Le plafond cosmique d’un ancien temple égyptien restauré
Les vestiges du temple d'Esna, situé au sud de Louxor en Egypte, recèlent un trésor: de nombreuses représentations astronomiques, dont une peinture en relief très colorée sur le plafond. Cette dernière a été soigneusement restaurée au cours des cinq dernières années. Les travaux sont désormais terminés.
Crédit image: Wikimedia Commons, Roland Unger, CC BY-SA 3.0
Ce que l'on voit encore aujourd'hui du temple d'Esna au sud de Louxor en Egypte n'est que le vestibule, ou plutôt le proanos.
Le porche du temple d’Esna est le seul élément qui a résisté au temps, et il est intact. Ses dimensions sont impressionnantes: 37 m de long, 20 m de large et 15 m de haut. Il a été construit en grès sous l’empereur Claude (41-54) et a sans doute éclipsé le temple lui-même. L’université allemande de Tübingen a travaillé avec des experts égyptiens pour le restaurer. Sa position centrale dans la ville de Louxor a permis de le préserver.
200 inscriptions à l'encre découvertes
Depuis peu, les travaux de
restauration du plafond sont terminés. Au cours des cinq dernières années, il a été
nettoyé par 30 restaurateurs sous la direction du Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités et
a ainsi retrouvé ses couleurs d'origine. Il présente des divinités, des figures
mythologiques et des représentations du soleil, de la lune, et de constellations astronomiques diverses.
Outre les couleurs, les travaux ont permis de mettre à jour près de 200
inscriptions à l'encre dont on n'avait pas connaissance auparavant. Selon les
archéologues, elles ont permis d'identifier pour la première fois de nombreuses
représentations.
Crédit image: Ahmed Amin/Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités
Avant la restauration: un dieu à quatre têtes de bélier, peut-être une représentation du dieu soleil à la sixième heure du jour.
La représentation des divinités Orion, Sothis et Anukis joue un rôle important dans la dernière section mise à jour. Orion représente la constellation du même nom. A ses côtés, on peut voir Sothis, qui désigne en égyptien ancien la constellation de Sirius. «Sirius est invisible dans le ciel étoilé pendant 70 jours au cours de l'année, jusqu'à ce qu'elle se lève à nouveau à l'est» explique le responsable de l'Institut des cultures anciennes de l'Orient à l'université de Tübingen. «Dans l'Egypte ancienne, ce moment correspondait au jour de l'an et annonçait en même temps le début de la crue annuelle du Nil». Pendant ce temps, dans l'esprit des Egyptiens, la déesse Anoukis était responsable de la baisse de la crue du Nil une centaine de jours plus tard.
Crédit image: Ahmed Amin/Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités
Le vent du sud en tant que lion avec quatre ailes et une tête de bélier, le résultat après le nettoyage et la restauration.
Selon l'Université de Tübingen, l'Egypte possède désormais, avec la restauration achevée à Esna, «deux plafonds astronomiques exceptionnellement bien conservés dans des temples». L'autre plafond se trouve dans le temple de Dendara, à environ 60 km au nord de Louxor. Les deux reliefs sont toutefois très différents : alors que le blanc et le bleu clair dominent à Dendara, ce sont le jaune et le rouge qui dominent dans le temple d'Esna.
Dans les années à venir, les archéologues travailleront sur le projet de débarrasser de la suie les murs intérieurs du pronaos ainsi que les colonnes restantes.