L'économie intérieure résiste en dépit de la baisse du commerce extérieur de cet automne
Malgré une économie intérieure robuste, la faiblesse mondiale affecte l’économie suisse orientée sur l’exportation. L’Institut zurichois de recherches conjoncturelles (KOF) prévoit une croissance du PIB réel de 1,2% cette année et de 1,5% l’année prochaine.
Crédit image: KOF
La consommation privée reste le pilier de l'évolution conjoncturelle suisse . Les experts zurichois se projettent jusqu'en 2025 pour l'étudier.
Selon les prévisions des experts de l'Institut zurichois de recherches conjoncturelles (KOF), le produit intérieur brut (PIB) suisse augmentera cette année de 1,2 %. Le taux de croissance prévue en 2023 reste ainsi pratiquement inchangé par rapport aux prévisions de juin dernier. Pour l'année 2024, le KOF tempère toutefois ses attentes.
Dans ses prévisions de juin, le KOF s'attendait encore à une hausse du PIB de 2,1 % et à une hausse de 1,7 % du PIB corrigé par les grands événements sportifs. La raison principale de cette révision est une évolution plus faible de la contribution du commerce extérieur calculée par rapport aux prévisions précédentes. Cela est principalement dû à un dynamisme plus faible des exportations de marchandises. Dans ses prévisions actuelles, le KOF élargit l'horizon de prévision jusqu'en 2025. Le taux de croissance du PIB total devrait être de 1,9 % dans deux ans.
Un marché
suisse du travail stable et solide
La robustesse du marché du travail reste l'un des principaux piliers de la
conjoncture suisse. Le KOF
s’attend à un léger ralentissement l'année prochaine et l'année suivante, malgré une conjoncture un peu moins
favorable. Après une forte croissance de 2 % cette année, l'emploi devrait
progresser de presque 1 % l'année prochaine et l'année d'après. Le taux de
chômage calculé par l'Office fédéral de la statistique (OFS) selon la
définition de l'Organisation internationale du travail (OIT) augmentera certes
un peu plus que prévu en moyenne annuelle en 2024, passant de 4,1 % cette année
à 4,3 % (prévision de juin : 4,2 %).
Il restera relativement bas et n'augmentera que de 4,5 % en 2025. Le taux
de chômage au sens du Secrétariat d'État à l'économie (SECO) devrait également
légèrement augmenter, passant de 2 % cette année à 2,2 % l'année prochaine et à
2,4 % en 2025, ce qui plaide également en faveur d'un environnement de marché
du travail toujours favorable.
Les loyers et l'électricité
alimentent l'inflation
L'indice des prix à la consommation (IPC) devrait augmenter de 2,2 % cette
année, de 2,1 % l'année prochaine et d'environ 1,1 % en 2025. Dans ses
prévisions précédentes, le KOF estimait que l'IPC augmenterait également de 2,2
% cette année, mais de 1,5 % l'année prochaine. La révision des prévisions pour
2024 s'explique principalement par le fait que les augmentations des loyers
auront un impact plus important sur le taux d'inflation que prévu et que les
prix de l'électricité augmenteront plus fortement en début d'année que prévu
jusqu'à présent.
Crédit image: KOF
Lors de sa réunion de septembre, la Banque nationale suisse (BNS) a décidé de maintenir son taux directeur à 1,75 %. Le KOF s'attend à ce que la BNS lâche la bride aux taux d'intérêt dans un avenir proche, après avoir relevé le taux de 250 points de base en l'espace d'un an environ. En décidant de ne pas relever son taux directeur, la BNS a encore creusé l'écart de taux avec la zone euro, qui se situe désormais à 2,25 points de pourcentage. Il faut s'attendre à ce que la BNS intervienne sur le marché des devises en vendant des devises afin de garantir un franc fort et de réduire encore le renchérissement importé. Le KOF s'attend encore à une appréciation du taux de change effectif nominal.
Consommation
privée toujours
déterminante
La consommation privée reste le pilier de l'évolution conjoncturelle suisse
pour la période de prévision. Après que les consommateurs ont surtout consommé
davantage de services au cours des derniers mois et que le commerce de détail
s'est normalisé depuis le pic qu’il avait connu lors de la crise sanitaire, ce dernier devrait lui aussi
enregistrer une nouvelle croissance dans un avenir proche. Les ménages
continuent de financer la consommation par un taux d'épargne qui a tendance à
diminuer légèrement. Dans l’ensemble, la consommation privée devrait augmenter
de 2,3 % en termes réels cette année et de 1,5 % les deux prochaines années.
Crédit image: KOF
Le KOF prévoit que les salaires nominaux augmenteront de 2 % cette année, selon le calcul de l'indice suisse des salaires (SLI). Dans la mesure où le taux d'inflation sera supérieur à 2 % durant la même période selon les prévisions actuelles, les salaires réels stagneront cette année. L'année prochaine, l'augmentation des salaires nominaux devrait être légèrement supérieure et s'élever à 2,2 %. Cela implique une nouvelle année de vaches maigres pour l'évolution des salaires réels. Ce n'est qu'en 2025, lorsque les pressions inflationnistes auront nettement diminué, que les salaires réels devraient à nouveau augmenter sensiblement de près de 1%.
Perspectives mondiales
mitigées
La demande internationale sera modérée au second semestre de cette année. Le
PIB mondial pondéré par les parts des exportations suisses n'augmentera que
modérément. En Chine, la reprise économique qui a suivi la fin de la politique
«zéro COVID» au deuxième trimestre 2023 ne s'est pas poursuivie comme prévu, la
dynamique s'est même affaiblie contrairement à de nombreuses prévisions. La
Chine affiche actuellement une faiblesse conjoncturelle marquée par une crise
immobilière ainsi qu'une demande de consommation hésitante. L'économie
allemande connaît un ralentissement marqué se répercutant également sur la
Suisse. Une petite lueur d'espoir vient de l’Amérique du Nord, où l'économie a
évolué de manière plus positive que ne l'avait prévu le KOF cet été.
Le rôle géopolitique
de l’inflation
L'évolution de
l'inflation et la politique monétaire qui en découle jouent toujours un rôle essentiel dans la prévention des risques. Des effets
secondaires plus marqués pourraient conduire à une consolidation de l'inflation
plus forte que prévu. Les banques centrales pourraient alors être contraintes
de mener une politique monétaire encore plus stricte et de freiner fortement la
conjoncture. D'autre part, l'inflation pourrait s'affaiblir plus rapidement que
ne le prévoient les prévisions, ce qui permettrait à la politique monétaire de
relâcher la bride plus tôt. L'intensification ou la survenue de conflits
géopolitiques constitueraient de nouveaux autres risques baissiers lesquels
affaibliraient le commerce mondial et/ou déclencheraient des chocs de prix des
matières premières ou de l'énergie. L'éclatement de la bulle immobilière en
Chine pourrait affecter plus longtemps et plus fortement la croissance
économique chinoise et avoir un impact négatif sur le commerce mondial.
Nuages sur le secteur pharmaceutique
Le potentiel de rechute de la branche pharmaceutique constitue un risque
particulier en Suisse. A la
suite de la pandémie, l'industrie chimique et pharmaceutique suisse a fortement
augmenté la valeur ajoutée pour la production et la livraison de vaccins en
2021 et 2022. Le KOF part du principe que les capacités de production mises en
place à cet effet dans le domaine de la biotechnologie seront désormais
conservées en grande partie pour de nouveaux produits. Toutefois, si les
capacités de production de l'industrie pharmaceutique devaient être fortement
réduites, le PIB suisse en subirait également les conséquences.