L’EPFL voit la Grande-Dixence peuplée dans deux siècles
En 2223, le site de la Grande-Dixence (VS) sera plus habitable, estime une chercheuse de l’EPFL. La retenue d’eau du barrage et les lacs alpins joueront un rôle essentiel dans l’approvisionnement énergétique d’une population revenue en altitude, après la disparition des glaciers.
Crédit image: Wikimedia Commons,Jérémy Toma, travail personnel, CC BY-SA 4.0
La retenue d’eau du barrage pourra alimenter tout un bassin de population revenue en altitude dans deux siècles.
Un peu de science-fiction, un zeste d’observation des phénomènes climatiques et une bonne dose d’imagination ont permis à Sarah Planchamp, diplômée en architecture de l’EPFL, de dessiner ce à quoi pourrait ressembler le site de La Grande-Dixence et son barrage dans deux siècles. Son travail de master projette à long temps les conclusions des études sur le climat et montre comment les êtres humains pourraient vivre.
Les glaciers fondent, mettant ainsi en question l’exploitation des ressources hydrauliques des Alpes valaisannes, entre la Vallée de la Dixence et Zermatt. « Si le barrage lâche, le Valais sera sous l’eau », clament depuis longtemps ceux qui craignent une catastrophe majeure. Cette croyance populaire a attiré l’attention de cette jeune architecte, intéressée à analyser l’impact de l’exploitation de ce mur de béton, le plus volumineux au monde, et de ses installations de production d’électricité.
Vallée du Rhône
devenue irrespirable
Alimenté par les eaux de 35 glaciers, le plus haut barrage-poids du monde et
ses 285 m ont de quoi imposer. Sa construction dans les années 1950 avait
été le théâtre de nombreux exploits, tout en modifiant profondément le paysage
alpestre. Selon l’étude, le réchauffement de la planète va rendre la plaine du
Rhône irrespirable. La limite supérieure des arbres va remonter de 1000 m dans
deux siècles, estime Sarah Planchamp. Autant de tentations d’aller s’installer
en altitude, dans des zones encore vierges de toute construction. Barrages mis
à part.
Transhumance, le
retour
La chercheuse formule ainsi l’hypothèse que les pluies de 2223 seront plus
irrégulières et qu’il fera plus chaud qu’actuellement. Tentée pour des raisons économiques
par la plaine depuis des décennies, la population remontera en montagne pour y
produire et s’y établir. Comme les glaciers auront fondu d’ici là, le rôle joué
par les lacs et les retenues d’eau joueront un rôle primordial pour
l’approvisionnement énergétique et la production agricole ou sylvicole en
altitude.
Des télécabines
souterraines
Le barrage lui-même pourra aussi subir de profondes transformations, esquisse
Sarah Planchamp. Les galeries de collecte d’eau sous la montagne seront moins
alimentées, et cela pourra encourager les déplacements par télécabine. Les
zones de cultures devront être réaménagées en terrasses, comme cela se pratique
déjà dans les Andes. Les maisons devront aussi être troglodytes et la vie en
communauté davantage encouragée.
La chercheuse se défend d’être visionnaire. Elle préfère provoquer le débat par une démarche low-tech basée sur la résilience. A mille lieues de la vision apocalyptique d’une hypothétique rupture du barrage de La Grande-Dixence sous l’effet des caprices climatiques.