La défense du patrimoine construit intègre les panneaux photovoltaïques
Le solaire dans le bâtiment ? Une évidence pour Laure-Emmanuelle Perret, qui a fondé une entreprise de conseil en photovoltaîque à Neuchâtel. La scientifique propose de lever les obstacles imposés par la défense du patrimoine pour réussir la transition énergétique.
Crédit image: Be Smart
Qui le croirait ? Cette ancienne maison d’Ecuvillens (FR) a fait poser des panneaux solaires imitant à la perfection les tuiles de sa toiture.
Le développement de la production de panneaux photovoltaïques a pris un retard considérable en Europe, et cela malgré la crise énergétique. Les Chinois en ont pris la direction mondiale, et il est difficile pour le Vieux Continent de régater. Mais, petit à petit, les scientifiques sont en train d’intégrer ce mode de production d’électricité à un parc immobilier souvent soumis aux exigences des défenseurs du patrimoine.
Pour Laure-Emmanuelle Perret, spécialiste en photovoltaïque basée à Neuchâtel, il ne s’agit ni plus ni moins que de gérer une transition énergétique indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique. Et le solaire dans le bâtiment est particulièrement bien placé pour répondre à ce grand défi. D’une part parce que les émissions de dioxyde de carbone sont encore trop présentes dans les matériaux de construction traditionnels, et d’autre part parce que la pose de cellules solaires en toiture ou en façade ne porte pas atteinte à l’environnement. En tout cas, elle soulève moins de vagues que les grands projets de centrale en altitude développés actuellement en Valais.
Ne pas
dénaturer la qualité du bâti
Laure-Emmanuelle Perret a eu la chance de prendre part au programme européen de
promotion du photovoltaïque dans le bâtiment Be Smart. Ce dernier propose
diverses solutions pour ne pas dénaturer la qualité patrimoniale de l’espace construit
avec des panneaux solaires standardisés. Le modèle uniforme et rectangulaire
appliqué sur une toiture plate en Chine se transforme ainsi pour se fondre dans
la structure ou la toiture. Il peut devenir œuvre d’art, ou rester simple
matériau de construction.
Crédit image: Evard Architectes SA
L’art peut aussi voler au secours de la cause du photovoltaïque, en rendant ici hommage au Corbusier sur la toiture d’un futur parking de La Chaux-de-Fonds.
Les exemples de cette nouvelle approche architecturale du solaire sont nombreux en Suisse et en Europe. La façade du centre commercial de Marin-Centre (NE) a été tapissée de panneaux pour devenir un bâtiment à énergie positive. Dans un registre plus artistique, la Ville de La Chaux-de-Fonds a prévu de colorer le photovoltaïque d’un futur parking de telle façon à représenter le visage du Corbusier.
Après des études de chimie, Laure-Emmanuelle Perret a fondé en compagnie de deux autres scientifiques sa propre entreprise de conseil à Neuchâtel. Elles y accompagnent les architectes et les constructeurs sur le chemin d’un bâtiment à zéro carbone. L’intégration du solaire dans le construit fait partie des activités majeures de ce bureau. Tant il est vrai que la transition énergétique est essentielle, non seulement pour réduire les émissions et diminuer la consommation. « Mais chacun doit trouver un juste équilibre entre ses besoins et ses attentes », conclut la chercheuse. Cela dans un univers où la technique évolue très vite.
En savoir plus sur le programme européen Be Smart