Genève protège le patrimoine arboré du Jardin anglais et du parc des Bastions
Deux études ont été menées pour évaluer l’état des arbres et des sols au Jardin anglais et au parc des Bastions. Les résultats ont montré que les arbres du Jardin anglais sont en déclin. Un plan d’action a été élaboré pour les préserver en prenant en compte des besoins de la population.
Crédit image: Michael Spahn, CC_BY_2.0
33 nouveaux arbres pourraient être plantés dans neuf endroits différents du Jardin anglais.
En raison de l’utilisation croissante de l’espace public
et des nombreuses manifestations qui s’y déroulent, le Jardin anglais et le
parc des Bastions genevois subissent une forte pression. Pour protéger les
arbres, le Service des espaces verts de la Ville (SEVE) a mandaté deux études
entre septembre 2022 et février 2023 pour évaluer l'état des arbres et de
la qualité des sols.
Arbres «déclinants»
L'analyse des sols a porté sur leur compacité et la profondeur utile aux
arbres. Les résultats ont relevé une
grande hétérogénéité due à la constitution des sols qui résultent de remblais et de remaniements
successifs par l'homme. L'expertise arborée a porté sur 417 arbres aux Bastions et 163 arbres au Jardin Anglais et a analysé
les mensurations, l'état physiologique
(vigueur de l'arbre, perspectives de maintien et de développement) et
l'état mécanique (défauts susceptibles
de provoquer la chute de tout ou partie de l'arbre). Au Jardin Anglais, l'évaluation relève
des problèmes physiologiques importants, avec une trentaine d'arbres en état médiocre à mauvais, soit un arbre sur
cinq. L'état global des arbres est
qualifié de «déclinant».
Aux Bastions, les arbres sont en meilleur état mais de
fortes incertitudes demeurent sur l'état
mécanique de 6 % d'entre eux. Les études préconisent des interventions sur 50 arbres au Jardin Anglais
et 110 aux Bastions pour prolonger leur durée de vie et sécuriser les lieux. Les types
d'interventions varieront selon les cas: élagage, examen complémentaire, haubanage, abattage ou pose
de mulch (copeaux de branches ou paillis
organique grossier).
Crédit image: MHM55, CC_BY-SA_4.0
Des sols trop secs (ici au Parc des Bastions) ne permettent plus à l'eau de jouer son rôle protecteur contre le réchauffement climatique.
Les études n’ont pas montré de lien direct entre l’état
des arbres et la qualité des sols en raison de leur grande hétérogénéité. Les
causes du dépérissement des arbres sont multiples, notamment la qualité moindre
des sols remaniés, le changement climatique et l’utilisation accrue des parcs.
Les organisateurs de manifestations doivent mieux intégrer les recommandations
pour éviter les dégâts.
Plan d'action
Le SEVE a mis en place un plan d'action pour aboutir à un meilleur équilibre
entre la protection du patrimoine arboré, le sauvetage d'arbres dépérissant et
le besoin légitime de la population de disposer des lieux. Ainsi, des
protections pérennes vont être installées rapidement autour de 15 zones
prioritaires (9 zones pour 33 arbres au
Jardin anglais et 6 zones pour 23 arbres aux Bastions). Sous la couronne de ces
arbres, la pose de mulch permettra de limiter l'évaporation de l'eau et de
redonner plus de vie au sol, stimulant
ainsi le développement racinaire et la croissance. Ces zones protégées seront
déplacées périodiquement, selon l'état des arbres.
Dès à présent, il sera
également exigé des organisateurs de manifestations qu'ils fournissent un plan
détaillé de protection des arbres, qui devra être validé par le SEVE. Les
arbres soumis à une pression liée à la circulation des véhicules ou du public devront être
protégés individuellement, à l'aide de barrières adaptées, pour éviter le piétinement,
l'entreposage de matériel ou les atteintes dans l'entourage de l'arbre.
Contrôle des manifestations
L'implantation de certaines infrastructures lors des grandes manifestations
pourrait être ajustée et certains secteurs être entièrement préservés. Un plan
d'occupation raisonné des parcs de la Ville devra être élaboré afin d'aboutir à
une meilleure répartition des manifestations. Il s'agira de maintenir une pression raisonnable sur les
parcs, notamment en limitant les nouvelles autorisations de manifestations et leur
durée.
Pour rappel, les deux études avaient été lancées à la suite de la chute d’un pin de 180 ans en parfait état de santé aux Bastions, en mai dernier, en raison de fortes précipitations consécutives à une période de sécheresse, couplées à un mauvais état du sol. Le cèdre voisin, fortement impacté par l’incident, avait dû être abattu.