La faiblesse conjoncturelle mondiale pèse encore lourd sur l'économie suisse
Les prévisions de l’Institut zurichois de recherches conjoncturelles (KOF) tablent sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) suisse de 1,2 % cette année, malgré les freins dus à la conjoncture mondiale et au recul des investissements. Pour l'année prochaine, les perspectives sont meilleures, avec un taux de croissance prévu de 1,8 %, estiment ses experts.

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L’économie évolue encore dans un contexte incertain.
L'économie suisse ne croît que modérément au premier semestre en cours. L’Institut zurichois de recherches conjoncturelles (KOF) ne s'attend à une reprise qu'au second semestre, lorsque la demande internationale repartira. Malgré la faible croissance du PIB, les experts s’attendent à une solide croissance de l'emploi et à un taux de chômage toujours bas au cours de la période de prévision. De plus, après les reculs de ces dernières années, les salaires réels doivent à nouveau augmenter.
Courbe mitigée
pour les investissements
Outre la paralysie de l'économie mondiale, le recul des investissements en
biens d'équipement freine également la conjoncture suisse. Le recul s'est
étendu presque partout. A la marge
actuelle, les investissements en équipement sont revenus à leur niveau d'avant
la pandémie. D’une part, il s'agit d’un retour à la normale, après des
années plus élevées que la moyenne. D’autre part, cela révèle une certaine faiblesse.
Dans l'industrie en particulier, le climat d'investissement s'est nettement
refroidi. Des sondages récents montrent toutefois une amélioration progressive
des prévisions.

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Les investissements dans la construction en Suisse se maintiennent à un faible niveau cette année. Le recul des investissements dans la construction de logements et la faiblesse persistante des investissements dans les secteurs de l'industrie, de l'artisanat et des services en sont la cause. Toutefois, des projets d'envergure dans le génie civil et les infrastructures publiques soutiennent le secteur, ce qui facilitera une reprise des investissements dans la construction l'année prochaine.
Un pouvoir d’achat
réduit
Le
KOF prévoit une faible augmentation cette année pour la consommation privée. La
hausse des prix, en particulier au premier semestre et l'augmentation des
dépenses pour l'assurance maladie obligatoire ont un impact négatif sur le
pouvoir d'achat. Néanmoins, la situation toujours bonne du marché du travail et
la croissance démographique soutiennent la consommation dans son ensemble, même
si la consommation privée et le revenu disponible par habitant diminuent
légèrement. Pour l'année prochaine,
les experts s’attendent à une augmentation des dépenses des ménages
privés. Celle-ci est soutenue par un renchérissement qui s'atténue
progressivement et par une augmentation plus forte du revenu disponible.
Les services se
développent mieux
Des impulsions positives pour l'évolution conjoncturelle suisse proviennent de
quelques secteurs de services. Il s'agit notamment de
l'hôtellerie-restauration, du secteur de la santé ainsi que des services
financiers et d'assurance. La situation reste tendue, surtout pour les
entreprises industrielles orientées vers l'exportation. En revanche, la branche
pharmaceutique enregistre une amélioration de ses affaires.

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Dans un contexte de recul des taux d'inflation et de faible dynamique économique, la Banque nationale suisse a décidé, lors de sa séance de mars, de baisser son taux d'intérêt à 1,5%. Ses homologues aux Etats-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni observent notamment avec prudence l'évolution des prix des services et devraient commencer à abaisser leurs taux directeurs vers le milieu de l'année. La Banque du Japon est quant à elle sortie de la zone des taux négatifs.
Un marché
suisse du travail toujours en forme
Au quatrième trimestre 2023, le marché de l'emploi en Suisse a enregistré une
solide croissance. Ses perspectives
pour cette année restent
également positives. Malgré la
hausse modérée du PIB, le KOF prévoit que la croissance de l'emploi restera
solide, même si le chômage devrait légèrement augmenter. Cela s'explique en
partie par des hausses modérées de l'emploi dans des branches où les taux de
chômage sont traditionnellement plus élevés. Les taux de chômage restent
toutefois inférieurs aux moyennes historiques sur l'ensemble de la période de
prévision.
Une Europe
faible, une Amérique robuste
L'économie mondiale a connu au quatrième trimestre 2023 une évolution
inférieure à la moyenne avec de fortes disparités régionales. Les Etats-Unis
ont fait preuve de robustesse économique grâce à la vigueur persistante des
dépenses de consommation. Les économies européennes, en particulier celle de l'Allemagne, traversent une
phase de faiblesse conjoncturelle. Malgré les défis à court terme posés par une
inflation élevée et des conditions de financement difficiles, une reprise
économique est attendue pour le second semestre de cette année. Les exportations
et les importations suisses devraient alors en profiter,
estiment les experts du KOF.
Les risques de l’inflation
Les risques inflationnistes sont
principalement marqués par le fait que des effets imprévus empêchent le taux de
base de continuer à baisser. Les banques centrales seraient contraintes dans ce
cas de s'abstenir de réduire
les
taux d'intérêt. Cela pourrait compromettre la reprise attendue dans le monde entier. En outre,
l'aggravation des conflits géopolitiques, comme les guerres qui se poursuivent
en Ukraine et au Moyen-Orient, risque de faire grimper les prix de l'énergie.