15:35 ECONOMIE

La construction de logements passe à la vitesse supérieure

Teaserbild-Quelle: Jean-A. Luque

Les investissements prévus dans le bâtiment atteignent un niveau exceptionnel après le deuxième trimestre de cette année. La construction de logements collectifs connaît une évolution dynamique. Le photovoltaïque est en plein essor, tandis que l'industrie et le commerce investissent massivement. La plupart des indicateurs sont au beau fixe. 

Rolex Bulle 1

Crédit image: Rolex

Signe du dynamisme du secteur, la construction du futur siège de Rolex à Bulle dope déjà les investissements.

Le gros oeuvre et le second œuvre en Suisse font preuve d’un dynamisme et d'une expansion incroyable au deuxième trimestre 2024. Le volume de construction de bâtiments – relevé sur la base des demandes de permis de construire – a connu une hausse de 47,4% par rapport au même trimestre de l'année précédente. Du jamais vu ! Les investissements projetés dépassent les 15 milliards de francs. Bien sûr, il faut tenir compte du fait que cette progression spectaculaire se fait en partant de la valeur la plus basse jamais enregistrée et que les montants articulés tiennent compte d’un très important projet dans le segment industriel. Il n’en reste pas moins qu’avec une augmentation de 11,0% du nombre de projets par rapport au même trimestre de l'année précédente et de 6,4% par rapport au trimestre précédent, l'évolution de l'activité dans le bâtiment est au beau fixe.

Le secteur du logement accélère son rythme de production et répond pour le deuxième trimestre consécutif aux attentes. Au total, le volume de construction de logements a augmenté de 34,6% par rapport au même trimestre de l'année précédente et de 3,1% en comparaison au deuxième trimestre 2024. La nouvelle baisse du taux d'intérêt directeur par la Banque nationale suisse (BNS) semble avoir stimulé les investisseurs intéressés par l’immobilier de logements. La construction d'immeubles collectifs a tout particulièrement bénéficié de ce regain d’intérêt.

Selon les chiffres d'Infopro Digital Suisse Sàrl, ce segment des immeubles collectifs a connu une croissance de 45,2% (trimestre précédent : +18,0 %) comparativement à la même période de l'année précédente. En effet, plus de 2,4 milliards de francs suisses supplémentaires vont y être investis par rapport à la même période de l'année passée. Avec une augmentation de 39,6% (trimestre précédent : +7,9%), les nouvelles constructions vont également profiter de cette embellie. Quant aux transformations et rénovations, elles explosent avec un taux de croissance de 65,4% en glissement annuel (trimestre précédent : +59,2%). Ce domaine des rénovations affiche depuis plusieurs trimestres une croissance continue et surtout la plus constante.

Bien que les chantiers pour des surfaces résidentielles soient de plus en plus nombreux et affichent un niveau élevé depuis le début de l’année, il est toutefois prématuré de parler d'une tendance haussière durable. En effet, l’activité dans le segment des logements collectifs est freinée par des raisons structurelles telles que la durée des procédures de demandes de permis de construire. Cette dernière peut affecter négativement la construction.

Mises à l’enquête rallongées
Selon une étude de l'UBS, la procédure d'autorisation pour un immeuble collectif dure en moyenne 200 jours. Comparé à la période 2011-2020, ce délai s'est ainsi allongé de plus de 40 jours. Les causes principales sont bien sûr la prolifération des normes et des procédures de recours. La densification des constructions demande plus de planification et rend le processus de mise à l’enquête plus complexe. Construire des immeubles d'habitation dans les centres urbains est donc plus ardu que dans les petites communes rurales. Densifier signifie souvent construire plus haut, ce qui peut entraîner une augmentation des oppositions, notamment en ce qui concerne l'ombre portée des bâtiments.

Stats construction trimestre 2 Suisse

Crédit image: Jean-A. Luque

La construction en Suisse se porte très bien. Les chantiers se multiplient qu’il s’agisse de nouveaux immeubles ou de rénovations voire transformations. Ce dernier domaine a augmenté de 65% en un an et ne semble pas prêt de ralentir.

La rapidité d'obtention d'un permis de construire dépend également de la région où l'on souhaite bâtir. Selon l'étude de l’UBS, la durée varie fortement d'un canton à l'autre, à en croire les données des années 2022 et 2023. Ainsi, à Neuchâtel, Fribourg et dans le Jura, le délai d'obtention d'un permis de construire est supérieur à la moyenne suisse. A Genève aussi, le délai d'obtention d'une autorisation est désormais beaucoup plus long qu'il y a quelques années. Il en va de même à Saint-Gall où les procédures s'allongent sensiblement. Des cantons comme Vaud, Thurgovie et le Tessin ainsi que les cantons de montagne ont pour leur part des procédures d'autorisation plus rapides. La construction de logements collectifs pourrait être accélérée en limitant les recours ou en les rendant plus coûteux. Enfin, l'étude évoque la numérisation complète des processus d'autorisation comme un moyen d'accélérer les démarches.
Sans surprise, le domaine des maisons individuelles est nettement moins dynamique. Les deux premiers trimestres de l'année montrent tout de même que les chiffres se maintiennent au niveau de l'année précédente. Le volume de construction a augmenté de 3,2% (trimestre précédent : 4,4 %). Une comparaison sur les trois dernières années fait apparaître une forte volatilité du secteur. L'activité se répartit plus ou moins à parts égales entre les nouvelles constructions et le bâti existant. La construction neuve a toutefois tendance à perdre du terrain au profit de la rénovation.

Boom du solaire
Les installations photovoltaïques dans les bâtiments sont en plein essor. Pour la quatrième année consécutive, le marché a connu une croissance de plus de 40%. C'est ce que montrent les « Statistiques de l'énergie solaire » de l'Office fédéral de l'énergie. La croissance a été particulièrement marquée dans le secteur des bâtiments collectifs (+59%). En outre, selon l'association professionnelle Swissolar, la tendance est aux installations de plus grande taille, les toits étant de plus en plus utilisés dans leur intégralité, ce qui est judicieux tant du point de vue économique qu'esthétique. Avec une augmentation de 65%, le rendement énergétique des bâtiments industriels et commerciaux dépasse même celui des bâtiments résidentiels.

Stats construction trimestre 2 Suisse

Crédit image: Jean-A. Luque

Le solaire sur les bâtiments est au centre d'initiatives toujours plus nombreuses.

Quant au stockage de l'électricité solaire, une solution combinée semble devenir de plus en plus courante. 42% des nouvelles installations photovoltaïques sur des maisons individuelles ont été raccordées à des batteries de stockage afin d'absorber les fluctuations de production dues aux conditions météorologiques et de pérenniser ainsi l'approvisionnement en électricité de son propre toit. Ainsi, le nombre de nouvelles batteries de stockage installées a augmenté de 73% par rapport à l'année dernière. Cette évolution s'inscrit également dans le contexte de la nouvelle loi sur l'électricité. Elle offre un cadre fiable, avec des objectifs de développement et un ensemble d'instruments permettant de poser des panneaux solaires. Les communautés électriques locales qui promeuvent l'électricité solaire dans les quartiers participent à ce boom du PV.

Changement d'époque à Bulle
Les investissements de l'industrie et du commerce pour leurs parcs immobiliers atteignent généralement trimestre après trimestre une valeur nettement supérieure au milliard de francs. Mais au trimestre dernier, ces investissements ont doublé ! En effet, Rolex a dévoilé son futur site de production fribourgeois à Bulle et projette d’y injecter un milliard de francs. Ce mégacomplexe horloger de près de 380 m de long s'étendra sur 261 600 m² de plancher, avec un volume bâti de 1,43 million de m³.

Même sans tenir compte de ce chantier pharaonique, les sommes engagées par les industriels et les entreprises dépassent de plus d'un tiers celles du deuxième trimestre 2023. La propension à investir dans le deuxième segment le plus important de la construction laisse augurer d’une évolution future robuste, dans un contexte conjoncturel qui reste toutefois exigeant.

La baisse des commandes en provenance des pays européens et la diminution de la demande outre-mer continuent de peser sur les entreprises. Les capacités de production de nombre de petites et moyennes entreprises (PME) sont trop peu utilisées, un facteur qui pourrait freiner les investissements à l'avenir, comme le redoute la Banque Raiffeisen en se référant à l'indice actuel des directeurs d'achat dans l'industrie (PMI). Les PME ont certes annoncé une légère hausse de leurs carnets de commandes pour la deuxième fois consécutive, mais dans l'ensemble, les signes d'une reprise accélérée de l'activité industrielle restent faibles. En juin, les PME interrogées ont à nouveau fait état d'une détérioration de la situation des affaires, avec un indice PMI de 48,8 points, après une forte hausse de l'indice en mai à 50,5 points au-dessus du seuil de croissance – contre 44,8 points en avril. Dans l'ensemble, le trimestre a été marqué par des hauts et des bas, un reflet momentané et fidèle de la situation économique mondiale. De nombreuses PME opèrent elles-mêmes sur le marché mondial ou sont sous-traitantes de grandes entreprises exportatrices. Selon les chiffres de l'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières (OFDT), la tendance à la hausse des exportations suisses a été brisée en mai, bien qu'elle reste à un niveau élevé.

Reprise annoncée, mais...
Le groupe d'experts de la Confédération se montre légèrement plus optimiste qu'au premier trimestre quant à l'évolution de l'économie suisse dans son ensemble. Pour 2024, il prévoit une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de 1,2%, contre 1,1% dans son estimation de mars. La prévision pour 2025 reste inchangée à 1,7%. Le retour à la normale de la croissance pourrait être plus rapide qu’imaginé. A condition que l'inflation internationale recule plus vite que prévu. En Suisse, l'inflation s'est établie à 1,3% en juin (mai : 1,4%).

Les conjoncturistes de l'EPFZ (KOF) prévoient une reprise de l'économie suisse au second semestre de cette année, tout en tablant sur une croissance du PIB de 1,2% (2025 : 1,8%). L'augmentation du pouvoir d'achat résultant de la baisse de l'inflation stimulera la consommation et favorisera les investissements, grâce à l'augmentation des recettes des entreprises. Pour sa part, la BNS se montre plus circonspecte et continue de tabler sur une croissance du PIB d'environ 1% en 2024 et d'environ 1,5% en 2025, comme l'indique son examen approfondi de la situation économique et monétaire de fin juin. L'économie mondiale a certes connu une croissance solide au début du trimestre, mais les tensions géopolitiques sont susceptibles de freiner son développement.

En Allemagne, un marché d'exportation important pour la Suisse, l'inflation recule rapidement en direction du seuil de stabilité des prix de 2%. En juin, le taux s'est établi à 2,2% (mai : 2,4%). L'institut de recherche économique Ifo prévoit une croissance du PIB de 0,4% en 2024 et de 1,5% en 2025. Le scénario catastrophe d'une économie en déclin semble s'être définitivement dissipé. La lutte contre l'inflation dans la zone euro reste néanmoins difficile. En juin, le taux d'inflation se situait à 2,5% (mai : 2,6%).

A l'exception du secteur de l'éducation, tous les segments ont contribué au très bon résultat trimestriel. Le développement démographique impliquant également un développement de l'infrastructure scolaire, ce segment affiche depuis quelques trimestres une belle constance avec des volumes de commandes souvent importants. Au deuxième trimestre, le volume de construction a toutefois reculé de 9,3%, tout en restant supérieur à la moyenne quinquennale.

La situation se présente différemment dans le secteur de la santé, autre domaine du secteur public. Le montant des travaux a dépassé de moitié celui de l'année précédente, tout en restant inférieur à la moyenne quinquennale. Quant au secteur de l'hôtellerie et de la restauration, le développement de l'offre s'accélère. Les investissements déclarés ont plus que doublé par rapport à l'année dernière et atteignent un niveau record sur les dix dernières années. Enfin, la tendance positive observée depuis six trimestres dans le secteur des bâtiments destinés aux activités sociales, culturelles et de loisirs se confirme et décroche lui aussi un niveau record.

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