Du béton carboné coulé dans la construction d’une villa à Cortaillod
Le béton carboné trouve un débauché prometteur dans la construction de la villa de l’aventurier solaire neuchâtelois Raphaël Domjan, à Cortaillod. Une dalle de béton emprisonnant 2,9 t de dioxyde de carbone vient d’être coulée pour contenir les émissions de gaz à effet de serre dans le bâtiment.
Crédit image: Philippe Chopard
Le coulage s’est déroulé sans aucun problème, malgré la nature de ce nouveau béton.
Raphaël Domjan s’est fait connaître par son tour du monde en bateau solaire et par son projet d’avion Solarstratos. Mais il entend aussi s’engager pour une construction 100% écologique, en utilisant des matériaux qui emprisonnent le dioxyde de carbone au lieu de le libérer. Et il a trouvé, pour sa future villa de Cortaillod (NE) le partenariat nécessaire avec l’entreprise de construction Marti Arc SA, qui lance ainsi un béton carbonaté avec l’aide de la technique développée par la spin-off zurichoise neustark.
Tests au
préalable
La dalle de cette future villa en bois a donc pu être coulée sans problème.
Deux bétonneuses ont ainsi apporté le matériau nécessaire sur les lieux de ce
chantier, petit par la taille, mais grand dans les perspectives qu’il offre. Le
béton a au préalable été testé sur le site de l’entreprise, à Cornaux (NE). « Nous
ne voulons appliquer la technique de neustark qu’avec du béton testé et
certifié, explique Yann-Amaël Aubert, directeur financier de Marti Arc SA.
Crédit image: Philippe Chopard
Le matériau utilisée pour le coulage de cette dalle a été enrichi de près de 3t de dioxyde de carbone.
Les résultats semblent encourageants, avec une baisse des émissions de CO2 estimée à au moins 10%. L’entreprise de construction en bois Gaille SA ne voit pas de différence de qualité entre le béton traditionnel et celui emprisonnant le dioxyde de carbone. « Les techniques de construction les plus polluantes sont destinées à devenir toujours plus chères, précise Yann-Amaël Aubert. Ce qui rapproche les produits innovants et traditionnels en termes de qualité et de coût.
Neustark préconise la récupération de béton de démolition pour ensuite l’inonder de dioxyde de carbone. Ce dernier est donc emprisonné dans le béton au lieu de s’en échapper. Il se produit alors une réaction chimique naturelle qui transforme le gaz en calcaire. Dans le cas de Cortaillod, ce sont ainsi 2,9 t de CO2 qui ont pu être stockées durablement dans la dalle de cette future villa.
Construction
encore frileuse
Marti Arc SA trouve dans ce chantier une application pratique à son nouveau
béton écologique. L’entreprise commence par la petite échelle, mais se dit
soucieuse de poursuivre les tests avec neustark. « Nous envisageons à
terme de récupérer le dioxyde de carbone
des déchets de ciment contenus dans l’eau », explique encore Yann-Amaël
Aubert. La recherche suit son cours, dans un monde de la construction encore
peu sensible en Suisse à ce genre de débouchés.
Crédit image: Philippe Chopard
A qualité presque égale au béton traditionnel, cette nouvelle dalle stocke durablement les émanations de dioxyde de carbone.
« Nous ne rénovons qu’une infime partie de notre parc immobilier, constate pour sa part Raphaël Domjan. Le béton de Marti s’inscrivant bien dans ma volonté de construire une maison qui traduit trois fois plus d’énergie qu’elle ne consomme. S’y ajoute le bois, qui stockera environ 35t de CO2. Nous avons été confinés avec Yann-Amaël Aubert ensemble, et l’idée de ce partenariat a ainsi germé. »
Les mentalités évoluent pourtant dans le domaine des bétons écologiques. Les Pays-Bas y sont particulièrement actifs. Neustark tente de breveter son système auprès des grands constructeurs. La spin-off a ainsi pu conclure avec Holcim un partenariat pour construire un nouveau bâtiment écologique industriel à Zoug. Le grand cimentier y mettant toutefois son propre béton à disposition.