La construction de logements et d'infrastructures en Suisse à un tournant
En 2023, le secteur de la construction en Suisse a connu une baisse de 0,9% malgré une augmentation dans la création de logements et le génie civil privé, révèle la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Cette année est marquée par l’incertitude économique est considérée comme cruciale. Notamment en raison des projets de construction de logements et du vote sur le développement des infrastructures nationales.
Crédit image: Jean-A. Luque
Le marché de la construction est affecté principalement par le manque de logements et d'infrastructures.
L'année dernière, le secteur de la construction en Suisse a connu une baisse de 0,9 % de son activité, malgré une croissance dans la construction de logements et le génie civil privé, constate la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Celle-ci estime que l’incertitude économique pourrait provoquer une diminution minime du chiffre d’affaires cette année. Cette période est considérée comme cruciale pour le futur du pays en raison des initiatives de construction de logements et du vote de novembre prochain sur l’amélioration des routes nationales.
2024, l'année décisive
En 2023, le secteur principal de la construction a généré un chiffre d’affaires
nominal de 23,4 milliards de francs. Le secteur du
bâtiment commercial et du génie civil
est en recul, tandis que la construction de logements et le génie civil privé ont évolué positivement : L’activité de la branche a chuté
de 0,9 %. Pourtant, un grand
manque est à combler à l’échelle nationale en matière de logements et
d’infrastructures. Par ailleurs, l’incertitude conjoncturelle et la hausse des
taux et celle des coûts de construction en milieu urbain laissent présager une
légère baisse du chiffre d’affaires d'ici le mois de décembre.
L’activité de construction a vécu l’an dernier une hausse de 0,7 % (représentant 160 millions de francs) en valeur nominale par rapport à 2022. Toutefois, le renchérissement s’étant élevé à 1,6 %, il en résulte un recul effectif de 0,9 %. L’année écoulée a vu l’activité de construction dépasser pour la première fois depuis de nombreuses années le nombre de commandes enregistrées. Lors des quatre exercices précédents, le nombre de nouvelles commandes reçues avait toujours été supérieur à celui des anciennes commandes honorées. Malgré cela, la réserve de travail demeure élevée.
Construire des logements revient de plus en plus cher
Le chiffre d’affaires est en augmentation dans le secteur de la construction de
logements, avec celui du génie civil privé, auquel il est intimement lié. Mais
cela ne signifie pas pour autant que le nombre de nouveaux logements est en
hausse, car cet indicateur est
davantage généré par des rénovations et des assainissements énergétiques. De
plus, les constructions coûtent
de plus en plus cher dans des zones déjà bâties. D’une part moins de demandes de permis de
construire sont déposées, d’autre part une encore plus petite proportion de
projets sont approuvés. Aucune hausse de construction de logements n’est donc
attendue en 2024.
Crédit image: SSE
Les conjonctures internationales et nationales ont toutes deux suivi des courbes descendantes l'année dernière et la croissance devrait également être faible cette année, juge la SSE. Ces perspectives affectent notamment la construction des bâtiments commerciaux, laquelle a déjà enregistré en 2023 une baisse de 10 % de son chiffre d’affaires. Le taux directeur est actuellement de 1,75 % en Suisse. Or, le cycle de hausses des taux devrait arriver à son terme, et certaines prévisions voient la Banque nationale suisse en mesure de faire redescendre ses taux à 1 %. Toute baisse des taux d’intérêts stimulerait le secteur de la construction mais l’inflation et le taux de change du franc demeurent volatils.
Permis de construire au compte-goutte
Si l’année 2022 avait été très bonne en ce qui concerne les nouveaux mandats de
construction émanant du secteur public, 2023 enregistre une baisse. Or, comme
le nombre d’appels d’offre publics et celui des adjudications publiques a
augmenté ces derniers mois, l’on peut s’attendre à une augmentation des mandats
en 2024. En revanche, les pouvoirs publics ne délivreront que peu de permis de
construire dans certains endroits, car la situation budgétaire de la
Confédération, de plusieurs cantons et de nombreuses communes demeure tendue.
Besoins élevés en logements et infrastructures
Compte tenu de l’augmentation de la population et de la mobilité, le besoin
d’investir dans la construction de logements, de bâtiments publics et
d’infrastructures est élevé. Au vu des frais et des taux d’intérêts en hausse,
mais aussi du coût et de la lenteur des procédures d’autorisation ainsi que de
la rigueur budgétaire dont doivent faire preuve les ménages comme le secteur
public, il est permis de douter que le secteur de la construction suive une
courbe haussière en 2024. L’indice de la construction pronostique pour 2024 un
chiffre d’affaires de 23,2 milliards de francs, soit 1.1 % de moins l’an
dernier.
A moyen terme, la SSE estime important que les mesures prises par la Confédération contre la pénurie de logement soient rapidement mises en œuvre. Bien davantage que des interventions étatiques, la situation a besoin que le marché et l’activité reprennent leurs droits, indique la faîtière des entreprises. Le programme de développement des routes nationales (PRODES), qui fera l’objet d’une votation en novembre, sera tout aussi décisif.
Emplois stables
Le marché du travail se porte bien. Dans le secteur principal de la
construction, le taux de chômage de 2023 est, à 3,4 %, à peine plus élevé qu’en
2022. En moyenne sur les deux années, 89'000 personnes étaient employées dans
la branche. Cette situation est à classer parmi les bonnes surprises au vu du
léger recul de l’activité. Il est en effet probable que les entreprises, malgré
ces fluctuations conjoncturelles, souhaitent conserver leurs employés en raison
de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.