Un site archéologique bernois menacé par l’activité dévorante des castors
Le site palafittique de l’île du lac d’Inkwil, à cheval sur les cantons de Berne et de Soleure, est menacé. L’activité des castors porte atteinte à la conservation de ses richesses archéologiques inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. De quoi prendre des mesures de protection.
Crédit image: Service archéologique du canton de Berne, Carlos Pinto
La grande île du lac d’Inkwil, un site archéologique d’importance nationale et internationale cherche le moyen de stopper les dégâts causés par les castors .
La conservation
de l'île du lac d’Inkwil est actuellement menacée par les constructions de
castors qui y ont élu domicile depuis plusieurs années. Les cantons de Berne et
de Soleure réagissent, en prenant plusieurs de protection de cette réserve
naturelle et de ce site palaffittique.
Cette grande île est en effet bien connue des archéologues et des naturalistes. S’étendant pour moitié sur le territoire de la commune de Bolken (SO) et sur celle d’Inkwil (BE), cette réserve naturelle inclut aussi le fond du lac riches en vestiges d’abitats datant du Néolithique et de l’âge du bronze. Une équipe de plongeurs a ainsi remonté à la surface un spécimen unique d’épée en bois. L’île fait ainsi partie des «Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes», une série inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et qui regroupe 111 sites répartis entre l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Autriche, la Slovénie et la Suisse. Les palaffittes sont des habitations sur pilotis reliés à la rive par une passerelle.
Crédit image: Service archéologique du canton de Berne, Daniel Steffen
Les galeries construites par les castors traversent les couches de bois préhistorique.
Lors de l’assainissement du lac pendant l’été 2018, l’équipe de plongée du Service archéologique du canton de Berne a constaté que les galeries creusées par les castors qui ont investi les lieux compromettent la conservation du site de fouilles sur la grande île. Les analyses réalisées entre 2019 et 2022 ont révélé l’ampleur des dégâts aquatiques et terrestres causés par ces animaux bâtisseurs. 14 galeries souterraines ont été recensées aux abords de l’île. En les creusant, les castors ont entaillé plusieurs couches de bois de construction datant du Néolithique et de l’âge du bronze. Les galeries des rongeurs sous la surface de l’île entraînent la disparition définitive de précieuses strates archéologiques.
Des mesures
jugées nécessaires
Il a donc été jugé impératif de garantir la protection de la nature tout en
évitant que tout autre dommage ne soit porté au patrimoine culturel. À cette
fin, les services concernés dans les cantons de Soleure et de Berne, ainsi que
la Confédération, ont élaboré conjointement un habitat de remplacement pour les
castors sur une île plus petite que celle du site protégé. Les associations
nationales de protection de la nature et de l’environnement ont bien accueilli
ce projet. Il est notamment prévu l’installation d’une grille couvrant la
grande île. Enfoncée dans le lac jusqu’à 10 m de profondeur, celle-ci empêchera
les castors d’accéder au périmètre protégé.
Le coût total du projet a été estimé à environ 800'000 francs, montant qui comprend les charges de personnel des deux services archéologiques. Comme le site archéologique du lac d’Inkwil est d’importance nationale et internationale, l’Office fédéral de la culture devrait prendre en charge 25 % du financement. Le service archéologique du canton de Soleure financera une partie des coûts à l’aide de moyens prélevés sur le Fonds de loterie Swisslos.