes éthiques les plus élevées, dans le strict respect des lois de toutes ses juridictions. Il entend continuer de toutes ses activités avec la plus grande intégrité, rappelle-t-il dans un communiqué.