Les lacs romands ne se débarrasseront pas facilement de la moule quagga
La moule quagga continue de faire des ravages dans les lacs romands et ses installations sous-lacustres, et cela n’est pas près de s’arrêter. Des chercheurs indiquent même que la prolifération de cette espèce sera exponentielle pendant les 12 prochaines années.
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La moule quagga bouche les conduites sous-lacustres, faisant exploser les coûts de leur entretien.
Cela fait froid dans le dos. La prolifération de la moules quagga dans les lacs Léman, de Neuchâtel et de Bienne est si exponentielle que les coûts de réparation et d’entretien de conduites bouchées par cette espèce pourront atteindre des sommets en 2035. La biomasse par mètre carré pourrait en effet passer d’un facteur de 9 à 20 dans les douze prochaines années si des mesures de lutte contre ce fléau ne sont pas prises en amont.
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Dispersion actuelle de la moule quagga dans les lacs suisses (points rouges). La première découverte a été faite en 2014 dans un échantillon d'ADN environnemental du Rhin à Bâle. Les années figurant à côté des points indiquent l’année de la première découverte.
La moule quagga affecte les systèmes de prélèvement d’eau pour la consommation de la population reliée à des pompages lacustres. L’Institut suisse de recherches sur l’eau (Eawag) livre un pronostic assez sombre sur l’avenir des lacs. Ses recherches menées en collaboration avec plusieurs universités laissent toutefois entrevoir des solutions pour enrayer la propagation de l’espèce.
Surveillance et
vigilance
Il s’agit avant tout d’affranchir le cycle du phosphore dans les grands lacs
alpins de leur dépendance à cette variété de moule non consommable. L’Eawag recommande
ainsi une surveillance accrue du phénomène et des infrastructures sous-lacustres.
Ses chercheurs s’attacheront particulièrement à détecter de nouveaux foyers de colonisation,
notamment dans les lacs encore peu touchés. Ils promettent de répéter leur
diagnostic tous les cinq ans, notamment par des méthodes basées sur l’ADN environnemental.
Les collectivités touchées par ce fléau sont aussi invitées à la vigilance.
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Calcul de la biomasse des moules quagga par mètre carré sur une période de 33 ans depuis sa première détection. Les points représentent la situation en 2022.
L’étude de l’Eawag se montre quand même un peu plus rassurante en constatant que la prolifération de la moule suit les mêmes courbes dans les grands lacs d’Amérique du Nord. Cela permet une comparaison de diverses données scientifiques et une meilleure prévention. L’impact de la quagga sur l’environnement doit cependant être encore évalué précisément.