En dépit des contrôles, la situation sur les chantiers romands reste tendue
La poursuite des chantiers en Suisse romande continue d’être fustigée par les secrétaires syndicaux d’Unia. Les cantons romands avancent en ordre dispersé. Entre les arrêts prolongés de gros chantiers ou leur poursuite au ralenti, la nécessité économique et la protection de la santé des travailleurs s’affrontent encore sur le terrain.
Crédit image: Suva
La Suva ne peut à elle-seule assurer les contrôles sanitaires des chantiers encore ouverts. Les syndicats lui viennent déjà en aide.
De l’avis des syndicats, les prescriptions sanitaires édictées par l’Office fédéral de la santé publique et le Seco sont trop difficiles, voire impossibles à respecter sur les chantiers romands. La poursuite de l’activité de la construction, qui reste la règle au plan de la Confédération, fait parfois monter les tensions entre partenaires sociaux, pouvoirs publics et même communautés linguistiques.
Röstigraben en Valais
La situation des chantiers n’est de loin pas satisfaisante en Valais. Jeanny Morard, secrétaire régional d’Unia, déplore le fait que le Conseil d’Etat valaisan s’aligne strictement sur les recommandations du Conseil fédéral. «Les gros chantiers de l’EPFL, à Sion, et de la Lonza, à Viège, sont particulièrement problématiques», souligne-t-il. Une entreprise a même été fermée. Malgré tout, l’activité de la construction se poursuit. Malgré des positions diamétralement opposées au sein du patronat, entre Romands pour l’arrêt et Alémaniques pour la poursuite de l’économie.
Inquiétudes vaudoises
Du côté vaudois, les 90% des chantiers sont à l’arrêt. Cependant, Unia Vaud entrevoit un redémarrage progressif. Le syndicat fait part de sa très grande inquiétude pour la santé et la sécurité des travailleurs, confrontés à l’impossibilité de respecter les consignes sanitaires. Les petites entreprises subissent une pression accrue, qui va dans le sens d’un redémarrage de leurs activités. Avec un manque de moyens évident pour ce qui concerne l’équipement sanitaire et l’hygiène. Le syndicat indique aussi que les moyens de contrôle du canton sont suffisants.
Le Jura prend ses responsabilités
Dans le Jura, par contre, la situation est tout autre. Le gouvernement jurassien se montre strict sur le respect des prescriptions sanitaires, tout en soutenant un secteur de la contruction durement impacté par la crise. «Les principaux chantiers du canton, comme celui du Théâtre du Jura ou de la patinoire de Porrentruy, sont pratiquement à l’arrêt, détaille François-Xavier Migy, secrétaire syndical d’Unia. Nous vivons dans un canton de petites entreprises qui ne peuvent plus poursuivre une activité économique normale à l’heure actuelle. Les patrons ont donc pris leurs responsabilités en sollicitant les mesures de RHT, par respect de la santé de leur personnel. Nous estimons que sept chantiers sur dix sont à l’arrêt chez nous». L’absence forcée de nombreux frontaliers français sur les chantiers jurassiens en a aussi ralenti l’activité.
Neuchâtel se concerte
Le Conseil d’Etat neuchâtelois ne fait pas que s’aligner sur les consignes du Conseil fédéral. Il a décidé de réunir les partenaires sociaux et les milieux professionnels de la construction pour à la fois faire respecter les consignes sanitaires et assurer la poursuite de cette activité économique. L’arrêt technique demandé par Unia Suisse a été spontanément appliqué par certains patrons. Cette «pause» devrait leur permettre d’envisager de reprendre certains travaux au plus vite.
Genève intensifie les contrôles
A Genève, les demandes de réouverture des chantiers ont afflué dès que le Conseil d’Etat ait rendu la chose possible. Toutefois, les grands projets routiers et immobiliers n’ont pas encore repris. «Les inspecteurs du travail du canton assurent le contrôle, et la demande de réouverture doit être signée par le maître d’ouvrage», explique Pauline de Salis Soglio, secrétaire générale adjointe du Département genevois du Territoire. Le système de poursuite sous conditions de l’activité de la construction s’est très vite mis en place. «C’est ce que nous préconisons pour toute la Suisse», indique Jérôme Clément, membre de la direction suisse d’Unia pour le gros œuvre.
Fribourg poursuit l’activité
A Fribourg, les secrétaires syndicaux d’Unia ont pris leur bâton de pèlerin et fait des contrôles de chantier, en plus de ceux opérés par la Suva et la police cantonale. «Pour la transformation de la patinoire de Saint-Léonard, les inspections sont quasi quotidiennes», indique Alain Winkel, responsable de l’agence fribourgeoise d’Implenia. Les chantiers se poursuivent dans la mesure du possible et selon un rythme ralenti. Certains se sont aussi arrêtés d’eux-mêmes, soit par précaution soit en raison d’un manque d’approvisionnement en matériaux importés, souvent de l’étranger. Le canton a toujours déclaré s’aligner sur la Confédération et ses prescriptions.