Découverte archéologique exceptionnelle en Vieille Ville de Genève
Des travaux de rénovation, à côté de la
cathédrale Saint-Pierre de Genève, ont mis à jour un mur de fortification médiéval construit vers 1230 pour protéger les maisons des ecclésiastiques genevois. Cette découverte remarquable expose une muraille, avec des niches pour canons, dernier témoin du palais fortifié des évêques de Genève.
Crédit image: OPS-IMAH, photo Olivier Zimmermann
Vue partielle de la muraille du quartier capitulaire découverte cette année dans la Vieille Ville de Genève. L'ouvrage conserve d'impressionnantes meurtrières.
Des travaux de rénovation conduits de janvier à septembre
dans un immeuble situé au nord de la cathédrale Saint-Pierre ont permis de
vider complètement les caves du bâtiment et de dégager les structures formant
ses fondations. Un important mur de fortification a été mis au jour au
cours de ce chantier.
Reliquat du Moyen Age
Cette muraille appartenait à l'enceinte du quartier capitulaire, construite
vers 1230 pour protéger les maisons réservées aux ecclésiastiques desservant la
cathédrale. Les fortifications étaient percées de quatre portes (Taconnerie,
Puits-Saint-Pierre, Barrières, Degrésde-Poule). Face à la rue de la Fontaine,
le Palais de l'évêque assurait la défense de l'ensemble.
Les défenses du quartier capitulaire ont été détruites du XVIe au XIXe siècle, afin de faire place à de nouveaux immeubles et pour fluidifier la circulation dans la Vieille Ville. La découverte d'un tronçon des fortifications est par conséquent un événement hors du commun.
S'étendant sur près de 10 m de longueur, cette muraille
en molasse atteint 2,50 m de hauteur et 1,80 m d'épaisseur. Elle présente un
très bon état de conservation et se distingue par de grandes niches prévues
pour y disposer des canons.
Crédit image: OPS-IMAH, photo Olivier Zimmermann
Les meurtrières forment des niches hautes de 1,90 m et larges de 1,55 m. Ainsi que le montrent diverses entailles dans la molasse, ces embrasures étaient équipées pour accueillir un canon maintenu en place par une structure en bois.
L'ensemble maçonné constitue le dernier témoin du palais
fortifié dont disposaient les évêques de Genève au nord de la cathédrale depuis
le XIe siècle et qui a été entièrement démoli en 1840. La muraille mise au jour
protégeait l'entrée de la résidence épiscopale face à la rue des Barrières.
Photogrammétrie à la rescousse
Un examen attentif de la muraille, notamment par photogrammétrie, permet de
constater que celle-ci supportait les voûtes d'une grande pièce. Il s'agit du
cellier du palais épiscopal, reconstruit en 1444-1445. Celui-ci abritait à
cette époque de 7 à 9 cuves à vin d'une capacité de 2'600 l chacune.
Le bâtiment fut converti en chambre de torture par la
Justice genevoise dans les années 1530, en lien avec la prison installée dans
l'ancien palais épiscopal. Finalement, l'ancien cellier devenu prison a été
démoli en 1624 pour faire place à la maison de Pierre d'Airebaudouze
(1557-1627), fameux juriste et avocat genevois. Seule la muraille médiévale a
traversé les siècles jusqu'à nos jours.
Cette découverte est absolument exceptionnelle à Genève,
en raison de l'importance, de l'ancienneté et de la rareté de la structure qui
a été mise au jour. On ne connaissait en effet jusqu'à présent que trois autres
vestiges des fortifications médiévales de la cité pour cette époque-là: la tour
de l'Ile, la tour Baudet et un tronçon de courtine.