10:17 ECONOMIE

Un rapport sur la demande en sable alerte les Nations Unies

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La demande en sable et en gravier atteint 50 milliards de tonnes par an, 3 fois plus qu'il y a 20 ans. Son extraction entraîne de graves problèmes écologiques. L'ONU demande une collaboration de LafargeHolcim pour la traçabilité du commerce.

Selon un rapport publié mardi par ONU Environnement et financé par la Suisse, le sable et le gravier constituent la deuxième composante la plus extraite dans le monde après l'eau. Or, si le matériau ne manque pas sur la planète, son extraction a contribué à la diminution de plages et d'aquifères, et est responsable d’une importante pollution, d’inondations et de sécheresses.

Un terrible impact sur l’environnement

Les pays les plus affectés se trouvent en Asie et en Afrique. Parmi eux, la Chine est confrontée à une augmentation de population et d'infrastructures. Elle a aussi utilisé du sable pour établir rapidement des bases militaires sur les îles contestées dans la Mer de Chine.

Par habitant, Singapour, qui a étendu son territoire sur la mer de 20% depuis 1973, est le plus gros consommateur. Ces excroissances utilisent 1,2 milliard de tonnes par an.

Le sable et le gravier constituent des composantes «non reconnues de nos économies et du développement», a estimé mardi devant la presse le directeur exécutif de la base de données des ressources mondiales à Genève d'ONU Environnement (GRID-Genève), Pascal Peduzzi.

«Nous ne parlons pas d'un problème d'un manque» de ces ressources, au moins dans les prochaines décennies, «mais de l'impact sur l'environnement», dit ce professeur à l'Université de Genève. Même si la consommation dépasse de plus de 15 milliards de tonnes par an la production par les rivières et les glaciers.

Améliorer la gouvernance mondiale

D’un point de vue général, l'extraction expose les côtes à des situations extrêmes en les rendant vulnérables aux vagues de tempêtes. Il faut améliorer «la gouvernance mondiale des ressources en sable pour une utilisation plus durable», explique la directrice exécutive intérimaire d'ONU Environnement Joyce Msuya.

Mais selon les zones géographiques, les réglementations sont très différentes et dans certaines régions très importantes pour la biodiversité, il n’existe même aucune législation, ce qui les rend très vulnérables. L'Europe et le nord du continent américain sont les mieux armés. Mais quatre des cinq plus gros extracteurs mondiaux sont européens et leur attitude dans d'autres zones du monde n'est pas claire, dit Pascal Peduzzi.

Etablir un dialogue avec les grands groupes

Il souhaite notamment que l'ONU se rapproche du groupe franco-suisse LafargeHolcim. Un dialogue considéré comme crucial «étant donné l'importance» de cette entreprise dans la branche, dit le directeur. Les autres acteurs pourraient suivre si celle-ci s'engage, espère-t-il.

Une augmentation d'actes illégaux est également observée dans les écosystèmes marins, sur les côtes et dans les autres zones aquatiques. Les problèmes deviennent également de plus en plus internationaux dans cette branche, alors que les prix sont trop bas selon le directeur du GRID-Genève.

D’après les estimations, le commerce mondial de ces produits devrait s'étendre de plus de 5% par an avec l'extension de l'urbanisation et de nouvelles infrastructures.

Appel au recyclage et surveillance

L'extraction des sables et graviers a également un impact économique sur les activités de certaines communautés. Des militants qui s'opposaient à des groupes criminels liés au sable ont, dans plusieurs cas, été menacés ou tués, surtout pour le commerce local de ces matériaux. L'ONU appelle les gouvernements à garantir une traçabilité des ressources utilisées.

Le rapport demande également d'éviter les constructions inutiles et de recourir à des matériaux recyclés ou à des alternatives. Un ingénieur fribourgeois a notamment lancé une solution avec du bois. Dans certains pays, ce sont les applications de taxes sur l'extraction qui ont permis de réduire de 30% le recours à de nouveaux volumes de sables.

L’ONU appelle à une discussion mondiale pour passer à une exploitation éthique du matériau, et à un dialogue entre acteurs de cette branche. L’organisation prévoit d’investir dans la surveillance de ces marchés dès les prochains mois.

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